ARMÉE DE L'AIR : Situation critique. LIBRE OPINION du général d’armée aérienne André LANATA

Posté le jeudi 31 août 2017
ARMÉE DE L'AIR : Situation critique. LIBRE OPINION du général d’armée aérienne André LANATA

Livraison des Rafale


Si aucun Rafale n’est livré pendant quatre ans aux armées françaises, c’est tout simplement parce qu’il en a été décidé ainsi dans la loi de programmation militaire (2014-2019 ; note ASAF). Pour garantir les équilibres budgétaires de cette loi, extrêmement difficiles à trouver compte tenu de l’importante contrainte qui pesait en la matière, nous avons été obligés de faire des efforts extrêmement importants, notamment en recourant à l’export, je dirais en pariant sur l’export, pour garantir la continuité de fonctionnement des chaînes de production du Rafale sans être contraints de solliciter le budget de l’État français. C’est cette fenêtre blanche de quatre ans sans livraison de Rafale à la France qui explique l’arrêt de la modernisation de la flotte de l’aviation de combat française pendant cette période, à l’exception toutefois des évolutions de standard du Rafale qui se poursuivent et de la modernisation des Mirage 2000D qui débutera en 2020-2021.

Situation des avions ravitailleurs

Aujourd’hui, il n’y a pas d’opération aérienne sans ravitaillement en vol. Or, nos avions de ravitaillement en vol affichent 53 ans d’âge moyen. Commandés par le général de Gaulle et livrés entre 1963 et 1965, nos C135 commenceront à être remplacés à partir de l’an prochain, les livraisons devant s’étaler jusqu’en 2025. J’estime que nous prenons un risque excessif avec cette flotte de C135, car nous ne sommes plus en mesure de prévoir et de maîtriser les conséquences de son vieillissement sur les enjeux essentiels de la dissuasion, de projection de puissance ou de mobilité stratégique. C’est pourquoi j’appelle de mes vœux l’accélération de la cadence de livraison des A330 MRTT, qui doivent remplacer les C135.


Comparaison avec la Royal Air Force britannique (réponse aux questions)

Depuis la Strategic Defence and Security Review (SDSR), les Britanniques ont lancé une modernisation relativement rapide et ambitieuse de leurs forces aériennes, qui les place très sensiblement en avance sur nous.
- Leur flotte de ravitailleurs est neuve et ils ont déjà 14 ravitailleurs MRTT quand nous n’en prévoyons que 12 (neuf commandés seulement à ce stade) alors qu’ils n’ont pas la charge de la mission de dissuasion aéroportée.
- Ils sont en train de faire entrer en service le F-35 et auront bientôt une flotte de chasseurs composée uniquement d’avions de quatrième et de cinquième génération (Eurofighter et F35), quand la nôtre sera plutôt composée d’appareil de génération antérieure (Mirage 2000 et Rafale).
- Ils disposent de six AWACS quand nous n’en avons que quatre. Leur flotte de transport est composée d’une palette de moyens récents (C130, C17, A400M).
- Leurs moyens de surveillance surclassent les nôtres puisqu’ils alignent notamment sur le théâtre irakien un nombre de drones de surveillance de longue endurance bien supérieur au nôtre.

Bref, dans le domaine aérien, les Britanniques ont fait un effort. On entend souvent dire qu’ils sont déclassés : ce n’est pas ce que j’observe dans le domaine aérien.


Général d’armée aérienne André LANATA
Chef d’état-major de l’armée de l’Air
Extraits de l’audition du 19 juillet 2017 par la commission de la Défense
(Assemblée nationale)
Source : www.asafrance.fr

Source : www.asafrance.fr