Très récemment, les chefs d’état-major ont réaffirmé avec force devant les commissions parlementaires de la Défense que notre armée ne peut rester cohérente que si les ressources financières prévues dans la loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019 sont strictement respectées.
Ils vont le faire prochainement, comme tous les ans, à l’occasion de leur audition par les commissions parlementaires de la Défense. Mais leurs propos ne seront guère connus, à moins que les médias ne les invitent à s’exprimer sans « langue de bois » sur les missions que remplissent nos forces en opération, leurs capacités, leurs insuffisances et leur moral. Les chefs d’état-major en ont la légitimité, la compétence et aujourd’hui le devoir, tant la situation de nos unités est critique. Ils en ont aussi le droit. C’est ce qu’a rappelé monsieur Kader Arif, secrétaire d’Etat aux Anciens combattants, en réponse à une question posée par l’ASAF à ce sujet.
Les réflexions que suscite l’actualité devraient conduire les responsables politiques de notre pays à accroître les ressources consacrées à la Défense.
Le 14 juillet est, pour la France, un moment d’unité et de joie, un jour privilégié durant lequel les Français se rassemblent, oubliant les polémiques, les calculs, les querelles politiciennes qui divisent, décrédibilisent et instillent le doute dans la Nation.
Dans sa lettre mensuelle de mars, l’ASAF mentionnait l’engagement formel de monsieur Le Drian devant les présidents de 40 associations du monde de la Défense.
Peu après la parution de témoignages dénonçant des violences faites aux femmes dans les armées, le ministère de la Défense a répondu par une communication tous azimuts. Pendant ce temps, l’opération Sangaris en République centrafricaine, qui concerne pourtant 2 000 soldats français, est l’objet d’une communication des plus discrètes.
Les accusations mensongères et insultantes de Paul Kagamé, président du Rwanda, à l’encontre de la France et de son armée, ont conduit le président de la République française à annuler la participation d’une délégation gouvernementale aux cérémonies commémoratives du 20e anniversaire du génocide.
La France comprend que l’Afrique, bordée par la Méditerranée, le golfe de Guinée et l’Océan Indien, est sa zone d’intérêt stratégique prioritaire. Ce continent, proche de l’Europe, riche en matières premières et en pleine expansion démographique, est traversé par un courant islamiste intégriste meurtrier dont le référentiel de valeurs est radicalement différent du nôtre...
L’année 2013 a été riche en décisions qui engagent l’avenir de notre armée, c'est-à-dire, pour une part, celui de notre pays. Il s’agit du Livre blanc, de la loi de programmation militaire et de deux opérations militaires en Afrique. L’année 2014 quant à elle s’ouvre sur des situations ambigües et dangereuses, tant par l’image négative que renvoie le chef des armées que par le flou qui entoure l’engagement de nos forces en République Centrafricaine (RCA)...
Le 5 décembre 2013, le président de la République, chef des armées, engage les forces françaises dans l’opération « Sangaris » en République centrafricaine. Depuis le mois de mars une « milice islamiste soudano-tchadienne » venue du nord, renforcée par des « coupeurs de route » centrafricains, s’est emparée d’un Etat failli et a installé un gouvernement fantoche dans sa capitale Bangui...
La vraie menace
Nous vivons une période de menaces multiples et d’incertitude croissante, marquée chaque jour par des faits divers violents, portés rapidement et massivement à la connaissance des Français. Pourtant, qui s’intéresse et comprend les choix stratégiques en cours tels ceux retenus à travers le vote de la Loi de programmation militaire qui conditionne l’avenir de nos armées et de notre Défense pour la décennie à venir ?
Des chefs d’état-major inaudibles
Au cours du mois d’octobre la commission de la Défense de l’Assemblée nationale a auditionné les différents chefs d’état-major pour s’informer sur la situation de nos armées et connaître les conséquences qu’aurait le vote du projet de loi de programmation militaire 2014-2019 sur les capacités de notre outil militaire et sur la place de l’armée dans la Nation. Combien de médias s’en sont fait l’écho?
Le texte de présentation du projet de loi de programmation militaire (LPM) et les propos de certains relais d’opinion illustrent la désinformation dont les questions militaires sont l’objet.
80 000 suppressions en moins de 10 ans
Alors que le nombre de jeunes au chômage ne cesse de croître, les armées sont contraintes de diminuer leurs effectifs au prétexte de la situation catastrophique de nos finances publiques. Hélas, dans ce domaine, alors que la part du budget de l’Etat consacrée à la Défense a été divisée par deux en moins de 30 ans, aucune amélioration ne s’est produite, bien au contraire.
Qui ne se réjouit pas de l’extraordinaire confiance que manifestent plus de 90% des Français envers leur armée, ainsi que de l’admiration qu’elle suscite chez nos partenaires ? C’est un atout considérable pour la politique extérieure de la France.Pourtant cette armée, menacée par une nouvelle réduction de ses ressources et de ses effectifs, l’est aussi par les attaques insidieuses visant à ternir son image.
Nul ne doute que les Français acclameront leur armée le 14 juillet avec une intensité particulière. N’en déplaise à quelques idéologues nourris de longue date au lait de l’antimilitarisme, nos compatriotes remercieront les soldats, marins et aviateurs pour la fierté et l’espoir qu’ils leur donnent en ces temps d’incertitude et de doute. Ils leur diront aussi qu’ils comptent sur eux dans les crises graves que notre pays ne manquera pas de traverser dans les années à venir. Quel citoyen lucide ne le pressent pas ?
Une page noire du Livre blanc
Alors que « le niveau de risque et de violence dans le monde ne régresse pas » et que « la protection du territoire national et de nos concitoyens ainsi que la préservation de la continuité des fonctions essentielles de la Nation sont au cœur de notre stratégie de défense et de sécurité nationale », comment le Livre blanc peut-il entériner une baisse des ressources consacrées à la Défense et poursuivre la réduction de 24 000 hommes dans la prochaine loi de programmation ? En 10 ans l’armée en aura ainsi perdu 78 000.
Illusion d’optique ?
Comme il fallait s’y attendre, le Livre blanc qui vient de paraître affiche une nouvelle réduction des capacités militaires dont disposera notre pays dans les années à venir.
Ce sont une rupture et un risque majeurs qui ne doivent pas passer inaperçus.
Une institution de référence.
Alors que la situation économique et financière de la France se dégrade, que la cohésion nationale s’effrite et que le doute ronge les esprits, l’armée, malgré les multiples réductions budgétaires dont elle a été l’objet depuis des décennies, apparaît comme une des rares institutions dans lesquelles les Français ont confiance.