LIBRE OPINION : Dans le prolongement de l’article « Toujours se méfier des décrets de juillet »

Posté le dimanche 17 août 2014
LIBRE OPINION : Dans le prolongement de l’article « Toujours se méfier des décrets de juillet »

"Il n'y aurait rien à dire sur ce genre de projet s'il avait été préparé en concertation avec l'encadrement supérieur des Armées, les instances de concertation et les associations concernées (si tel fut le cas, la "base" n'en a rien su !), et s'il n'avait pas été rendu public en plein cœur de l'été, comme le sont les mauvais textes, qui ne sont pas "franc du collier". 

Dès lors la suspicion s'installe dans les esprits les plus ouverts à un brassage avec le monde civil. Un brassage qui se faisait intelligemment autrefois, avec le service militaire des futurs énarques et avec le réseau des corniches civiles, bien imprudemment supprimé.

Or derrière ces coups bas se profile la main mise d'autres Institutions quant au choix des programmes et du corps enseignant. Le contrôle général se défend en disant qu'il "s'agit de sauver nos écoles militaires"! Bien d'autres solutions existent assurément ! Ainsi la réduction du nombre de lycées militaires, ainsi le regroupement de la première année de formation militaire des élèves officiers terriens, aviateurs et marins, ainsi un "dégraissage" non des états-majors déjà bien affectés, mais de ces organismes placés près du Ministre et qui poussent au "soleil", ainsi la création d'une année militaire pour les futurs énarques, ainsi la révision des postes budgétaires de ces gros bataillons du corps non enseignant de la rue de Grenelle, ainsi le regroupement des écoles de Police et de Gendarmerie, ainsi.... etc.....

Lorsque le "bras armé de Bercy" intervient, l'Institution doit être beaucoup plus attentive, car la question des coûts est l'argument facile pour préparer la suite. On a vu récemment l'annonce d'une gestion de la masse salariale au sein de l'armée de terre qualifiée de laxiste, qui aura précédé une seconde série de coupes claires désastreuses des postes budgétaires.

Mais ce projet irrite par ce qu'il sous-entend. Les sociétés fragiles se défient en effet des valeurs qui prévalent parmi les Saint-Cyriens et les autres Officiers marins et aviateurs des écoles militaires : l'honneur, l'amour de la Patrie, le respect du drapeau, le primat du devoir, le goût des traditions en ce qu'elles consolident les groupes qui les respectent, le don de sa personne et le respect d'autrui, l'indépendance d'esprit hors des causes partisanes.

Ne nous étonnons pas si ce projet "Feytis" est d'abord ressenti comme étant un coup bas porté à ceux dont l'ambition est d'abord de "Servir"."

Source : Daniel ROUDEILLAC Officier général (2S)