ARMÉE DE L'AIR : Le défi «Soutex».

Posté le vendredi 18 novembre 2016
ARMÉE DE L'AIR : Le défi «Soutex».

Pour l’armée de l’Air, les succès du Rafale sur le marché export sont un défi majeur et une aubaine. En assurant sa mission de soutien aux exportations (Soutex), elle a répondu aux demandes très précises des états-majors égyptiens et qataris : la formation de leurs pilotes de Rafale par les aviateurs français.

Au Caire, on insiste pour multiplier les échanges et partager un maximum de retours d’expérience (Retex) des opérations en cours dans la BSS ou en «Syrak», dont l’impact aurait été déterminant dans le choix du chasseur polyvalent de Dassault. Le CEMAA doit se rendre en Egypte dans les prochains jours pour évoquer ces questions avec son homologue. Des échanges qui pourraient se faire à différents niveaux d’intensité, qu’il s’agisse des aspects opérationnels ou de maintenance. Les deux premiers batch de quatre pilotes égyptiens ont déjà été formés et la formation du troisième est en cours.

S’il s’agit, pour l’Egypte et demain pour l’Inde, de former les primo-formateurs (qui formeront par la suite leurs pilotes dans leur propre pays), la tâche est d’une autre envergure pour le Qatar, dont l’objectif est la formation de 250 aviateurs, soit l’équivalent d’un escadron qui sera livré clé en main en 2017. Il sera commandé par un aviateur français jusqu’en 2019, date à laquelle ce commandement sera transféré au Qatar. Pour l’heure, les quatre premiers pilotes de l’émirat ont reçu leur formation théorique et partent à Saint-Dizier pour la partie pratique. Mais outre les pilotes, il faudra notamment former les acteurs de l’environnement du Rafale, c’est-à-dire les spécialistes de l’armement, les maintenanciers, les moniteurs de simulateur…, souvent ab initio, les Qataris ayant essentiellement recruté des civils sans expérience aéronautique.

Cela représentera pour l’armée de l’Air près de 6 300 heures de vol, soit l’activité d’un escadron pendant un an, ou la durée de vie totale d’un Rafale ! Et mobiliser entre 50 et 100 personnels de l’armée de l’Air. Et ce, alors qu’elle est déjà au-dessus du contrat opérationnel et rencontre de réelles difficultés à former ses propres pilotes, les plus expérimentés étant très sollicités pour les Opex. Des tensions sur le capital humain accrues par la volonté que de véritables pilotes opèrent les drones toujours plus nombreux. Un plan de charge auquel s’ajoute donc désormais le Soutex. Malgré ces difficultés, déjà pointées par le CEMAA, il s’agit d’une véritable aubaine, tant pour pouvoir contribuer au financement du développement d’amélioration sur le Rafale que pour celui, sur la BA 118 (Mont-de-Marsan), de nouvelles infrastructures et outils de formation qui pourront plus tard être utilisés par les aviateurs français. Enfin, l’état-major de l’armée de l’Air réfléchit à la création d’une communauté d’utilisateurs du Rafale, sur le modèle de ce qui existe déjà pour le drone Reaper ou l’AWACS E3. Les Egyptiens devraient être les partenaires de lancement de cette «académie Rafale», qui pourrait ensuite s’étendre aux Qataris puis aux Indiens…

 

 

La Rédaction de TTU Online

Source : TTU Online