Lettre d'information ASAF de septembre 2022 : La vérité du temps

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Lettre d'information - Septembre 2022

 

 

La vérité du temps

 

Il est extrêmement rare qu’au sein de l’hémicycle de notre Assemblée nationale, les députés présents, saisis par la force morale et la rigueur intellectuelle sans faille de l’orateur se trouvant à la tribune, abandonnent momentanément les consignes de leur parti pour redevenir un court instant des personnes et non plus des « raisons sociales ».

Ce fut le cas le 19 octobre 1950, quelques jours après que, dans la bataille de la Route coloniale numéro 4 (RC4), en Indochine, les forces françaises présentes furent pratiquement anéanties et perdirent 5 000 hommes. Ce jour-là, monsieur Pierre Mendès France, depuis la tribune de l’Assemblée, sut trouver les mots justes pour ébranler la conscience des députés qui se trouvaient en face de lui. Il leur expliqua, alors, que pour sortir de la crise indochinoise, il n’y avait qu’une alternative : soit multiplier par trois les moyens militaires engagés, hommes et matériels, et donc multiplier par trois le budget des armées, soit rechercher un accord politique avec l’adversaire. Les deux options ayant été refusées, c’est pourtant la seconde que la France, gouvernée par monsieur Mendès France lui-même, fut contrainte de mettre en œuvre trois ans et demi plus tard, à Genève, après sa défaite à Diên Biên Phu.

Parfois, en effet, il peut arriver que du haut des quelques marches qui conduisent à la place de l’orateur, celui-ci, faisant abstraction de l’habituelle componction qui s’attache à l’exercice, réussisse à fendre un instant l’ordinaire dialogue narcissique auquel les élus présents à l’Assemblée se livrent habituellement. On peut alors apercevoir d’un coup, brutalement, pour la durée d’une éclipse, l’égoïsme de chacun refoulé au profit de l’intérêt général, c'est-à-dire au profit de la vérité du temps.

Les forces armées françaises sont engagées, sans discontinuer, depuis la fin de la guerre d’Algérie, dans ce que l’on nomme des OPEX (opérations extérieures). Au cours de ces cinquante dernières années, à la date du 25 juillet 2022, 779 militaires ont été tués au combat et, de l’aveu récent d’un chef d’état-major des Armées, on compte entre 250 et 300 blessés par an, dont certains très gravement atteints et nécessitant de lourdes amputations. Pourtant, depuis quand, s’agissant de l’engagement de nos soldats, n’a-t-on pas connu à l’Assemblée un tel moment ?

À notre connaissance, les dernières personnalités qui ont réussi à provoquer un frémissement de tout l’hémicycle, à générer un mouvement de houle silencieux recouvrant des visages surpris ou tendus, furent madame Simone Veil lors de son discours précédant le vote de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse, le 17 janvier 1975, et monsieur Robert Badinter lors de sa présentation du projet de loi sur l’abolition de la peine de mort, le 9 octobre 1981.

Quand, au sujet de nos soldats qui font la guerre tous les jours, y aura-t-il un homme ou une femme qui, par le seul magnétisme de son verbe, saura nous faire revivre un tel moment d’exception ? Certes, l’exercice n’est pas facile et l’orateur, homme ou femme, doit se sentir bien seul à la tribune dans un tel moment. Armé de sa seule conviction, il doit être animé d’une foi profonde dans laquelle puiser et capable de se renforcer à la source et au fur et à mesure des mots prononcés.

Au cours de ces trente derniers mois, on a souvent assisté à des hommages, rendus par une Assemblée debout, aux personnels soignants de toutes catégories pendant les phases aiguës de la crise sanitaire de la Covid ou, plus récemment, aux sapeurs-pompiers engagés pour lutter contre des feux de forêt ayant atteint des intensités jamais égalées dans plusieurs régions de France. De même, pour chacun de nos soldats tués au combat, une minute de silence est respectée dans l’hémicycle.

Mais ce dont nos soldats ont besoin, ce ne sont pas des hommages, en particulier lorsqu’ils sont morts. Ce sont des voix capables de convaincre le président de la République et le gouvernement de fournir à nos armées les moyens nécessaires à un réarmement massif pour soit « gagner la guerre avant la guerre », soit avoir la capacité d’être engagées dans des combats de haute intensité et dans la durée (général d’armée Burkhard).

Ce que nos soldats et ceux qui les soutiennent attendent, c’est, à la tribune de l’Assemblée, un Danton : « Le tocsin qu'on va sonner n'est point un signal d'alarme, c'est la charge sur les ennemis de la Patrie. Pour les vaincre, il nous faut de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace, et la France sera sauvée ! » ou un Clemenceau : « Ma politique étrangère et ma politique intérieure, c’est tout un. Politique intérieure, je fais la guerre ; politique extérieure, je fais toujours la guerre. Je fais toujours la guerre ». 

À l’aube de son second mandat, le président de la République, chef des Armées, conscient de la dégradation inquiétante de la situation internationale liée à la guerre en Ukraine, s’est engagé à réévaluer sensiblement les annuités qui restent à courir de la loi de programmation militaire 2019-2025. Nous y serons très attentifs, car il s’agit là d’un nouveau rendez-vous avec la vérité du temps.

 

La RÉDACTION de l’ASAF
www.asafrance.fr

 


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