Le Patroller, futur drone de l'armée de Terre.

Posté le jeudi 24 mars 2016
Le Patroller,  futur drone de l'armée de Terre.

Le contrat “système de drone tactique” (SDT) remporté par le Patroller, en cours de signature, a d’abord été un choix technique lié aux performances de la plate-forme de Sagem.

L’armée de Terre recevra 14 drones et 5 stations sol, la livraison du premier système étant prévue dans trente mois. Ce nouveau système élargira l’éventail des capacités du 61e Régiment d’artillerie bien au-delà du ciblage, la principale mission des Sperwer actuellement en service. 

Le Patroller permettra le soutien et la collecte de renseignement au profit des troupes au contact, la reconnaissance de zone avant déploiement, l’identification des cibles d’intérêt pour l’artillerie, le “battle damage assessement” (BDA). Mais aussi la surveillance de route et de convois à moindre coût, une mission aujourd’hui effectuée par les Reaper et Harfang de l’armée de l’Air. Il sera opéré, à la demande de l’armée de Terre, depuis un shelter à cinq places, même si la station sol peut fonctionner avec un minimum de trois opérateurs. Sa liaison de données haut débit (25MB/sec) en mode Line of Sight (LOS) permet la réception de trois flux vidéos simultanés (infrarouge, imagerie HD, caméra pilote…) à une portée de 200 km. Celle-ci pourra atteindre 550 km en déployant une station relais mobile sur camion (concept de Hand Over). Grâce à la tablette tactique militarisée RVT (déjà utilisée sur Sperwer), les unités déployées pourront recevoir directement le flux d’imagerie du drone.

La configuration classique du Patroller de l’armée de Terre comprendra un double emport boule optronique et radar SAR/GMTI. La boule optronique de Sagem sera une version avancée de l’Euroflir 410 SP, à la puissance de grossissement supérieur (focale du télescope de 1 800 mm contre 1 000 mm actuellement) et intégrant un désignateur laser. Le pod COMINT (à l’heure actuelle fourni par Selex), prévu dans une tranche complémentaire du contrat, sera disponible pour emport dès 2019.

Non prévu dans l’appel d’offres mais intéressant les militaires, l’armement du drone ne posera pas de problèmes techniques majeurs : il s’agira probablement d’un missile léger d’une portée de 7 à 8 km. L’utilisation de pods de roquettes, tirées à très courte portée, sera plus compliquée du fait des limites de manœuvrabilité du drone. Au-delà de son utilisation en opex, le Patroller intéresse l’armée de Terre pour les opérations sur le théâtre national. D’abord parce que la possibilité de le piloter permettra, au besoin, de ne pas être soumis aux restrictions de vol ou aux zones réservées prévues par la réglementation européenne. Mais aussi parce qu’il pourra utiliser le dispositif existant de fibre optique pour connecter un réseau d’antennes propres (Ground Relay Network) pour son guidage et ses liaisons de données en temps réel, avec à la clé près de 1 250 km de rayon d’action. De quoi susciter l’intérêt de la Police (surveillance des foules) et des pompiers (lutte contre les incendies). La Marine nationale s’intéresserait aussi au Patroller, capable d’emporter un radar multimode maritime en lieu et place du SAR/GMTI, pour des missions de patrouille maritime. Si son utilisation depuis un BPC est très improbable (piste trop courte), elle pourrait être envisagée depuis le “Charles-de-Gaulle”, moyennant quelques adaptations en termes de configuration.

Pour Sagem, le contrat SDT est une excellente nouvelle pour l’export, avec l’obtention d’une référence majeure : le Patroller est devenu le drone tactique de référence pour la France. La DGA et le ministère de la Défense devraient désormais soutenir ses campagnes à l’export, en Pologne, dans le Golfe ou en Amérique Latine. De son côté, Sagem joue la prudence, en donnant la priorité au client français et en évitant que de futures commandes étrangères ne fragilisent la bonne conduite du contrat SDT. Reste désormais l’étape de l’industrialisation, le Patroller étant, aujourd’hui, à l’état de prototype, pour pouvoir lancer la production en série.

 

La Rédaction de TTU Online

 

 

Source : TTU Online