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Lettre ASAF 12/09 - Cri de détresse ou signal d'alarme


Cri de détresse ou signal d'alarme ?

Le texte d'une lettre écrite par une épouse de militaire circule depuis 48h sur internet.L'ASAF, ne pouvant identifier l'auteur - qui déclare vouloir rester anonyme -, ne publiera donc pas sur son site ce document appliquant ainsi rigoureusement la règle d'édition qu'elle s'est fixée.

Lettre ASAF 12/09 - Cri de détresse ou signal d'alarme

Cri de détresse ou signal d'alarme ?

Le texte d'une lettre écrite par une épouse de militaire circule depuis 48h sur internet.L'ASAF, ne pouvant identifier l'auteur - qui déclare vouloir rester anonyme -, ne publiera donc pas sur son site ce document appliquant ainsi rigoureusement la règle d'édition qu'elle s'est fixée.

Cependant, l'ASAF estime que les termes employés dans ce document révèlent, sous une forme inhabituelle mais directe et vraie, le malaise profond et général des armées qui pourrait  rapidement atteindre un point de rupture et se traduire brutalement par des comportements aussi graves que ceux qu'ont déjà connus les forces de sécurité intérieure.
La « coupe est pleine ». Il y a un vrai sentiment de « ras le bol ».

La méfiance

Ceux qui servent en silence les armes de la France mesurent le fossé considérable entre d'une part les déclarations élogieuses sur leurs succès opérationnels et les discours de compassion sur les sacrifices consentis et d'autre part les efforts et sacrifices budgétaires supplémentaires qu'ils doivent encore subir.

Ils ont oublié leurs illusions ; ils perdent confiance ; ils subodorent la tromperie. 

Eux qui ne cessent de se réorganiser et de réduire leurs effectifs depuis 30 ans sans rechigner, en remplissant malgré tout les missions demandées parfois avec « des bouts de ficelle » et en prenant des risques personnels considérables, ne comprennent pas et n'acceptent plus de payer pour ceux qui, en France, refusent toute réorganisation ou réforme à coup de manifestations et de grèves et obtiennent ainsi gain de cause. 

Ne plus se taire

Il faut comprendre que les soldats, marins et aviateurs qui ont vu leurs camarades tués ou blessés dans les conflits récents ne se tairont probablement plus s'ils constatent que les moyens juste suffisants qui leur ont été octroyés pour remplir leur mission, sont encore réduits.
Ils savent que ce sont leurs jeunes camarades qui paieront demain au prix du sang les lâchetés et mensonges d'aujourd'hui. 
Mieux que quiconque ils savent que les mesures d'économie proposées par les technocrates de Bercy et du ministère de la Défense se traduiront demain par des morts et des blessés.

Invoquer la situation financière très grave dans laquelle se débat  notre pays pour justifier de nouvelles coupes dans le budget de la Défense, c'est mentir par omission. C'est oublier de dire que la part du budget de l'Etat consacré à la Défense a été divisée par deux en 30 ans ; c'est oublier de rappeler que pendant cette même période la dette n'a cessé de croître !

S'opposer aux coupes sur le budget de la Défense est aujourd'hui le devoir des responsables militaires et civils, qui sont conscients de l'état réel de notre armée. Il leur faut éviter, par un silence complice, la dislocation irresponsable de notre outil militaire ; il leur faut se souvenir que le même silence des dirigeants politiques français pendant 30 ans a conduit à une dette abyssale de 1 800 milliards d'euros.

Qu'ont fait ces responsables politiques des dizaines de milliards récupérés ainsi sur le budget de la Défense ?

Aujourd'hui, plutôt que de sacrifier de manière quasi irréversible les moyens indispensables à l'Etat pour remplir son premier devoir, la classe politique dans son ensemble doit s'accorder à préserver les ressources consacrées à la Défense et proposer de réorganiser en profondeur des organismes budgétivores et souvent peu efficaces qui se sont fossilisés depuis plus d'une génération.

Il y a encore dans leurs budgets des marges de productivité que les armées n'ont plus.