De la parole aux actes.LIBRE OPINION de Paul RIGNAC

Posté le lundi 02 octobre 2017
De la parole aux actes.LIBRE OPINION de Paul RIGNAC

Le président de la République et le gouvernement répètent à l’envi que la sécurité et la lutte contre le terrorisme sont des priorités nationales. Dont acte. Alors, par curiosité, regardons les choses par le petit bout de la lorgnette, sur le terrain où l’on est en prise directe avec la réalité du quotidien, loin des déclarations fracassantes et des coups de menton de Monsieur "Je suis l’chef".

 
Entrons dans une petite unité de gendarmerie située dans la banlieue d’une grande ville. Loin des belles déclarations d’intentions du gouvernement, le chef d’unité vient d’apprendre, en ce début septembre, que son budget mensuel est subitement réduit de 8 %, rabotage qui n’est pas compris dans la coupe budgétaire drastique à l’origine de la démission du général de Villiers. C’est une possibilité que se réserve Bercy, mais cela n’a jamais été appliqué à la gendarmerie. Il y a un début à tout, surtout si les circonstances s’y prêtent…
Un officier explique avec flegme et résignation que 8 %, c’est presque la moitié de la marge de manœuvre qui lui reste pour faire fonctionner son unité une fois que les salaires ont été payés. La nouvelle coupe budgétaire devrait donc limiter considérablement les capacités d’action de nos gendarmes. Seulement, comme ce sont des hommes de devoir prêts à tous les sacrifices, ils vont trouver les moyens d’assumer leurs tâches sans un sou vaillant. Les trois véhicules de la compagnie sont en panne au garage ? On ne peut plus payer les réparations ? On fera les patrouilles à pieds. Il reste une ramette de papier à imprimante pour tenir jusqu’en 2018 ? On se débrouillera. Et ainsi de suite.
 
Mais surtout, on va être obligé de faire des coupes sombres dans certains secteurs comme l’emploi de la réserve opérationnelle. Annoncée à grand fracas de communication, entrainée et formée à grands frais, cette réserve regroupe des jeunes gens courageux qui donnent plusieurs journées de leur temps chaque mois pour seconder la gendarmerie dans toutes ses tâches : antiterrorisme, contrôles routiers, prévention et répression de la délinquance, convoyage de détenus etc. Eh bien, faute de crédits pour employer ces réservistes, ou plutôt à cause des coupes budgétaires subites, il va falloir geler ce beau projet. Cette "Garde nationale" dont on nous a tant vanté les mérites, on ne veut plus la payer ni l’équiper. Alors, on l’abandonne au milieu du gué sans avoir prévenu personne. Que d’énergies, de bonnes volontés, de compétences, de sacrifices, d’investissements ainsi gaspillés ! Que de missions importantes, voire vitales, reportées aux calendes grecques !
 
Ma génération a grandi aux échos d’un certain "Je vous ai compris", suivi d’actes exactement contraires à ce que les mots pouvaient laisser croire. Mais n’est pas Charles de Gaulle qui veut, et surtout, l’abandon qui se dessine aujourd’hui à travers ces coupes budgétaires irresponsables ne concerne pas l’autre côté de la Méditerranée, mais le territoire métropolitain. L’étau se resserre. C’est comme cela que l’on prépare la défaite face au terrorisme, à l’embrasement des banlieues ou aux mutineries des prisons. Certains, comme Bazaine en 1870, auront des comptes à rendre devant la Nation et devant l’Histoire.

 

 Paul RIGNAC
(Magistro)

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