LIBRE OPINION de Jacques Myard: LA PAIX INTROUVABLE ? - COMMUNIQUE DE PRESSE

Posté le samedi 28 mars 2015
LIBRE OPINION de Jacques Myard: LA PAIX  INTROUVABLE ? - COMMUNIQUE DE PRESSE

Rapport de la mission d’information Proche et Moyen-Orient de la Commission des Affaires Etrangères : la paix introuvable ?

Jacques Myard a participé activement aux travaux de la Mission d’Information sur le Proche et Moyen-Orient de la Commission des Affaires Etrangères présidée par Jean-Luc Reitzer et dont le rapporteur est Odile Saugues ; le rapport a été adopté le 18 mars 2015 à l’unanimité par la Commission des Affaires Etrangères de l’Assemblée Nationale. C’est dans le cadre de cette mission que Jacques Myard s’est rendu en Iran du 24 au 27 juin 2014.

Jacques Myard partage largement les conclusions des travaux de la Mission qui reflètent les analyses et les recommandations qu’il a souvent défendues par ailleurs pour cette région géostratégique dont la déstabilisation a des conséquences majeures sur les relations internationales.

En effet, la persistance de conflits anciens nourrit des tensions et des haines tenaces qui se combinent avec des conflits transnationaux nouveaux.

Il existe, en effet, des interactions complexes et multiples entre :

- le lancinant conflit israélo-palestinien

- les conséquences dévastatrices de l’intervention américaine en Irak de 2003

- la question du nucléaire avec l’Iran

- la guerre civile en Syrie

- les rivalités multiséculaires entre le monde sunnite et chiite, illustrées par la guerre civile au Yémen, ainsi qu’au sein du monde sunnite entre les partisans des Frères Musulmans et des salafistes et leurs adversaires résolus

- l’antagonisme entre l’Iran et l’Arabie Saoudite

- la question des Kurdes et

- le développement de « l’Etat Islamique », mouvement terroriste nihiliste, souvent instrumentalisé par les puissances de la région.

L’ensemble de ces rivalités et de ces conflits, compliqués par les arrière-pensées et le jeu de poker menteur de certains Etats de la région, font du Proche et Moyen-Orient une poudrière dont les effets sont ravageurs, menacent des Etats comme la Jordanie ou plus encore le Liban, et touchent directement la France et l’Europe, jusqu’à mettre en péril la paix dans le monde.

Le rapport propose à juste titre de :

- remettre dans le jeu le Conseil de Sécurité afin d’élaborer une solution pour le conflit israélo-palestinien. La communauté internationale doit prendre ses responsabilités en fixant un cadre de négociations, des objectifs et un calendrier pour remédier au blocage du processus d’Oslo et à l’escalade de la violence.

En effet, les Etats-Unis, seul acteur de poids impliqué dans les négociations de paix, paraissent incapables d’arracher un accord de paix, le conflit étant pris en otage par les extrémistes des deux camps. Il apparaît, en conséquence, que seule une initiative internationale ferme et concertée, aux objectifs et au calendrier clairement identifiés, est à même de revivifier un processus de paix moribond. C‘est donc dans un cadre multilatéral que la France doit, avec ses partenaires européens et les Etats arabes, aux côtés des Etats-Unis, œuvrer en faveur du règlement de ce conflit sur la base de la reconnaissance mutuelle de deux Etats vivant en paix et en sécurité.

- réinsérer dans le jeu diplomatique l’Iran, puissance régionale, en favorisant une solution du dossier nucléaire sans céder sur le fond. Seul un accord équilibré avec d’un côté l’Iran qui s’engagerait à donner des garanties pour rester au seuil et de l’autre les 5+1 qui accepteraient que l’Iran développe en toute transparence son programme civil, permettra de nouer des relations de coopération de nature à stabiliser la région.

- rechercher une solution politique à la guerre civile en Syrie sans poser de préalable à l’éviction de Bachar El-Assad alors qu’une solution militaire semble impossible et que l’Armée Syrienne Libre, divisée, est terriblement amoindrie. La France aurait tout avantage à rétablir ses relations diplomatiques avec Damas dans l’intérêt de sa lutte contre le terrorisme et de son action humanitaire.

- mieux coordonner la lutte contre « l’Etat islamique », noyau du terrorisme, et protéger les minorités chrétiennes ; mais la France doit éviter absolument de se mettre dans la roue des Américains honnis dans la région, ce qui ferait apparaître notre pays comme partie à une nouvelle croisade. Il faut se garder également de croire, à l’instar des Américains, que l’on pourrait remodeler à sa guise sur un coin de table la carte de la région : ces temps sont révolus !

Il est impératif que la France soit à l’initiative sur chacun de ces foyers de crise qui s’alimentent mutuellement. Ses responsabilités spécifiques internationales et ses liens traditionnels avec les pays de la région l’y engagent tout particulièrement ; à défaut, elle perdra toute influence dans la région.

En un mot, la France doit retrouver une politique étrangère indépendante conforme à ses intérêts : elle doit se départir du suivisme atlantiste et européen qui est aujourd’hui sa ligne, abandonner ses postures et rigidités idéologiques stériles, et prendre en compte les réalités géostratégiques.

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