Focus sur la garde nationale : Garde nationale ? Réserve ? Quelle est la différence ? LIBRE OPINION de Christina MACKENZIE

Posté le mardi 03 octobre 2017
Focus sur la garde nationale : Garde nationale ? Réserve ? Quelle est la différence ? LIBRE OPINION de Christina MACKENZIE

Suite à un petit-déjeuner ce matin avec le général de division Gaëtan Poncelin de Raucourt, secrétaire général de la garde nationale, FOB peut vous éclairer, et ce quelques jours avant le 1er  anniversaire de la garde nationale. En effet, celle-ci a été officiellement créée par le décret n°2016-1364 le 13 octobre 2016 avec le triple objectif de renforcer les armées, la police nationale et la gendarmerie ; répondre au besoin d’engagement de la part des jeunes notamment après les attentats de 2015 ; et contribuer à la cohésion et à la résilience nationale.

En fait, il n’y a pas de différence entre « garde nationale » et « réserve », simplement  la garde nationale est le « toit » sous lequel se trouvent les réservistes des armées de Terre et de l’Air, de la Marine, de la Gendarmerie et de la Police nationale. Les gardes nationaux, ou réservistes, les termes sont interchangeables, sont pleinement intégrés dans l’active, ils n’ont pas de signes distinctifs et n’ont pas de mission en propre mais s’inscrivent dans les missions des Armées, de la Gendarmerie et de la Police.

Même si ces civils se considèrent encore aujourd’hui comme des « réservistes » l’objectif de Poncelin de Raucourt et que d’ici quelques années ils se considèrent plutôt comme des gardes nationaux. Il s’explique : « Le terme ‘garde nationale’ donne la notion de l’emploi tandis que le terme ‘réserviste’ donne l’idée d’un non emploi : ‘je réserve quelque chose’ veut dire que je le mets de côté, que je ne m’en sers pas, et c’est cette idée du ‘non-emploi’ qui prévalait dans l’esprit public. » Loin du non-emploi au contraire, chaque réserviste aura eu en moyenne 35 jours d’activité en 2017, trois de plus qu’en 2016.

Environ 10 % des 69 349* hommes et femmes de la garde nationale, 7 300 très précisément, sont employés tous les jours, dont environ 1 000 sur des missions de protection. Parmi eux, l’équilibre du tiers est maintenu entre les réservistes des Armées, de la Gendarmerie et de la Police nationale. L’objectif du général est que d’ici la fin 2018 le nombre de réservistes atteigne 85 000 dont 9 250 seraient employés chaque jour.

La première décision qu’un futur garde national doit prendre est de décider s’il veut s’engager dans les Armées, pour la Gendarmerie ou pour la Police. Le site web de la garde-nationale le guide d’après ses réponses à quelques questions simples.
Si c’est une des Armées, il doit choisir ensuite son régiment. Après une formation exigeante de 15 jours il deviendra ensuite membre de la réserve opérationnelle d’engagement (RO1), ou la réserve civil de la police. Tous reçoivent une rémunération liée à leur mission : en moyenne 1 815 € nets par an non-imposable. Mais cela peut monter vite. Un retraité par exemple, touchera 4 570 € pour 46 jours de réserve, un demandeur d’emploi 3 080 € pour 47 jours, un étudiant 1 520 € pour 31 jours et un actif 1 100 € pour 23 jours.

Tous ceux qui ont un passé militaire remontant à moins de cinq ans sont automatiquement inscrits dans la RO2. Ce vivier compte 67 572 anciens militaires et 26 289 anciens gendarmes. Le général Poncelin de Raucourt se félicite que la garde nationale est « sur un élan très fort » et surtout que « la jeunesse est au rendez-vous ». D’après lui « il n’y a pas de difficultés de recrutement, car nous avons entre 40 et 50 candidats par jour, dont plus d’un tiers a moins de 30 ans ». Il explique aussi « qu’il y a un nouveau regard sur la garde nationale, non seulement de la part des militaires d’active « qui se rendent compte qu’ils en ont besoin » (le militaire qui a abattu le terroriste dans la Gare St Charles de Marseille le 1er octobre était un garde national), mais aussi de la part des entreprises « qui, avant, ne voyaient que les contraintes d’avoir des employés réservistes mais qui, aujourd’hui, voient les plus-values ».

Pour ce dire Poncelin de Raucourt s’appuie sur les résultats d’une enquête qu’il a mandaté auprès du cabinet de conseil Goodwill-management afin de mener une étude sur la «performance économique du réserviste opérationnel des forces armées et formations rattachées en vue de sa valorisation pour la société, pour l’intéressé et pour l’employeur ». Cette enquête auprès de 4 400 réservistes âgés entre 20-65 ans (dont 62 % d’actifs, 15 % de retraités, 17 % d’étudiants et 6 % de demandeurs d’emploi) et de 200 entreprises a fait ressortir que « le réserviste améliore la performance des entreprises » car ils ont une meilleure productivité et sont en meilleure santé (la durée moyenne des congés maladie posés par le salarié-réserviste est de trois jours par an contre 18 jours pour le salarié non réserviste !). Si le coût des départs en mission des réservistes pour l’entreprise est estimé à 35M € en 2016, les bénéfices générés par leur meilleure productivité (94M €) et les coûts évités dus à leur bon état de santé (34M €) laissent des gains de performance de 93M€.

Alors, chefs d’entreprise, encouragez vos employés à devenir gardes nationaux, vous ne serez que gagnant !

 

Christina MACKENZIE
(FOB)
2 octobre, 2017

Source de diffusion : www.asafrance.fr

 

 

* les chiffres sont ceux arrêtés le 31 août 2017 Parmi ces 69 349 : 35 272 dans l’armée de terre, l’armée de l’air et la marine 29 104 dans la gendarmerie 4 973 dans la police

Source : www.asafrance.fr