AFGHANISTAN : Le Chef d’état-major interarmées ne confirme pas l’annonce du retrait des troupes US d’Afghanistan  

Posté le mercredi 14 octobre 2020
AFGHANISTAN : Le Chef d’état-major interarmées ne confirme pas l’annonce du retrait des troupes US d’Afghanistan   

Milley évite l'approbation du calendrier de sortie de Trump en Afghanistan

Lors d'un entretien avec NPR diffusé  ce lundi matin, le président des chefs d'état-major interarmées (Chef d’état-major interarmées), le général Milley, a rompu avec la Maison Blanche lorsqu'il a refusé d'approuver un plan visant à réduire les effectifs des troupes en Afghanistan à 2 500 au début de l'année prochaine.

Le conseiller à la sécurité nationale du président Donald Trump, Robert O'Brien, a déclaré mercredi à un public qu'il soutenait un plan visant à réduire à 2 500 soldats au début de l'année prochaine, mais le général Mark Milley ne considère pas cela comme un accord conclu.

"Je pense que, vous savez, Robert O'Brien ou n'importe qui d'autre peut spéculer comme bon leur semble", a déclaré le général Milley à NPR au cours de l’interview. "Je ne vais pas me livrer à des spéculations. En revanche, je vais m'engager dans l'analyse rigoureuse de la situation en fonction des conditions et des plans dont j'ai connaissance et de mes conversations avec le président ».

Les commentaires du général Milley sont intervenus après que le président Trump, jeudi, avait dépassé la projection d'O’Brien dans un tweet annonçant que les 4 000 soldats restants en Afghanistan «devraient» rentrer chez eux à Noël.

«Et puis, lorsque nous arriverons au point où nous aurons d'autres discussions et d'autres décisions, celles-ci seront rendues publiques de manière appropriée. Mais pour le moment, ce n’est tout simplement pas approprié pour moi de faire cela », a ajouté le général Milley. "Si d'autres veulent le faire, c'est à eux de décider. Mais pour l'instant, ce n'est pas à moi de le faire."

Le général Milley, qui a rarement donné des interviews en tête-à-tête au cours de ses 40 ans de carrière, est apparu sur NPR à un moment où il a été largement absent des projecteurs médiatiques. Son dernier briefing au Pentagone remonte à mai.

«La clé ici est que nous essayons de mettre fin à la guerre de manière responsable, délibérée, et de le faire à des conditions qui garantissent la sécurité des intérêts vitaux des États-Unis en matière de sécurité nationale,…», a-t-il déclaré.

 

Depuis lundi, à la suite de la nouvelle que le vice-commandant adjoint des Garde-côtes, l'amiral Charles Ray, qui a assisté à une réunion du 2 octobre dans le bureau du général Milley, était testé positif au COVID-19, le général Milley et d'autres membres de l'état-major interarmées ont été mis en quarantaine chez eux.

"Je veux juste faire un point de situation ici et je peux assurer le peuple américain que les chefs d'état-major interarmées sont pleinement fonctionnels, même s’ils le sont depuis chez eux", a-t-il déclaré.

 

Le commandant adjoint du Corps des Marines, le général Gary Thomas, a également été testé positif, bien que le général Milley ait ajouté que personne d'autre qui a assisté à la réunion n’a été testé positif, après plusieurs tests.

«Nous avons tous, vous savez, des installations d’information compartimentées spéciales - intégrées dans nos maisons, que vous soyez ici, à l’annexe navale ou au centre-ville», a-t-il déclaré, «et nous avons tous les mêmes systèmes de communication que nous avons dans le Pentagone ».

 

La réponse du Pentagone au diagnostic de l’amiral Ray était en contraste frappant avec la Maison Blanche, qui a traité plus d'une douzaine de cas - y compris ceux du président et de la première dame - après un week-end de fin septembre d'événements consécutifs sans respect des gestes-barrière, de la distanciation physique et du masque.

 

«Nous avons une force d’environ 2,3 millions de soldats et nous avons peut-être été exposés à quelqu'un que nous savons être positif, alors nous avons appliqué les directives, nous sommes allés directement consulter nos médecins et nous avons sorti les directives», a déclaré le général Milley des protocoles d'auto-isolement, de test et de traçage des contrats.

Le général Milley a ajouté que lui-même et les chefs d'état-major sont considérés comme des membres du personnel des infrastructures essentielles et qu'à ce titre, ils n'étaient donc pas tenus de s'isoler chez eux.

"Mais je pensais que c'était prudent, compte tenu de nos devoirs et responsabilités et compte tenu de nos capacités de communication chez nous", a-t-il déclaré. "Donc, je veux juste m'assurer que les hauts responsables militaires de l'armée américaine ici sont en sécurité et capables d'opérer. Et je pense que cela donne un bon exemple aux forces armées.

 

Temps tumultueux

 

Le recul du général Milley des projecteurs est survenu juste après sa présence le 2 juin dernier avec le président Trump, le secrétaire d’état à la Défense Mark Esper et divers autres hauts responsables de l'administration à Lafayette Square, après que la police du parc national ait tristement nettoyé le parc des manifestants, en utilisant des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc.

Peu après, lors d'un discours d'ouverture préenregistré à l'Université de la Défense nationale, le général Milley s'est excusé d'avoir participé à l'occasion de la photo politique.

«Je pense que nous avons une très, très longue tradition militaire apolitique qui remonte vraiment à l'époque de George Washington ... Et nous voulons nous assurer qu'il y a toujours un leadership civil, un contrôle civil de l'armée, et nous obéissons aux ordres légaux de contrôle civil de l'armée, tradition de longue date, et nous adhérons à l'état de droit », a-t-il déclaré à NPR.

 

Des questions se sont toutefois posées quant à savoir si l'armée jouerait un rôle dans une élection contestée, peut-être en retirant le président Trump de la Maison Blanche s'il perdait et refusait un transfert pacifique du pouvoir.

Le général Milley les a également écartées, expliquant que le Congrès et la Cour suprême avaient cette surveillance.

"Ce n'est pas la première fois que quelqu'un suggère qu'il pourrait y avoir une élection contestée", a-t-il dit. "Et s'il y en a, cela sera traité de manière appropriée par les tribunaux et par le Congrès américain. L’armée américaine n’a aucun rôle à jouer dans la détermination du résultat d’une élection américaine. Zéro, elle n’a aucun rôle ici »

 

Meghann MYERS
Military Times

 

Meghann Myers est la  cheffe du bureau de Military Times au Pentagone. Elle couvre les opérations, les politiques, le personnel, le leadership et les sujets divers touchant les membres des armées.

 

Commentaires du traducteur :

Cette distance prise avec la maison blanche par le CEMA américain vis-à-vis du retrait des forces d’Afghanistan est à rapprocher de la déclaration du secrétaire général de l’OTAN :

Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a réaffirmé jeudi 8 octobre la décision de l'Alliance de retirer ses forces d'Afghanistan «ensemble» avec les Etats-Unis, après l'annonce du président Donald Trump de se retirer pour Noël.

«Nous avons décidé ensemble d'aller en Afghanistan. Nous procéderons ensemble aux ajustements des forces et nous quitterons le pays ensemble», a-t-il affirmé au cours d'un point de presse.

La mission Resolute Support de l'Otan en Afghanistan compte 12 000 militaires de 38 pays dont 8.600 américains. Les Etats-Unis ont par ailleurs d'autres troupes déployées dans ce pays.

Les annonces du président américain seront discutées lors d'une réunion des ministres de la Défense de l'Alliance le 22 octobre.

Les alliés européens se sont à plusieurs reprises dits agacés par les annonces du président américain sur cette question et le Pentagone a assuré à chaque fois qu'aucune décision ne serait prise unilatéralement.

 

De plus, l’accord signé fin février entre les USA et les Taliban devant une trentaine de représentants diplomatiques étrangers stipule que le retrait des troupes alliées se fera dans le même rapport que le retrait américain.

 

Mais surtout, l’accord stipule que des conditions rigoureuses doivent être respectées sur la situation sécuritaire intérieure en Afghanistan et sur les dispositions prises pour empêcher qu’aucun élément ne puisse menacer et nuire aux intérêts des USA et ses alliés. Et là c’est une autre affaire !

 
Rediffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

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Source : www.asafrance.fr