LIBRE OPINION : À Bangui, un bilan incertain

Posté le mercredi 17 décembre 2014
LIBRE OPINION : À Bangui, un bilan incertain

Le Point - Par Frédéric Pons.

Ni euphorie ni dramatisation ! L’état-major des armées se veut prudent sur l’opération Sangaris lancée le 5 décembre 2013. Elle devait durer « six mois », avait promis François Hollande. Les militaires avaient souri, sans y croire une seconde. « Le job est fait », assurent-ils aujourd’hui. Le bilan de cette première année est pourtant en demi-teinte, à cause de la complexité de la situation interne et de l’impéritie des élites centrafricaines. À cela s’ajoutent la faiblesse des moyens français et les limites de la solidarité internationale.

L’état-major souligne « le comportement exemplaire dans la durée » des quelque 9 000 soldats français qui se sont succédé au sein de la force Sangaris. « Malgré un contexte de violence particulièrement irrationnelle », une sécurité minimale a en effet été rétablie sur Bangui et les régions ouest. Mandatée en avril, la Minusca (mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine) se déploie, appuyée par Sangaris. La tension a baissé mais une ligne de fracture se dessine au centre du pays (voir notre carte) et nos bataillons affrontent toujours des groupes armés “à visées complexes”, jusqu’à plusieurs milliers d’hommes. Le nord et l’est restent des zones refuges pour des rebelles et des trafiquants de diamants, de pétrole ou d’or.

Les effectifs français (environ 2 000 hommes) ne sont pas assez nombreux pour tenir cette immense zone d’action — l’équivalent de la distance de Brest à Strasbourg et de Lille à Bordeaux ! Cette trop faible empreinte militaire ne permet pas d’assurer une permanence sur le terrain, en dépit des efforts de nos soldats (trois sont morts en service). Confronté aux réductions d’effectifs, l’état-major manque de soldats pour ce type de mission.

L’appel aux casques bleus est un pis-aller, comme le montrent tant d’expériences malheureuses. Sans vraie motivation, ces contingents sont de qualité très inégale. Le même problème se pose au Mali où le terrain conquis depuis janvier 2013 a dû parfois être abandonné, faute d’effectifs suffisants, et laissé aux casques bleus. La nature ayant horreur du vide, les ennemis reviennent. Il faut alors retourner les chasser. Ce qui accroît les risques et retarde toute idée de solution politique.

 

Source : Le Point