11 NOVEMBRE. Itinérance des taxis de la Marne en septembre 1914. LIBRE OPINION de Dominique BAUDRY.

Posté le mercredi 07 novembre 2018
11 NOVEMBRE. Itinérance des taxis de la Marne en septembre 1914. LIBRE OPINION de Dominique BAUDRY.

En ce début de Novembre 2018, le gouvernement a justifié une fois encore l'importance de la hausse de la fiscalité des carburants, qui devrait faire augmenter le prix du litre de 6 centimes pour le gasoil et de 3 centimes pour l'essence au 1er janvier 2019. «Il faut davantage taxer les énergies fossiles car on doit en sortir pour réinvestir dans les nouvelles énergies». Il a rappelé que «70 à 80% du prix des carburants», varient selon les cours mondiaux. Au moment où le Président de la République effectue une « itinérance mémorielle » il serait paradoxal de ne pas se souvenir du rôle joué par les voitures automobiles à essence dans le succès de la Grande Guerre, notamment lors de l'épisode des taxis de la Marne en septembre 1914!

En effet, le Général Joffre, commandant en chef des armées françaises, décide le 6 septembre 1914, face à l’offensive allemande, de contre-attaquer et d’envoyer des troupes en renfort sur le front de l’Ourcq pour lancer la « bataille de la Marne ». Les trains ne pouvant suffire à leur transport, le général Gallieni, alors gouverneur militaire de Paris, réquisitionne le jour même 630 taxis parisiens de la marque Renault. Partis de l’esplanade des Invalides, ils achemineront, à une vitesse moyenne de 25 km/h, plus de 3 000 soldats des 103ème et 104ème Régiment d’Infanterie jusqu’à Silly-le-Long et Nanteuil-le-Haudouin, à une centaine de kilomètres de Paris. Au total près de 120 000 kilomètres cumulés et sans doute près de 12 000 litres de carburant consommés pour le trajet aller-retour. Pour l’anecdote la réquisition des taxis n’est pas gratuite. L’armée paye, en effet, 70 012 francs « de courses » comme un simple promeneur ou usager !

L’épisode historique des taxis de la Marne a une grande signification, dans l’imaginaire collectif. C’est une aventure héroïque, qui associe étroitement le monde du front et celui de l’arrière dans la défense de la patrie. Le Général Gallieni, qualifiant cette initiative tactique, évoque une « bonne idée de civil », qui trouve une application militaire. L’union sacrée était ainsi matérialisée et concrétisée pour la postérité.

L’énergie, l’unité nationale et un certain « génie français » de l’improvisation se sont conjugués pour stopper l’ennemi. Si le rôle des taxis n’est pas décisif stratégiquement en septembre 1914. L’épisode acquiert immédiatement, notamment grâce à la relation dans les organes de presse, une forte portée symbolique. Il représente un  sursaut national victorieux et fédérateur.

Aujourd'hui l'automobile est, semble-t-il, la cause de tous les maux et les mots pour le dire fracturent le pays tout au long de l’itinérance mémorielle dédiée à nos héros. Il serait sans doute plus convenable de consacrer à la mémoire centenaire des Poilus et de tous les français, qui ont fait l’Histoire, un véritable temps de cérémonial apaisé.


Dominique BAUDRY
Membre Asaf

 

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