LIBRE OPINION : Maurice Boyau, capitaine du XV de France et « As » de la Grande Guerre

Posté le lundi 21 septembre 2015
LIBRE OPINION : Maurice Boyau, capitaine du XV de France et « As » de la Grande Guerre

L’athlète Jean Bouin, les champions cyclistes Lucien Petit-Breton, François Faber ou encore Octave Lapize, le pilote automobile Georges Boillot, l’international de football Pierre Chayriguès, Georges Carpentier, le « plus grand boxeur français de tous les temps »… Nombreux ont été les sportifs de haut niveau à s’illustrer lors de la Première Guerre Mondiale, voire même à donner leur vie à la France.

Capitaine du XV tricolore lors du dernier Tournoi des 5 nations avant la guerre, Maurice Boyau était l’un d’entre eux.
Né le 8 mai 1888 à Mustapha (Algérie) et fils d’un entrepreneur landais, ce dernier s’intéresse à beaucoup de sports mais c’est au rugby qu’il se révèle le meilleur. Après avoir été joueur de l’Union sportive dacquoise, il rejoint le Stade bordelais avec lequel il remporte le Bouclier de Brennus en 1911.
Ce troisième ligne aile de 1,81 m pour 75 kg est sélectionné en équipe de France pour la première fois en 1912. Il en sera le capitaine à deux reprises.

Ayant effectué son service militaire dans l’infanterie, Maurice Boyau est finalement affecté au 18ème escadron de train des équipages, en qualité de conducteur d’automobile, lors de la mobilisation d’août 1914. Mais, ayant découvert l’aviation quelques temps plus tôt, son souhait serait de devenir pilote.

Mais sa demande va mettre du temps à être exaucée et ce n’est qu’en février 1916 que Maurice Boyau obtient son brevet de pilote. Pour autant, il n’est pas question de l’envoyer tout de suite au front. Avec ses connaissances techniques, il est en effet jugé plus utile de l’affecter à l’école d’aviation de Buc en tant qu’instructeur.

Mais le caporal Boyau insiste pour se battre. Et, en octobre 1916, il rejoint finalement l’escadrille N77, celle dite des « sportifs » (ou des « sportsmen » comme on disait à l’époque), dotée de Nieuport XII. Dans le même temps, et quand il le peut,  l’ex-capitaine du XV de France continue à jouer au rugby, en portant les couleurs du Racing Club de France.

Promu sergent peu après son arrivée en escadrille, Maurice Boyau ouvre son palmarès le 16 mars 1917. Ce jour-là, il abat son premier avion, un Aviatik, au-dessus des lignes ennemies. Une semaine plus tard, il s’illustre à nouveau en descendant « à moins de 250 mètres sur des hangars d’aviation ennemis » et les « bombarde avec plein succès ».

Alors que son escadrille vient d’être équipée de Spad (elle prend l’appellation de SPA 77), le sergent Boyau enchaîne les victoires en faisant preuve d’une témérité folle. Ce qui lui vaut la Légion d’Honneur.

« Pilote d’une audace exceptionnelle qui fait preuve d’une incomparable maîtrise tant dans la chasse que dans la reconnaissance, la photographie et le bombardement à faible altitude. Le 1er octobre 1917, a abattu dans nos lignes un avion ennemi. Depuis le 16 mars 1917, a abattu 6 Drachen et 4 avions ennemis et exécuté trois bombardement audacieux à très faible altitude. Déjà médaillé militaire et sept fois cité à l’ordre pour action d’éclat », précise la citation accompagnant sa Légion d’Honneur.

Les victoires s’accumulent. Les citations aussi. Toutes soulignent sa « bravoure incomparable », son « audace magnifique », son « absolu mépris du danger » et son « habilité hors de pair ». Fin juillet 1918, après sa 28ème victoire, il fait officier de la Légion d’Honneur.

Malheureusement, le sous-lieutenant Boyau ne verra pas la fin de la guerre. Le 16 septembre 1918, en allant au secours de son équipier – le caporal Walk – pourchassé par des avions ennemis, il est abattu dans les environs de Mars-la-Tour, par un tir d’artillerie au sol, alors qu’il venait d’obtenir sa 35e victoire aérienne.
L’aviateur aurait dû participer à une rencontre de rugby devant avoir lieu quelques jours plus tard. Ses camarades ne voulurent pas le remplacer… Et jouèrent donc la partie à 14.

Les rugbymen français payèrent un lourd tribut à la Première Guerre Mondiale. Plusieurs stades portent d’ailleurs le nom de joueurs ayant donné leur vie pour la France, comme Aimé Giral à Perpignan (tué à 20 ans le 22 juillet 1915) ou Alfred Armandie à Agen (tué en septembre 1915). À Toulon, une stèle du stade Mayol rappelle le sacrifice de 28 joueurs du Rugby Club Toulonais. Et, sur les 114 internationaux recensés avant guerre, 23 ont perdu la vie sur les champs de bataille.

Auteur : Laurent LAGNEAU
Source : Zone militaire

Source : Laurent LAGNEAU Zone militaire