ASAF : Audition du Président de l'ASAF devant la Commission de la Défense Nationale le 15 octobre 2014

Posté le mercredi 22 octobre 2014
ASAF : Audition du Président de l'ASAF devant la Commission de la Défense Nationale le 15 octobre 2014

De par sa composition civilo-militaire et ses statuts, l’ASAF soutient l’armée et estime qu’il n’y a pas de solution de continuité, pas de rupture, entre les soldats d’hier et ceux d’aujourd’hui, entre les anciens combattants et les combattants actuels.

Elle exprime son accord avec les remarques qui viennent d’être formulées par les associations qui se sont exprimées avant moi en particulier sur les questions relatives aux blessés, sur la refonte du code des pensions militaires d'invalidité (PMI) et sur l’avenir de l’Institution militaire des Invalides (INI) qui ont été présentés par le général de La Presle. Elle marque sa satisfaction quant aux conditions d’attribution de la carte du combattant.

Malgré les assurances répétées, elle maintient sa vigilance sur le maintien de la retraite mutualiste du combattant.

L’ASAF souhaite aborder deux points: la mémoire et le lien entre l’armée et la nation

  1. Mémoire :

Les commémorations passées :
Elle regrette que dans les cérémonies du centenaire, les mots de courage, sens du devoir, patriotisme, abnégation aient été souvent occultés par des termes comme boucherie.
Il est dommage que lors du 6 juin, la France n’ait pas davantage mis en avant le rôle fondamental que les Français y ont joué notamment en recueillant et transmettant les innombrables renseignements très précis indispensables au succès du débarquement ;
A titre personnel et sur un plan historique, j’avoue ne pas avoir compris les raisons de l’internationalisation du 14 juillet 2014. Fallait-il en faire un hymne à la paix à la veille du centième anniversaire de l’entrée en guerre ? Ne fallait-il pas privilégier la notion d’union sacrée des Français?
Enfin pour la journée nationale d’hommage aux harkis, il faudrait tout de même rappeler sans ambiguïté que si la France doit assumer ses responsabilités, les 50 000 hommes, femmes et enfants qui ont été massacrés dans des conditions atroces à la fin de la guerre d’Algérie, l’ont été par le FLN.
A propos de l’Algérie, l’ASAF souhaite bénéficier du soutien des autorités et de l’Administration françaises dans l’action que va relancer un de ses membres pour participer à l’identification des 600 soldats français disparus au cours de la guerre d’Algérie et qui demeurent une blessure ouverte pour leurs familles.

Pour l’année à venir (2015):

J’ai noté que si l’on continuait à célébrer le centième anniversaire de la Grande Guerre, le thème central était la paix avec la capitulation allemande, sans oublier celle des japonais en septembre 1945.
Mais est-il judicieux de centrer notre mémoire sur le thème de la paix, alors que le la deuxième guerre mondiale s’est poursuivie sous la forme de la « guerre froide » contre un autre totalitarisme tout aussi meurtrier que le nazisme, au moins pour les populationsqui subissaient les régimes communistes.
Aujourd’hui, la France combat un nouveau totalitarisme : le djihadisme islamique et nous savons que la meilleure façon de défendre la paix est sans aucun doute de se donner les moyens de vaincre cet ennemi à la fois multiforme et fanatique.
Enfin, 2015 sera l’année de l’entrée au Panthéon des corps de 4 personnes. Si trois d’entre elles font l’unanimité, la quatrième est rejetée par un grand nombre d’associations qui n’ont d’ailleurs jamais été associées à ce choix. L’ASAF estime qu’il est inopportun de faire rentrer Jean Zay pour diverses raisons qu’il n’est pas possible de développer ici. En revanche elle pense que le nom d’un jeune résistant de 20 ans, garçon ou fille, mort pour la France dans la lutte contre les allemands aurait tout son sens et donnerait a cette cérémonie au Panthéon une dimension nouvelle impliquant les jeunes générations. Nous ne manquons pas de jeunes héros pendant cette période et ceux-ci dans le temps présent sont de nature à rassembler les Français et non à exacerber nos divisions. J’ai déjà ici cinq noms de jeunes, aux vies courtes mais exemplaires, qui seront proposés.

2- Le lien armée nation

Tout le monde constate que si plus de 80% des Français ont confiance dans leur armée, très peu la connaissent. La suspension du service national est loin d’en être la seule cause. Les raisons sont nombreuses :
Les reportages sur nos forces dans les médias télévisuels sont quasi inexistants ;
Les opérations extérieures sont d’autant plus complexes que les buts de guerre ne sont guère explicités;
L’armée continuellement amputée et paupérisée, est de moins en moins visible ; rappelons que plus d’un tiers des départements n’ont plus de garnison. Elle est maintenue dans un silence d’un autre temps. Quels sont les Français qui ont entendu ou vu le chef d’Etat major pourtant à la tête de 250 000 soldats français dont près de 10 000 engagés dans des opérations de guerre ?

A cet égard, je me permets d’insister sur le malaise grandissant qui ronge de notre armée. Elle a le sentiment d’être excessivement pressurée, et, au regard de ce qui se passe dans les autres institutions, elle se demande, à contre cœur, si la syndicalisation n’est pas, en désespoir de cause et de manière paradoxale, l’ultime moyen pour que cesse la dislocation de l’institution militaire et pour éviter que les conditions de vie et de travail ne se détériorent encore davantage.

Pour terminer je reprendrai la conclusion de la dernière lettre mensuelle de l’ASAF qui vous a été adressée aujourd’hui et qui se trouve dans votre boite mél :
« Le haut commandement se doit donc d’intervenir avec force et clarté pour que les Français prennent conscience de la gravité de la situation, faute de quoi ceux-ci la découvriront lors d’évènements graves, dont la résolution nécessitera alors, une armée robuste et disciplinée qu’ils n’auront plus ! »

Je vous remercie

 

Source : Assemblée nationale