COURAGE, ENTHOUSIASME et HUMOUR….. telles sont les qualités qui font de bons chefs, selon le général de Villiers

Posté le lundi 01 décembre 2014
COURAGE, ENTHOUSIASME et HUMOUR….. telles sont les qualités qui font de bons chefs, selon le général de Villiers

Laurent Lagneau, le 30-11-2014 – Zone Militaire – opex360.

Avec l’actualité très riche de ces derniers mois, le discours prononcé par le général Pierre de Villiers, le chef d’état-major des armées (CEMA), lors de l’ouverture de la session nationale de l’École de guerre, en septembre dernier.

Après avoir brossé, sans concessions, les difficultés auxquelles les forces armées doivent faire face dans un contexte international compliqué (il parle de « tumulte du monde »), le général de Villiers a donc abordé, dans la troisième partie de son propos,  les qualités qu’il attend chez les officiers.

Face à un mur, il y a deux attitudes possibles : être fataliste et s’asseoir en attendant qu’il tombe ou bien tout faire pour le franchir. Inutile de préciser que le CEMA préfère la seconde! Et pour lui – ce n’est pas un lieu commun mais c’est ce qu’il a dans les « tripes » – les officiers doivent faire preuve de courage et d’enthousiasme. « Je crois en effet qu’il y a peut-être beaucoup de gens intelligents, mais qu’il n’y a pas assez de chefs charismatiques! », a-t-il lancé.

Du courage, donc. « C’est la qualité première de l’officier, c’est la colonne vertébrale des futurs véritables hauts potentiels », a affirmé le CEMA. Mais qu’est ce que le courage, à ses yeux?

« Le courage, c’est celui de commander, c’est-à-dire de réfléchir, de décider, d’expliquer, de fédérer et enfin d’assumer ses responsabilités. C’est distinguer l’essentiel de l’accessoire et s’y concentrer », a expliqué le général de Villiers. « Trop souvent, on gère les problèmes. Ils ne doivent pas être ‘gérés’, ils doivent être résolus! », a-t-il ajouté, en reprenant la célèbre citation du maréchal Leclerc : « Ne me dites pas que c’est impossible! ».

Être courageux, pour le CEMA, c’est aussi « savoir se remettre en question ». Et pour lui, sortir de l’École de guerre « n’est pas une fin en soi ». « Continuez donc à progresser, à sortir des chemins battus, des idées toutes faites. Refusez l’objection du ‘cela s’est toujours fait comme ça’! », a-t-il poursuivi. « Vous n’avez pas droit à la médiocrité! », a-t-il encore lancé aux stagiaires. Et pour ne pas être médiocre, il faut travailler afin de « ne pas être demain désarmé lorsqu’il s’agira de prendre position et de défendre » un « point de vue ».

Il s’agit pour les officiers d’aller « au fond des choses », de « méditer l’histoire car elle constitue un immense capital d’expérience », de « consolider » leur « pensée stratégique » et de réfléchir sur les valeurs militaires. « Je crois que l’identité militaire est le capital de l’institution militaire. Refusez la banalisation du métier militaire », a dit le général de Villiers, qui a aussi demandé aux stagiaires de « résister à l’arrogance et aux certitudes toutes faites ».

Un autre point sur lequel le CEMA a insisté est la cohésion. « Elle n’est possible que lorsqu’on reconnaît en vous des qualités de coeur. Soyez vous-même, soyez de vrais chefs, des chefs vrais », a-t-il affirmé. « Aimez vos subordonnés. Ils vous le rendront », a-t-il poursuivi.

L’autre qualité que le général de Villiers attend des officiers est l’enthousiasme. « Des chefs tristes sont des tristes chefs », a-t-il avancé. « Aimez le métier militaire à la passion », a-t-il lancé, en reprendant un citation du Prince de Ligne. « Je ne vous demande pas de faire preuve d’un enthousiasme de façade, mais bien d’un enthousiasme de conviction », a-t-il ajouté, précisant qu’il doit « trouver son expression à l’intérieur comme à l’extérieur de nos armées ».

Pour le CEMA, être enthousiaste, c’est être « combatif face à l’adversité », faire « preuve d’imagination, d’esprit d’innovation et de pragmatisme ». « Je compte donc sur vous, non pas pour être de bons élèves, sages, méticuleux et bien lisses, mais pour être des officiers de caractère, déliés, incisifs, sans complexe, iconoclastes au besoin. Cela dans la perspective de pouvoir aider aux décisions et aux choix à venir, dans le contexte si délicat que je vous ai décrit », a-t-il expliqué.

Cet enthousiasme doit aussi servir à faire rayonner les armées. « Dans vos nouvelles affectations, vous aurez l’occasion de côtoyer et de travailler avec d’autres décideurs que les seuls chefs militaires. Je vous demande d’être, auprès d’eux, des ambassadeurs des armées », a déclaré le CEMA. « Ne rêvons pas, si nous ne témoignons pas, si nous n’expliquons pas ce que nous faisons et comment nous le faisons, personne ne le fera à notre place. Il faut donc se faire connaître et se faire comprendre. L’esprit de défense se construit avec nos concitoyens et non à côté », a-t-il fait valoir.

Courage, enthousiasme… une troisième qualité est tout aussi essentielle que les deux autres aux yeux du général de Villiers. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il s’agit de l’humour, « cet anti-virus de la vanité ou de l’orgueil, cette distance que vous créez avec la réalité de la vie et qui relativise votre importance », a-t-il dit. « Vous allez être brevetés de l’Ecole de guerre : ne vous prenez pas au sérieux », a-t-il demandé aux stagiaires. « ‘Vous êtes commandés par des cons’, patience votre tour viendra! Souriez, riez : c’est indispensable à la santé et souhaitable dans la difficulté », a-t-il conclu.

Source : Zone Militaire-opex360