LIBRE OPINION : Deux Français sur trois favorables à la livraison des BPC russes

Posté le jeudi 22 janvier 2015
LIBRE OPINION : Deux Français sur trois favorables à la livraison des BPC russes

Selon un sondage Ifop réalisé pour La Tribune et publié hier, une large majorité de Français serait favorable à ce que la France livre à la Russie les deux bâtiments de projection et de commandement construits à Saint-Nazaire. Le sondage a été réalisé en ligne du 9 au 12 janvier auprès, précise l’Ifop, « d'un échantillon de 1 001 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas ». 64% des personnes interrogées souhaitent que la France livre à la Russie les BPC qu’elle a commandés, 36% estimant qu’elle ne doit pas le faire. 75% des sondés jugent par ailleurs qu’un refus de livrer ces bâtiments ne serait pas efficace pour régler le conflit entre l'Ukraine et la Russie, 25% pensant l’inverse.

Ce sondage semble de plus montrer que l’opinion publique a intégré les potentielles répercussions d’une non-livraison et même d’un report trop important sur la position de la France dans le marché mondial des ventes d’équipements militaires. 72% des personnes interrogées estiment ainsi que le report « va nuire à l'industrie de défense française, en mettant en danger d'autres contrats commerciaux » et, pour 69% d’entre elles, « va favoriser les autres grands pays concurrents de la France en matière d'industrie de défense (États-Unis, Royaume-Uni, etc.) ».  56% des sondés pensent par ailleurs que « ce refus de livrer les navires Mistral va dégrader la réputation de la France à l'international » et aura, pour 77% d’entre eux, « des conséquences négatives directes pour les chantiers navals en France, et pour l'emploi ».

Les deux bâtiments à Saint-Nazaire

Pour mémoire, les deux BPC ont été commandés en 2011 par la Russie. Le contrat, d’une valeur de 1.2 milliard d’euros, a été notifié par l’agence russe Rosoboronexport au groupe français DCNS, qui a fait réaliser les bâtiments en sous-traitance par les chantiers STX France de Saint-Nazaire. Le premier des deux BPC, le Vladivostok, a été achevé en octobre mais, compte tenu de la situation en Ukraine, François Hollande a décidé de suspendre sa livraison, qui était prévue début novembre. La remise du BPC et de ses quatre chalands de débarquement a été conditionnée par le président français à la mise en œuvre effective d’un cessez-le-feu entre l’armée ukrainienne et les séparatistes pro-russes, ainsi qu’à l’élaboration d’une solution politique durable. Les équipage du Vladivostok et du Sevastopol (Sébastopol), qui se sont formés à Saint-Nazaire et devaient repartir avec le premier BPC, ont finalement quitté l’estuaire de la Loire le 18 décembre à bord du bâtiment école russe Smolniy. Celui-ci servait de caserne flottante depuis le mois de juin. En attendant qu'une solution soit trouvée, le Vladivostok a été placé en gardiennage, les travaux se poursuivant sur son sistership, dont la mise à l’eau est intervenue fin novembre et quidoit être achevé avant la fin de cette année.

Une fenêtre favorable pour livrer le Vladivostok ?

Il reste maintenant à voir quelle décision prendra l’Elysée. Pour les tenants de la livraison, François Hollande bénéficie actuellement d’une séquence plutôt favorable. A priori, si l’on en croit le sondage de l’Ifop, l’opinion publique française ne constitue pas un obstacle, bien au contraire. Il faut dire que cette affaire, après les attentats survenus en France, cristallise beaucoup moins l’attention. De plus, compte tenu de ce contexte, Paris peut sans doute espérer des réactions plus mesurées de la part de ses partenaires (notamment Américains) ayant jusque là montré une vive opposition à la livraison de ces bateaux. Cela dit, les conditions fixées par François Hollande ne sont pas remplies. Les combats se poursuivent en Ukraine, des affrontements très violents étant encore signalés hier dans l'est du pays. Les attaques du 7 janvier et leurs conséquences, non seulement dans l’Hexagone, mais aussi à l’échelle internationale, peuvent-elles faire bouger les lignes fixées il y a quelques mois ? C’est toute la question.

Délais contractuels : encore quelques semaines de répit

Il ne faut pas, non plus, oublier l’aspect financier. Les Russes, comme ils l’ont déjà indiqué, ne manqueront pas d’exiger le remboursement des sommes versées et le paiement de lourdes pénalités si la France refuse de leur livrer les BPC. Une menace en suspens puisque les Français ont fait jouer certaines clauses du contrat pour se couvrir encore quelques semaines, si ce n’est quelques mois.

Source : Mer et Marine

Source : Mer et Marine