LIBRE OPINION : Les armées peinent à renouveler leur arsenal

Posté le vendredi 17 juillet 2015
LIBRE OPINION : Les armées peinent à renouveler leur arsenal

 

L'armée défile, son matériel vieillit

 

 

Sur les Champs-Elysées défilent les armées et leur matériel, rutilant pour l'occasion, malgré l'usure d'équipements parfois quinquagénaires.


Plus toute jeune, l’armée française. Sur les Champs-Elysées ce 14 juillet : des véhicules rutilants, pimpants, apprêtés par des soldats soucieux du lustre de la parade. Le «coup de polish» maquille à dessein l’âge canonique du matériel tricolore. Quarante-sept ans de bons et loyaux services pour l’hélicoptère Puma, trente-huit pour la toujours verte «Sagaie» blindée, ou trente-deux pour l’immarcescible Mirage 2000.

 

Bien que les coûts unitaires de ces armes incitent à en allonger la durée de vie à coups de «modernisations» successives, certains matériels sont en bout de course. Plus que l’usure, c’est l’obsolescence qui guette les forces françaises, au regard de l’évolution de leurs contraintes opérationnelles.
Le char Leclerc, fleuron de la cavalerie française pour l’heure cantonné à des rôles de figurant dans des opérations de maintien de la paix, en est l’exemple.

Entré en service en 1993 et conçu pendant (et pour) la guerre froide, ce blindé n’a pas de remplaçant programmé. Cette année, il ne défilera même pas. Fin 2019, deux cents devront être rénovés.
Le «véhicule de l’avant blindé» (VAB) et toutes ses versions, véhicules de base de l’armée de terre éprouvés, entrés en service en 1976, resteront d’active au moins jusqu’en 2019, en attendant l’arrivée à une date inconnue du véhicule blindé multirôle (VBMR).

 

Autre vétéran, le Super-Etendard Modernisé (dont la version originelle a tout de même participé à la guerre des Malouines), devrait connaître l’une de ses dernières fêtes nationales. Initialement prévu en 2015, puis décalé début 2016 et finalement repoussé à l’été 2016, le retrait toujours reporté du Super-Etendard au profit du Rafale, conçu pour remplir une grande variété de missions et remplacer plusieurs types d’appareils, illustre les difficultés des armées françaises. Entre coupes budgétaires, retards de développement et capacité de production accaparée par les commandes étrangères, les armées peinent à renouveler leur arsenal.

 

Pourtant, Jean-Yves Le Drian le dit et le répète depuis début juin en présentant l’actualisation de la loi de programmation militaire, qui fixe le cap des armées jusqu’en 2019 : la modernisation du matériel est l’une des priorités du gouvernement. 500 millions d’euros supplémentaires y seront consacrés, d’abord pour les moyens aériens de transport, de combat et de renseignement. Le ministre de la Défense veut adapter la flotte d’hélicoptères «aux exigences des opérations sur tous les théâtres». Moins de Gazelle, dont le premier modèle remonte à 1976, et plus de Tigre, qui équipe les armées depuis 2005. Les Puma, introduits pour la première fois en 1968, laisseront progressivement la place aux Caïman, entrés en service au début des années 2000.

Les déboires de l’A400M, le gros-porteur qui doit remplacer les éternels Transall, sont loin d’être terminés. Après un long retard de développement, un appareil s’est écrasé en

Espagne début mai à cause d’un problème de moteur. Le calendrier de mise en place n’est toujours pas défini. A l’horizon 2019, «la flotte d’avions de transport tactique devrait être constituée d’une quinzaine d’A400M, d’une vingtaine de C130 et d’un nombre de C160 qui dépendra des possibilités techniques de prolongation de cet appareil» note la version actualisée de la loi de programmation militaire.

 

L’accent est aussi mis sur les drones. L’exécutif a fait son aggiornamento en commandant sur étagère des Reaper aux Etats-Unis. Douze engins compléteront les Harfang achetés à l’israélien IAI et adaptés par EADS, puis leur succéderont. Leur équipement évoluera. Ils seront dotés «d’une charge d’écoute électromagnétique», un instrument jugé «indispensable aujourd’hui» par Le Drian. Des avions ISR légers (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance) parachèveront le dispositif. Deux seront acquis d’ici 2019.

 

Des choix qui témoignent d’une volonté de s’adapter aux conflits asymétriques. «On passe d’une guerre de stock à des guerres de flux» a résumé le Général Didier Castres, patron des

Opérations de l’armée française, dans un entretien aux Echos.

Auteurs : PIERRE ALONSO, LOUIS NADAU ET EMILIE COQUARD
Source : LIBERATION

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