Archives

FORMATION : Pourquoi Saint-Cyr rénove la formation des officiers de l’armée française

Posté le mercredi 23 septembre 2020
FORMATION : Pourquoi Saint-Cyr rénove la formation des officiers de l’armée française

Le général de division, commandant des écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan*, explique les principes et les modalités de la rénovation de la formation des officiers de l’armée de terre.

À mesure que l’incertitude croît, dans un monde où tout s’accélère et s’entremêle, former les officiers dont dépendra demain l’issue d’un combat le sort d’un conflit voire celui du pays, est une responsabilité immense.

Le projet de rénovation de la formation initiale des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan*, « ESCC 2030 », doit permettre à l’armée de terre de continuer à disposer d’officiers légitimes, en phase avec leur temps, capables de maîtriser la haute technologie autant que de s’en passer, de s’engager d’un théâtre à l’autre, à l’étranger comme en France, de prendre des décisions qui engagent la vie de leurs hommes et la leur, puis de les assumer.

Pour répondre à cette ambition, les écoles de Saint-Cyr s’appuient sur des atouts solides. Le modèle de formation intégrée, singularité française qui consiste à délivrer en un même lieu et une même période un enseignement supérieur complet - académique, militaire et humain - est vertueux.

Sur le plan académique, les partenariats nombreux avec les plus grandes écoles de France, dont quatre doubles diplômes, témoignent d’une forte crédibilité. Sur le plan opérationnel et humain, la qualité du commandement de nos jeunes officiers, engagés régulièrement dans des situations toujours complexes et des combats parfois très durs, souligne le haut niveau de leur formation.

Prendre en compte la mutation de notre environnement est toutefois impératif. La contraction du temps, liée à l’immédiateté de l’information, modifie le rapport à la connaissance. Elle impose un équilibre entre le rejet du court terme, indispensable à toute réflexion intellectuelle, et la maîtrise de cette immédiateté, quand la vitesse de réaction s’impose. Le primat de l’individu et la remise en cause de l’autorité progressent dans notre société, alors que la vie de soldat privilégie la collectivité et s’appuie sur une discipline qui conditionne l’action.

La guerre évolue elle aussi. Les engagements opérationnels sont de plus en plus abrasifs et la violence de plus en plus déchaînée. Les affrontements sont également bouleversés par l’emploi massif des drones, l’intelligence artificielle, le cyber et les nouvelles technologies de l’information. Ils se sont déplacés au cœur des populations, et même réintroduits sur notre sol depuis 2015.

Fort de ces constats, le projet de rénovation de la formation initiale des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan entend encore mieux préparer nos futurs chefs à la singularité d’un métier où la mort est une hypothèse de travail et non un accident. L’effort vise donc notamment à étoffer la pensée du décideur afin qu’il conserve en toutes circonstances une liberté d’appréciation fondée sur un socle de valeurs et de références partagées. Dans le brouillard de la guerre, la culture est un phare. Parfois amené à donner la mort en acceptant l’idée de la recevoir, le chef militaire ne peut promouvoir les vertus de sacrifice consenti ou d’obéissance sans une compréhension profonde de ses actes, qu’encadre une morale de l’action exigeante.

Le projet postule également que le caractère du jeune officier mérite une attention accrue. Or il est plus difficile de donner de l’épaisseur humaine que d’enseigner des compétences ! Multiplier les mises en situation de responsabilité et confronter davantage à la réalité sont deux leviers choisis pour gagner en maturité. Désormais, un stage en régiment de trois mois, comme sergent à la tête d’une dizaine d’hommes, constituera le point d’orgue de la première année à Saint-Cyr.

En complément, les programmes d’enseignement seront réexaminés et exclusivement structurés autour des quatre défis qui fondent l’exercice du commandement : combativité, autorité, intelligence et humanité. À chaque défi correspondra une progression, sur un, deux ou trois ans selon l’école concernée, où professeurs civils et instructeurs militaires œuvreront côte à côte, dans une volonté de décloisonnement des savoirs et de rapprochement des objectifs d’éducation et de maturité.

Enfin, les activités brassant les élèves de toutes origines - mais tous animés d’une générosité et d’un sens du service hors du commun - seront multipliées pour valoriser la complémentarité réelle des parcours individuels (recrutements directs, internes et contractuels) et favoriser cohésion et ouverture d’esprit. Parallèlement, la formation des officiers contractuels - qui représentent désormais 30 % du recrutement de cette catégorie - sera rallongée, rehaussée et sanctionnée par la délivrance d’un mastère spécialisé.

Grande école du commandement, Saint-Cyr continuera à former les officiers dont l’armée de terre a besoin à condition de s’adapter en permanence aux évolutions du monde dans lequel ils vivent et combattent. L’excellence de notre formation est notre meilleur atout pour faire le choix du changement et assumer une singularité reconnue.

Général de division Patrick COLLET
Commandant les écoles de Saint-Cyr  Coëtquidan
Le Figaro


* Les écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan sont composées de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (ESM, concours externe) et de l’École militaire interarmes (EMIA, concours interne). Une troisième école, destinée aux officiers contractuels, est en cours de création.

 
Source photo : Ministère des Armées
Crédits : Armée de Terre

Rediffusé sur le site de l'ASAF : https://www.asafrance.fr/

Retour à la page d'actualité

Source : www.asafrance.fr

Rechercher dans les archives

Les archives sont réservées aux adhérents de l'ASAF. Vous souhaitez adhérer ou renouveller votre adhésion, cliquez ici.

Du 
Au