"SABORDAGE" - LIVRE de Christian HARBULOT : Des liens consubstantiels entre puissance et influence…

Posté le lundi 25 avril 2016
"SABORDAGE" - LIVRE de Christian HARBULOT   : Des liens consubstantiels entre puissance et influence…

En avril 2014, Christian Harbulot publie Sabordage, sous-titré de manière on ne peut plus explicite Comment la France détruit sa puissance (Editions François Bourin).

 

Il dresse de notre pays un constat implacable et le dit de manière très crue : "La France n'a pas su inventer de modèle alternatif aux dynamiques de conquête générées par les économies de combat. De son côté, l'Union Européenne est devenue vulnérable à partir du moment où elle s'est centrée sur le développement d'un marché intérieur déréglementé et a encouragé le démantèlement des champions nationaux pour favoriser la concurrence intérieure et extérieure. Une telle posture apparaît aujourd'hui comme dangereuse voire suicidaire en cas d'aggravation de la situation économique du monde occidental." Christian Harbulot, dans la conclusion de cet essai, pose donc la délicate question de savoir comment exister dans ces conditions. Et confirme que l'on ne pourra passer avec succès les épreuves à venir sans avoir retrouvé tout à la fois notre puissance et notre influence…

 

 

Avoir le courage d’exister

"La France de 2013 est à la croisée des chemins. Elle ne survivra pas sans une stratégie de puissance adaptée aux multiples défis du monde présent et futur. Il ne s'agit pas d'être belliciste mais simplement d'avoir le courage d'exister. Le bilan des trois derniers siècles démontre que nous suivons une pente déclinante par manque de lucidité sur nos blocages culturels et notre incapacité chronique à nous battre pour une cause commune en dehors du temps de guerre. Les multiples dangers du monde matériel et l'immense opportunité que nous offre le monde immatériel impliquent un changement de posture de nos élites. Le suivisme à l'égard des Etats-Unis est une ligne politique qui ne peut être une fin en soi. Nous sommes condamnés à penser l'avenir de la France sur d'autres bases de réflexion que celles des élites d'avant-guerre. "

 

Le tragique abandon de toute volonté de puissance.

"La problématique de la construction européenne aurait pu créer les bases d'une nouvelle approche de la puissance par le biais de la Communauté Européenne de Défense. L'échec du projet enterra toute réflexion sur le sujet. A partir des années 1950, la question de la puissance (militaire, économique et culturelle) est devenue un sujet tabou au sein de la Commission de Bruxelles. Pour ne pas perdre la face, les gouvernements des Etats membres de l'Union Européenne ont habilement présenté ce refus d'assumer une stratégie comme un dépassement humaniste des risques inhérents à la recherche de puissance. Mais cette bonne intention diplomatique n'a pas doté le vieux continent d'une capacité à exister de manière autonome. Créé sous l'impulsion à peine masquée des Etats-Unis pour stopper la progression géopolitique de l'URSS, l'Europe du traité de Rome vit depuis des années sous le contrôle indirect de Washington. Cette dépendance n'a jamais été assumée électoralement. Autrement dit pour nos médias, elle n'existe pas. Mais il suffit que les Etats-Unis mettent un genou à terre pour sentir le désarroi affectant les élites françaises qui ont cautionné ce choix. Lorsque la crise financière a éclaté en 2008, j'ai suivi les deux premiers mois avec un groupe d'étudiants de l'EGE qui travaillait dans le cadre d'un exercice mené avec des membres de la branche française du Boston Consulting Group. A notre grande surprise, ces experts admettaient qu'ils ne savaient pas ce qui allait se passer, non par incompétence mais simplement parce qu'ils ne savaient pas ce qu'allait faire l'Amérique. Ce sentiment de faiblesse est resté comme une marque au fer rouge. L'Europe n'est pas notre base de repli si la puissance dominante en venait à perdre le contrôle du système. "

 

Le sursaut gaullien.

"Peut-être avons-nous jeté un peu vite aux oubliettes de l'Histoire cet acharnement du général de Gaulle à préserver la France des influences extérieures qui pouvaient avoir une incidence négative sur sa destinée. Si sa tentative de troisième voie n'avait aucune chance de réussir, sa volonté de puissance n'était pas dénuée de bon sens. Il est dommage qu'il l'ait habillée d'un discours sur la grandeur qui échappait à la plupart des Français. Contrairement à tous les autres, De Gaulle avait compris que la France était une entité qu'il ne fallait pas détruire parce qu'elle était la seule capable d'assurer une protection militaire, économique et culturelle à sa population en cas de crise majeure. Le jeu de défausse auquel se livrent les Présidents de la République depuis la mort du fondateur de la Ve République, s'est traduit par un appauvrissement graduel de notre capacité de penser notre avenir.

Il est grand temps de stopper ce processus. La France va devoir se battre sur plusieurs fronts en redéfinissant son périmètre de souveraineté. Il est évident que cet objectif est loin d'être atteint. Nous ne sommes pas encore prêts à changer de posture mentale. Nos élites tournent le dos à ce défi et continuent à faire comme si de rien n'était, comme le confirme Marie-Françoise Bechtel dans un entretien donné au magazine Marianne en janvier 2014. Selon cette ancienne directrice de l'Ecole Nationale d'Administration, le rapport des classes dirigeantes françaises à notre nation ne cesse de se dégrader. Devant un tel constat, il est plus que temps de changer la donne par une vision sereine de la puissance au service du bien commun. C'est au peuple de se mobiliser pour imposer cette nouvelle ligne politique. Sans une volonté politique collective hors du commun et une nouvelle approche des enjeux de la mondialisation, la France entamera pour de bon sa descente aux enfers."

 

 

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Source : Communication et influence