ACTIONS INTERNATIONALES : La France et la Centrafrique. EXTRAIT de l'audition du général François LECOINTRE.

Posté le vendredi 14 septembre 2018
ACTIONS INTERNATIONALES : La France et la Centrafrique. EXTRAIT de l'audition du général François LECOINTRE.

Thomas Gassilloud député membre de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale


Mon général, je souhaiterais vous poser quelques questions sur la Centrafrique qui rappelleront peut-être quelques souvenirs à l’ancien chef de section du 3erégiment d’infanterie de marine que vous êtes ! Depuis le retrait de l’opération Sangaris, la France a impulsé des actions internationales – déploiement de douze mille hommes de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), présence de la mission de formation de l’Union européenne à Bangui et maintien d’un élément de soutien national de cent cinquante personnels pour permettre une remontée en puissance rapide, si la situation l’exigeait. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre perception de la situation en Centrafrique et éventuellement sur les accords de défense bilatéraux entre la France et la République centrafricaine ?

Général François Lecointre, chef d’état-major des Armées

C’est sympathique de me rappeler que j’ai été marsouin, lieutenant au 3régiment d’infanterie de marine à Bangui. Aujourd’hui la situation continue de se dégrader en Centrafrique et chaque fois que la situation se détériore au-delà d’un certain degré de crise humanitaire, seule la France prend ses responsabilités afin d’arrêter les massacres, comme nous l’avons fait lors de l’opération Turquoise au Rwanda, pour l’honneur de la France quoiqu’en disent certains. Nous souhaitons mettre en avant la coopération internationale avec l’opération de l’ONU, assez efficace, et l’Europe avec la présence d’EUTM-RCA. Le pouvoir centrafricain sait que, si nécessaire, nous sommes prêts à intervenir en réassurance à partir du Gabon. Nous n’abandonnons pas les Centrafricains, nous sommes prêts à assumer la relève des Portugais à la tête de l’opération EUTM à la fin de leur mandat l’année prochaine. Nous sommes présents mais ne voulons pas l’être au premier rang et nous laissons la communauté internationale faire son travail en étant attentifs et en faisant savoir au président Touadéra que nous le sommes. Un de mes prochains rendez-vous téléphoniques avec mon homologue russe, le général Guerassimov, sera l’occasion de parler de l’action des sociétés militaires privées en Centrafrique. Je pense, à ce propos, que les Centrafricains commencent à s’inquiéter d’une possible attitude de prédation de la part de ces sociétés. Nous n’abandonnons donc pas la Centrafrique et il serait tout à fait illusoire de croire que le sujet s’évanouirait avec notre départ.



                            Extrait de l’audition du général François LECOINTRE

Rediffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

Source : www.asafrance.fr