COOPERATION. La France et le Japon négocient un accord d’accès réciproque pour favoriser l’interopérabilité entre leurs forces

Posté le vendredi 03 mai 2024
COOPERATION. La France et le Japon négocient un accord d’accès réciproque pour favoriser l’interopérabilité entre leurs forces

Les liens militaires entre la France et le Japon sont anciens : leurs débuts remontent la mission du capitaine Jules Chanoine, qui avait été envoyée à Yokohama en 1866, pour former l’armée du shogun Yoshinobu Tokugawa. Ils se renforcèrent dans les années 1920, Paris ayant contribué à l’essor des forces aériennes nippones. Seulement, cette relation prit fin peu avant la Seconde Guerre Mondiale.

Alors doté d’une Constitution pacifiste, le Japon devint une sorte de protectorat américain… Et, en matière militaire, il entretint une relation quasiment exclusive avec les États-Unis. Cependant, l’évolution du contexte sécuritaire dans l’Indo-Pacifique, marqué par les revendications chinoises, les différends territoriaux avec la Russie [notamment au sujet des îles Kouriles] et les activités nucléaires de la Corée du Nord, a changé la donne.

Pour y faire face, le Japon augmente constamment ses dépenses militaires depuis maintenant une dizaine d’années et a modifié sa Constitution pour y inclure le concept d’autodéfense collective. En outre, il cherche à nouer des coopérations militaires avec d’autres pays que les États-Unis [comme avec l’Inde et les Philippines], voire à se rapprocher d’organisations comme l’Otan. C’est ainsi qu’il envisage de rejoindre le pacte AUKUS et qu’il a scellé un partenariat avec le Royaume-Uni et l’Italie pour développer un avion de combat de 6e génération.

En 2015, soit 150 ans après la mission du capitaine Chanoine, le Japon et la France relancèrent leur coopération militaire en signant un accord intergouvernemental sur le transfert des équipements et technologies de défense. Et il était question, à l’époque, d’un accord d’acquisition et de services croisés [ACSA]. Celui-ci fut finalisé trois ans plus tard, avec l’objectif de renforcer l’interopérabilité entre les forces françaises et japonaises et de faciliter leur participations à des opérations et à des exercices conjoints. Par ailleurs, les deux pays s’étaient mis d’accord pour mener des travaux communs de recherche portant sur une nouvelle technologie de détection des mines.

Désormais, il s’agit d’aller plus loin. Á l’issue d’une rencontre, à Paris, entre le président Macron et Fumio Kishida, la France et le Japon sont convenus de « renforcer » leur « coopération stratégique et de défense […] en lançant des négociations officielles en vue de la conclusion d’un accord d’accès réciproque, qui vise à favoriser l’interopérabilité entre les Forces armées françaises et les Forces d’autodéfense du Japon », a fait savoir l’Élysée, le 2 mai.

Par ailleurs, MM. Macron et Kishida sont également tombés d’accord pour renforcer la coopération franco-japonaise dans l’Indo-Pactifique, qui « doit rester un espace libre, ouvert et inclusif, exempt de toute forme de coercition et fondé sur le respect du droit international », a précisé la même source.

La France a déjà signé des accords de type RAA avec l’Inde et, plus récemment, l’Australie. Le Japon en a fait autant avec le Royaume-Uni et en négocie un autre avec les Philippines.

Il s’agit ainsi de faciliter l’organisation d’exercices conjoints [ou multinationaux] ainsi que la participation à des opérations régionales. Ainsi, dans le cadre de la mission AITO, qui vise à documenter les violations des sanctions internationales imposées à la Corée du Nord, la Marine nationale a déployé, à plusieurs reprises, un Falcon 200 sur la base aérienne nippone de Futnema.

 

Laurent Lagneau
Opex360.com - Zone militaire
03/05/2024

Source : Opex360.com - Zone militaire