Au lendemain des attentats meurtriers survenus le vendredi 13 novembre 2015 à Paris et à Saint Denis, l’ASAF s’incline devant les morts, partage la souffrance des blessés et compatit à la douleur de nos compatriotes qui ont perdu un des leurs.
Depuis six ans, l’ASAF diffuse chaque mois sa lettre électronique, Ne pas subir, traitant de questions de Défense et de Mémoire. Elle est rédigée dans un style simple et direct par une équipe civilo-militaire pluridisciplinaire et ne manque pas de présenter des arguments.
Les dernières décisions prises en conseil de Défense visant à annuler 18 500 des 34 000 suppressions de postes prévues dans la loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019, et à accroître de 3,8 milliards d’euros les ressources consacrées à la Défense pendant la période 2016-2019, peuvent donner le sentiment que la France fait un effort important pour sa Défense.
Nous sommes au mois d’août. Notre pays vit au ralenti car, malgré les difficultés économiques, un grand nombre de Français sont en vacances. Certains bronzent allongés sur des plages surpeuplées loin des grandes villes où ils résident et qui sont pour l’heure pratiquement désertes. Pas tout à fait cependant, car dans un grand nombre d’entre elles et pas seulement à Paris et en Ile-de-France, des militaires veillent.
La guerre en face
Notre pays vient d’être frappé une nouvelle fois par un attentat terroriste islamiste confirmant que la guerre que mènent les djihadistes en Afrique et au Proche-Orient se prolonge et se développe sur son territoire.
Les Français viennent de célébrer, le 8 mai, le 70e de l’anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie en attendant celle du Japon, le 2 septembre...
Que n’avons-nous pas lu ou entendu quand le président de la République a annoncé, le 29 avril, à la suite d’un Conseil de Défense, que 3,8 Mds € supplémentaires seraient alloués à la Défense entre 2016 et 2019 ! Certains commentateurs ont estimé que c’était un « cadeau fait aux armées » sans parler de ce journaliste expert du « secret défense » s’alimentant aux couloirs du ministère, qui a même parlé du retour aux « gros bataillons » ! La communication politique, qui devrait être d’abord pédagogique, devient intoxication grâce à quelques relais complices.
Monsieur le Président,
Dans le cadre de la commémoration du 70° anniversaire de la libération de la France, vous avez décidé du nom des quatre Français qui seront honorés lors d’une cérémonie au Panthéon le 27 mai prochain à l’occasion de la journée nationale de la Résistance.
Les multiples crises internationales actuelles et les graves événements qui se sont déroulés récemment en France illustrent la forte dégradation de notre environnement sécuritaire. Ils devraient conduire nos responsables politiques à rétablir la cohérence entre les moyens consacrés à notre Défense et les menaces auxquelles la France est confrontée.
En 2015, la France commémore le 70e anniversaire de sa libération pour laquelle des dizaines de milliers de Français acceptèrent de sacrifier leur vie afin que le drapeau tricolore remplace définitivement celui de l’occupant nazi. Pour honorer leur mémoire et faire vivre leur souvenir, est-il acceptable de choisir un ancien ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts qui, à 20 ans, traita, dans un poème, le drapeau français de « torche-cul » ?
Après les évènements tragiques qui viennent de se dérouler en France et le sursaut national qui s’est s’exprimé dimanche dernier, l’ASAF rappelle que : l’armée française est engagée depuis de nombreuses années dans la lutte contre les groupes et mouvements terroristes islamistes ; elle a déjà perdu au combat plus de cent de ses soldats et un millier de blessés que ce soit en Afghanistan, en Afrique et au Proche Orient ...
A l’occasion des commémorations de la Grande Guerre, des images d’archives inondent nos écrans de télévisions et leurs commentaires rappellent, à bon escient, à nos concitoyens, que celle-ci s’est soldée par 1 400 000 morts et 4 300 000 blessés pour ne s’en tenir qu’aux seules pertes militaires. Mais, parallèlement, nos blessés militaires d’aujourd’hui sont ignorés de notre société et des médias.
Très récemment, les chefs d’état-major ont réaffirmé avec force devant les commissions parlementaires de la Défense que notre armée ne peut rester cohérente que si les ressources financières prévues dans la loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019 sont strictement respectées.
Ils vont le faire prochainement, comme tous les ans, à l’occasion de leur audition par les commissions parlementaires de la Défense. Mais leurs propos ne seront guère connus, à moins que les médias ne les invitent à s’exprimer sans « langue de bois » sur les missions que remplissent nos forces en opération, leurs capacités, leurs insuffisances et leur moral. Les chefs d’état-major en ont la légitimité, la compétence et aujourd’hui le devoir, tant la situation de nos unités est critique. Ils en ont aussi le droit. C’est ce qu’a rappelé monsieur Kader Arif, secrétaire d’Etat aux Anciens combattants, en réponse à une question posée par l’ASAF à ce sujet.
Les réflexions que suscite l’actualité devraient conduire les responsables politiques de notre pays à accroître les ressources consacrées à la Défense.
Le 14 juillet est, pour la France, un moment d’unité et de joie, un jour privilégié durant lequel les Français se rassemblent, oubliant les polémiques, les calculs, les querelles politiciennes qui divisent, décrédibilisent et instillent le doute dans la Nation.
Dans sa lettre mensuelle de mars, l’ASAF mentionnait l’engagement formel de monsieur Le Drian devant les présidents de 40 associations du monde de la Défense.
Peu après la parution de témoignages dénonçant des violences faites aux femmes dans les armées, le ministère de la Défense a répondu par une communication tous azimuts. Pendant ce temps, l’opération Sangaris en République centrafricaine, qui concerne pourtant 2 000 soldats français, est l’objet d’une communication des plus discrètes.
Les accusations mensongères et insultantes de Paul Kagamé, président du Rwanda, à l’encontre de la France et de son armée, ont conduit le président de la République française à annuler la participation d’une délégation gouvernementale aux cérémonies commémoratives du 20e anniversaire du génocide.