ARMEMENT - DRONE MALE RPAS : Le premier programme à bénéficier du fonds européen de la Défense ?

Posté le lundi 07 août 2017
ARMEMENT - DRONE MALE RPAS : Le premier programme à bénéficier du fonds européen de la Défense ?

Lors de la présentation des résultats semestriels de Dassault Aviation, le 26 juillet, Eric Trappier a fait part de sa volonté de faire bénéficier le projet de drone MALE RPAS du fonds européen de la Défense.

Il avait déjà exprimé ce souhait lors de son audition devant la Commission de Défense, où il représentait les intérêts du GIFAS. « Ce programme pourrait être une première application de l'abondemment du fonds européen qui est en train de se mettre en place, sous réserve d'approbation du Parlement Européen », avait-il déclaré le 25 juillet devant la Commission de Défense. Toujours en phase d'étude de définition, le drone MALE RPAS (medium altitude long endurance remotely piloted aircraft system) pourrait entamer sa phase de développement en 2018. Cette même année, le Parlement européen et le conseil pourraient adopter « la proposition de règlement concernant un programme européen de développement industriel dans le domaine de la Défense », rapporte l'Union Européenne. Le programme serait alors déclaré opérationnel en 2019.

Les calendriers de deux projets européens semblent correspondre. Le drone MALE RPAS apparait comme une première illustration de cette ambition européenne qui souhaite faire émerger des synergies entre les Etats Membres et les pousser à une coopération.

Le projet européen de drone MALE RPAS réunit plusieurs entreprises européennes, à savoir Airbus Defence and Space, Dassault Aviation et Leonardo Finmeccanica. Quatre Etats Membres sont impliqués dans le développement de ce projet : la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. « Ce programme coopératif contribuera au leadership de l'industrie européenne dans le domaine stratégique des drones de surveillance », a annoncé Eric Trappier.

Selon les présentations faites par Dassault Aviation, ce projet répond entièrement aux attentes du fonds européen de Défense : « outre le fait de répondre aux besoins des forces armées européennes, il prendra en compte la nécessité d'optimiser les ressources budgétaires en fédérant le financement des coûts de recherche et développement ».

En 2016, la Commission Européenne a imaginé un fonds européen de la Défense « en vue d'aider les Etats Membres à accroître l'efficacité de leurs dépenses dans les capacités de défense communes, à renforcer la sécurité des citoyens européens et à promouvoir une base industrielle compétitive et innovante ». Afin de développer des technologies innovantes, l'objectif de l'UE repose sur une mise en commun des ressources et des savoir-faire des Etats Membres. La coopération permettra la compétitivité et une utilisation intelligente des capacités financières et industrielles.

Le fonds européen de la défense comprend deux dimensions. La première repose sur la recherche dans le but de « financer la recherche collaborative ». Pour 2017, 25 millions d'euros ont été débloqués. Cette somme se veut en évolution, avec l'objectif d' « atteindre 90 millions d'euros d'ici à 2020 ». Le prochain plan financier de l'UE débutera en 2020. A partir de cette année « la commission à l'intention de proposer un programme de recherche consacré à la Défense et doté d'un budget annuel estimatif de 500 millions d'euros ».

La seconde dimension vise à mettre en place des programmes d'acquisition communs. Dénommé « capacité », ce volet « servirait d'instrument financier permettant aux Etats Membres participants d'acquérir certains biens tout en réduisant les coûts ». 5 milliards d'euros par ans pourraient être débloqués pour permettre de lancer cette initiative.

L'Union Européenne définit plus largement les ambitions de ce fonds. Ainsi, il « coordonnera, complètera et renforcera les investissements nationaux dans la recherche en matière de Défense, le développement de prototypes et l’acquisition d'équipements et de technologies de défense ». Afin de bénéficier de l'abondement européen, les projets devront impliquer « au moins trois entreprises d'au moins deux Etats Membres », définit l'Union Européenne.

Ce fonds, au-delà de renforcer la position européenne et les synergies, devrait permettre des économies. Selon les premières estimations, les dépenses de défense pourraient être réduites de 30%. La mise en commun évitera, entre autre, les redondances dans les dépenses des Etats Membres.

Le développement de technologies communes permettra une meilleure interopérabilité entre les forces de l'Union et facilitera leur coordination sur les théâtres d'opération.

Ce fonds européen de la Défense s'inscrit dans le cadre du plan d'action européen de la Défense, porté de le président Juncker. Ce projet contient également un volet de soutien aux PME, start-up et autres entreprises impliquées dans la Défense. Enfin, il vise à soutenir le développement d'un marché européen. « La commission renforcera les conditions propices à un marché de la Défense ouvert et compétitif », rapporte l'Union Européenne.

Le MALE RPAS sera « dédié aux missions de renseignement, surveillance, ciblage et reconnaissance (ISTAR) », rapporte Dassault Aviation.

La phase d'étude de définition lancée en 2016 court sur deux ans. Dassault espère pouvoir mener le « vol inaugural d'un prototype début 2023 », suivi d'une première livraison deux ans plus tard.

Source : Air et Cosmos