ASAF : Réaction du président de l'ASAF Henri PINARD LEGRY en réponse à l'article mettant en cause l’association par Monsieur CHAPLEAU paru le 2.11 sur le site de Ouest-France.

Posté le jeudi 05 novembre 2015
ASAF : Réaction du président de l'ASAF Henri PINARD LEGRY en réponse à l'article mettant en cause l’association par Monsieur CHAPLEAU paru le 2.11 sur le site de Ouest-France.

 

Dans le récent article (ci-dessous) paru sur son blog Lignes de défense - Ouest France, Monsieur Chapleau met assez curieusement en cause le général (2s) Vincent Desportes et l’ASAF.

Le journaliste reconnaît la justesse du diagnostic posé par le général Vincent Desportes sur l’insuffisance des moyens consacrés à la Défense dans son livre « la dernière bataille de France », et que partage depuis de nombreuses années l’ASAF (cf. les lettres de l’ASAF disponibles sur son site http://www.asafrance.fr/analyses/lettres-asaf.html). Mais monsieur Chapleau aurait souhaité que le général Desportes et l’ASAF proposent les mesures budgétaires à prendre pour financer ce budget.

 

 

 

L’ASAF rappelle que :

  • la France, membre de l’OTAN, s’est engagée à consacrer 2% de son PIB (hors pension) à sa défense. Elle en consacre aujourd’hui 1,5%. Elle doit donc respecter ses engagements faute de quoi, elle perd sa crédibilité notamment aux yeux des Américains et des Anglais qui, eux,  respectent cet engagement ;
  • la France consacrait près de 3% de son PIB en 1980, malgré les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979.

 

L’ASAF constate que :

  • pendant que le budget de la Défense passait de 3% du PIB (en 1980) à 1,5% (aujourd’hui), la dette n’a cessé de croître. La réduction de la part du budget consacrée à la Défense n’a donc pas contribué à réduire le déficit, loin s’en faut ;
  • de plus la France continue à bâtir son budget en déficit. En 2016, la France, en construction budgétaire, prévoit de dépenser 70 milliards de plus que les recettes escomptées. Les intérêts de la dette payés en pure perte  s’élèvent annuellement à 50 milliards d’€, soit plus d’une fois et demi le budget actuel de la Défense.

 

L’ASAF estime que :

  • s’il est de son devoir d’informer nos concitoyens et de dénoncer les incohérences entre les buts affichés et les moyens consentis aux armées en raison de son expertise reconnue, il est en revanche du ressort exclusif des dirigeants politiques de définir les priorités budgétaires. L’ASAF n’a ni la légitimité, ni la compétence pour proposer les redéploiements budgétaires à effectuer ;
  • en déclarant  que  « la France est en guerre », le Premier ministre se doit de consacrer les moyens nécessaires pour la gagner;
  • les dépenses de « l’Etat providence » qui se sont  considérablement accrues ces dernières décennies, devront inévitablement diminuer afin de renforcer celles de « l’Etat régalien », aujourd’hui trop faibles, pour lui permettre de  faire face aux menaces actuelles et futures qui se développent.

 

 

Henri PINARD LEGRY
Président ASAF

 

 

 

 

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 Déprogrammation militaire et déclassement des élites

            Le Général Desportes rouvre le feu

                         (Article de Philippe CHAPLEAU)

 

 

 

Vincent Desportes, dans son dernier livre, cite le maréchal de Saxe: "la plupart, faute de savoir faire ce qu'il faut, font ce qu'ils savent" (p. 108).

La formule du maréchal s'applique parfaitement à l'auteur de "La dernière bataille de France". Le général Desportes, "faute de savoir faire ce qu'il faut" pour sauver la France et son armée, fait ce qu'il sait faire: vitupérer. Et il le fait bien, comme à son habitude.

Ceux qui n'auraient jamais entendu ou lu Vincent Desportes trouveront son propos pertinent et percutant (et il l'est); mais ceux qui connaissent la thèse du général (la France n'est plus défendue) refermeront son livre en s'interrogeant: "Et maintenant?".

Certes, on ne peut qu'adhérer au constat du général sur l'effondrement des capacités militaires de la France et sur un budget de la Défense anémié, "passé au-dessous du seuil de suffisance".

Certes aussi, comme il l'écrit, nos armées s'épuisent: les hommes, trop peu nombreux, sont trop sollicités, les matériels, vieillissants, sont à bout de souffle.

Certes encore, "l'armée bonsaï" dont parle le général n'est pas un risque mais une réalité: l'armée française est bien "une armée miniature, une armée modèle réduit".

En revanche, on aurait bien aimé en savoir davantage sur les solutions à concevoir pour refinancer la Défense. Or l'auteur estime que "le problème des armées n'est pas un problème financier".

Ces postes budgétaires "moins vitaux" auxquels Vincent Desportes fait allusion, quels sont-ils? Le rétablissement du budget de la Défense à hauteur de 3% du PIB nécessite un "effort marginal complémentaire", mais au détriment de qui? De l'Education, de la Santé..., que le général Desportes ne cite pas parmi les domaines consubstantiels de l'Etat (p. 189)?

Et lorsqu'il est interrogé sur "le budget militaire idéal" (dans les Echos du 27 octobre), l'auteur ne répond pas. Sa posture est, à cet égard, totalement en phase avec celle de l'ASAF qui, incessamment, avertit du danger d'affaiblir nos armées et réclame des efforts budgétaires, mais refuse de penser "en termes de trésorerie".

Finalement, que le général Desportes continue de jouer les Cassandre! Qu'il continue de gommer "l'excès de déférence" de la plupart de ses camarades d'active dont il regrette qu'ils ne relèvent pas l'échine! Qu'il défende avec toujours autant de cœur cette armée qui constitue l'un des piliers de la République assailli par ce cartel de lâches, de dilettantes et d'incompétents qu'il débusque dans toutes les couches de la société française.

Pour le reste, pour la réussite de la "réforme du modèle économique et social français" et le succès du "redéploiement de la dépense publique" que le général Desportes appelle visiblement de tout cœur, qu'il accepte de s'allier aux autres esprits éclairés pour tenter d'en inventer les mécanismes salvateurs. A moins que, comme le Maréchal de Saxe, dans une lettre au comte de Maurepas, datée du 15 mai 1748, il ne concède: "Je n'entends rien à la finance".

Source : ASAF