AGENCE SPATIALE EUROPENNE : Sophie ADENOT, lieutenant-colonel devenue astronaute  

Posté le mardi 17 janvier 2023
AGENCE SPATIALE EUROPENNE : Sophie ADENOT, lieutenant-colonel devenue astronaute   

Sophie ADENOT : « L’exploration spatiale nous offre un œil différent sur la planète »

 

Pilote d’essai sur hélicoptère, le lieutenant-colonel Sophie Adenot a été sélectionnée parmi 22 500 candidats pour intégrer la nouvelle promotion de l’Agence spatiale européenne (ESA). Entretien avec le nouveau visage français de l’exploration spatiale.

 

Qu’avez-vous ressenti en apprenant votre sélection pour la promotion d’astronautes 2022 de l’ESA ?

Une immense joie, bien sûr. Mais aussi une certaine sérénité, puisque cette annonce marquait la fin d’un long processus de sélection comportant beaucoup d’incertitudes. Je me sens également très humble devant l’immense tâche qui m’attend.

 

Vous souvenez-vous du jour où vous avez voulu devenir astronaute ?

Il ne s’agit pas d’un jour en particulier, mais plutôt d’une série de déclics. Tout d’abord, la visite d’une exposition du Centre national d’études spatiales à la maison de Radio France, lorsque j’avais à peine dix ans. J’y ai découvert toutes les missions d’exploration humaine de l’espace et l’apport de spationautes français comme Jean-Loup Chrétien et Michel Tognini. J’en suis sortie avec des étoiles dans les yeux et une envie d’explorer moi-même l’espace. Ensuite, un peu après, la lecture de la biographie de Marie Curie. J’ai été fascinée par son parcours et par son apport gigantesque au monde scientifique. C’est elle qui m’a donné l’envie de pratiquer des sciences à haut niveau. Enfin, la mission de Claudie Haigneré en 19961 m’a définitivement convaincue d’orienter mon cursus vers le domaine des technologies et de l’exploration spatiale. Dès lors, je n’avais plus qu’une envie : devenir astronaute.

 

Pourquoi est-il important aujourd'hui d’aller dans l'espace ?

L’exploration spatiale permet d’avoir un œil différent sur la planète. Il faut savoir que les satellites fournissent 60 % des données climatiques, essentielles à la gestion de la crise climatique. Les missions sont aussi l’occasion de tester et de repousser les limites de la technologie. Certaines pourraient d’ailleurs nous servir dans quelques années. Un exemple très simple : à bord de la Station spatiale internationale (ISS), un astronaute utilise cinq litres d’eau par jour, alors qu’une personne comme vous et moi en utilise 100 litres sur Terre. Ces technologies de recyclage de l'eau pourraient donc un jour être réutilisées dans nos maisons.


Qu'est-ce qui vous fascine dans ce lieu « hostile » ?

Pouvoir prendre du recul. Je pense qu’en observant la Terre d’aussi haut, une partie de nous devient philosophe. On en vient à se poser des questions sur la condition et la place de l’humanité au sein de ce grand système solaire.


Vous avez intégré l’armée de l’Air en 20052, à 23 ans. Vous êtes-vous engagée dans le but de devenir astronaute ?

Oui, clairement. Après l’apprentissage des sciences durant l’adolescence, mon ambition était d’intégrer une institution comme l’armée de l’Air afin de vivre des missions en équipe, avec des technologies performantes J’ai toujours été soutenue dans mon projet par l’ensemble du ministère, et je suis très fière d’être aujourd’hui la première aviatrice à devenir astronaute. D’autant plus que c’est une joie partagée avec tous.


Quels conseils donneriez-vous à un petit garçon ou à une petite fille rêvant d'aller dans l'espace ?

De toujours croire en son étoile et de faire abstraction des commentaires négatifs ! Il faut du temps pour passer du rêve à la réalité, mais il est possible d’y arriver avec beaucoup de travail et de persévérance. Il faut accepter également que certaines portes se ferment. Mais cela ne signifie pas que d’autres ne vont pas s’ouvrir ensuite.

Vous avez été vous-même inspirée par de grands scientifiques. Êtes-vous prête à devenir une source d'inspiration ?

Être ambassadrice fait vraiment partie des choses qui me tiennent à cœur. Je ne serais jamais arrivée là si je n'avais pas eu l'inspiration moi-même de la part de scientifiques, d’astronautes, de chercheurs ou encore d’astrophysiciens. Inspirer à mon tour me semble être un juste retour des choses.


Au-delà de l'ISS, votre objectif est-il de fouler la Lune ?

Pour l'instant, je suis concentrée sur l’entraînement. Je prends les choses étape par étape. Mais j’en rêve, oui.

Le 17 août 1996, Claudie Haigneré est devenue la première Française à partir dans l'espace, dans le cadre de la mission franco-russe Cassiopée à destination de la station Mir.

2 Depuis 2018, Sophie Adenot exerce également au sein du centre d’expertise Essais en vol de la Direction générale de l’armement.

 

 
Ministère des Armées
17/01/2023

 

 

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Source : www.asafrance.fr