LIBRE OPINION : Dans le camp de Thomas

Posté le mercredi 12 novembre 2014
LIBRE OPINION : Dans le camp de Thomas

Rémi Fraisse venait d’avoir 21 ans. Né à Toulouse, ce botaniste bénévole est mort dans la nuit du 25 au 26 octobre sur le site du barrage contesté de Sivens, tué accidentellement par une grenade de maintien de l’ordre. Un incident tragique, inédit en soixante ans de manifestations. Présenté comme un doux militant de la protection de la nature, il avait choisi son camp : il combattait les gendarmes, au sein d’un groupe d’activistes qui voulaient “casser du flic”, à coups de barres de fer, de jets de boulons, de bouteilles d’acide, de cocktails Molotov.

Les médias ont porté l’émotion à son comble, souvent complaisants envers la propagande de ces “écoguerriers” décidés à faire plier coûte que coûte les élus et l’État. Le “camp de Rémi” a ensuite salué sa mémoire dans toute la France, imposant à la société cette violence sectaire et cet égoïsme nihiliste dont Rémi semblait si bien s’accommoder.

Thomas Dupuy venait d’avoir 32 ans. Lui aussi toulousain, ce sergent-chef du commando parachutiste de l’air no 10 d’Orléans a été tué dans la nuit du 28 au 29 octobre au nord du Mali, en combattant un groupe armé djihadiste. Calme et réfléchi, champion de boxe thaïe et spécialiste du saut à ouverture à très grande hauteur, Thomas avait choisi son camp. Il servait la France depuis neuf ans et cinq mois. Volontaire pour ce métier à risques, il agissait au péril de sa vie, comme au Niger, lors de la tentative de libération de deux jeunes Français enlevés à Niamey en janvier 2011, ou en Afghanistan où il avait été blessé, quelques mois plus tard. Thomas ne se payait pas de mots ni d’idéologie. Sa croix de la Valeur militaire portait déjà deux citations, rappel de son engagement total au service de la France et des Français.

Les médias ont très peu parlé de lui et de son engagement. Les hommages ont été limités aux gestes et discours traditionnels des plus hautes autorités de la nation, à la peine discrète et maîtrisée de ses camarades de combat sur la base aérienne d’Orléans-Bricy. Il y avait aussi quelques poignées de Français pour un ultime salut à Paris, sur le pont Alexandre-III, ce mercredi 5 novembre. Un hommage digne, rapide, presque clandestin. C’était un peu triste de voir le “camp de Thomas” si réduit.

Frédéric PONS

 

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Source : Valeurs actuelles