DEFENSE : le crépuscule budgétaire

Posté le jeudi 19 mars 2015
DEFENSE : le crépuscule budgétaire

Par François CORNUT-GENTILLE  - Article dressé par Jean-Claude Tourneur

Hier, Jean-Yves Le Drian a présenté son agenda 2015 de ministre de la défense (et non de celui de candidat putatif aux régionales en Bretagne) : un agenda particulièrement chargé fait de commandes d’équipements, d’engagements des forces, d’inauguration de Balard et de révision de la loi de programmation militaire avec notamment un coup de frein à la réduction des effectifs.

Du pain sur la planche pour le locataire de l’hôtel de Brienne. Mais de quelle couleur va être ce pain ? Le ministre le dit blanc ; de nombreux observateurs le présentent plus volontiers comme noir. Pourquoi une telle différence d’analyses ?

L’argent, nerf de la guerre, est le grand absent des propos du ministre hier. Alors que depuis plusieurs mois Bercy et la défense s’entredéchirent sur la réalité des crédits alloués en 2015 aux forces armées, le ministre fait comme si tout était réglé. Faux comme le confirment les propos de Michel Sapin en réponse à une question d’actualité de François Cornut-Gentille la semaine dernière. Pourquoi un tel aveuglement de la part du ministre de la défense qui mène droit au crépuscule budgétaire ?

Afin de l’aider à revenir à la réalité, il est bon de lui rappeler les propos tenus par Gilbert Le Bris, député PS breton, lors de l’examen de l’amendement sur les sociétés de projet, le 12 février dernier :

« la création de ces sociétés de projet est un pis-aller et on peut espérer qu’il ne s’agit là que d’une solution transitoire. En tous les cas, c’est une façon de respecter totalement la loi de programmation militaire, de la sanctuariser, de la respecter, de la valider, de faire en sorte qu’elle ne fasse plus l’objet d’aucune discussion. Néanmoins, cela ne doit pas nous dispenser d’une réflexion sur la loi de programmation militaire et sur les moyens financiers nécessaires pour arriver à faire une loi de programmation militaire qui respecte la signature qu’a apposée le chef de l’État lors du sommet de l’OTAN au Pays de Galles au mois de septembre 2014. Il a alors validé le fait que les vingt-huit pays de l’OTAN devaient très rapidement consacrer 2 % de leur PIB au budget de la défense et 20 % de celui-ci à la recherche et développement et aux investissements. Or, si l’on consacre bien 20 % de nos dépenses militaires à la recherche et développement et aux investissements, en revanche, on ne respecte pas, à l’heure actuelle, la règle relative aux 2 % du PIB. Il faut donc, lors du vote de la prochaine loi de programmation militaire, que nous nous donnions pour objectif de respecter l’engagement pris par le chef de l’État lors du sommet du Pays de Galles. Nous devons faire les efforts financiers nécessaires, parce qu’il ne suffit pas de dire que l’on est en guerre contre le djihadisme, il faut aussi s’en donner les moyens et donner les moyens à nos militaires d’intervenir comme ils le font avec brio, non seulement sur notre flanc sud, mais aussi sur le flanc est, où de nouvelles menaces pèsent désormais. ».

Même dans son propre camp, le ministre de la défense compte des personnes en proie au doute !

François CORNUT-GENTILLE