ARMEE DE TERRE : L’exercice Manticore 2022 pour parfaire l’interopérabilité

Posté le mercredi 16 novembre 2022
ARMEE DE TERRE : L’exercice Manticore 2022 pour parfaire l’interopérabilité

Exercice Manticore : Combat de haute volée

 

 

La campagne d’Occitanie a été le théâtre d’un exercice inédit : Manticore 2022, du 12 septembre au 10 octobre. La 11e brigade parachutiste, la 4e brigade d’aérocombat et le commandement des forces spéciales Terre ont œuvré de concert sur un scénario d’ouverture de théâtre. L'objectif principal : parfaire l’interopérabilité dans la profondeur du champ de bataille avec la participation de nations alliées.

 

Sous la tour de contrôle de l’aérodrome de Cahors-Lalbenque, une centaine de soldats préparent leurs parachutes dans l'obscurité. Il est 7 heures du matin. Dans moins d’une heure, ils seront largués sur Rodez. Cet exercice aéroporté (EAP) est la dernière phase de l’exercice Manticore. Déroulé fin septembre, il a réuni trois semaines durant, la 11e brigade parachutiste (11e BP), la 4e brigade d’aérocombat et la brigade du commandement des forces spéciales terrestres. Des entités ayant la capacité commune de mener des actions dans la profondeur du champ de bataille.


« Inédit, cet entraînement nous permet de renforcer les liens. C’est aussi l’opportunité d’éprouver la capacité de projections successives et de masse par la 11e BP. »

Général Benoît Desmeulles, commandant la 11e BP

Sur le tarmac, la tranche arrière de l’A400 M s’abaisse, laissant apparaître l’équipage-largage dans un faisceau de lumière. En lien avec le personnel navigant de l’aéronef, il procède au contrôle de chaque agrès de la soute avant l’embarquement des paras. « Notre rôle est d’assurer leur sécurité de la phase de vol au largage », explique l’adjudant-chef Nicolas, chef largueur du 1er régiment du train parachutiste (1er RTP).

 

Au plus près des zones d’opération

 

Depuis le pôle national des opérations aéroportées (PNOAP) de Toulouse-Francazal, le 1er RTP, a orchestré la première OAP. Le personnel de cette unité présent dans les aéronefs, l’est aussi sur le terrain : ils ont déployé les deux BOAP secondaires qui ont permis d’acheminer les paras par poser d’assaut sur Cahors ou par aéro-largage sur Castres puis Rodez. Ces mises à terre successives sur différentes zones et en situation tactique dégradée est une des spécificités de Manticore.

Elles ont été rendues possible grâce au module de re-projection des forces (MRF). Cette structure permet d’enchaîner les opérations aéroportées au fur et à mesure de l’avancée de l’opération et d’assurer le ravitaillement des troupes. Elles assurent le transport du GTIA et de son équipement.

 

« Le MRF regroupe des moyens humains et matériels. Il est conçu pour exploiter une structure aéroportuaire ou un terrain sommaire, en urgence. »

Capitaine Pierre-Alexis, chef de l’escadron d’appui à la mise à terre

 

En plus des capacités du 1er RTP, la structure inclut si besoin les moyens du 17e régiment du génie parachutiste pour le rétablissement d’une piste, des JTAC du 35e régiment d’artillerie parachutiste pour la coordination 3D et enfin les logisticiens du 14e régiment d'infanterie et de soutien logistique parachutiste.

 

Le PC sous tension

 

Un à un, les soldats du GTIA composé en majorité de légionnaires du 2e régiment étranger parachutiste (2e REP) sont contrôlés scrupuleusement avant d’embarquer. Armes, parachutes, sacs pour 48 heures d’autonomie, chacun porte en moyenne une charge de 50 kilos. Ils effectuent leur troisième re-projection par air.

L’objectif ? Détruire un poste de commandement adverse puis avancer dans la profondeur. La poussée des moteurs incline les corps des bérets verts comme un seul homme. Tous profitent de ce bref instant de répit, pour piquer un somme. Trente minutes plus tard, les largueurs font signe aux parachutistes de se lever.

Les portes latérales s’ouvrent, laissant entrer l’air frais. Accroché au câble avec ses hommes, le colonel Baptiste Thomas, chef de corps du 2e REP attend le signal pour sauter. « Ici, le poste de commandement est mis sous tension. Une première. D’habitude nous animons et planifions nos entraînements. Aujourd’hui, je ne sais pas de quoi demain sera fait, au même titre que mes légionnaires. ». Le voyant rouge passe au vert, la sonnerie retentit.

 

Soumis à la rusticité

 

Pas de temps à perdre. Une seconde de trop dans l’avion, c’est une dizaine de mètres à rattraper au sol. Sur deux colonnes, les paras se dirigent vers les portes pour un saut à ouverture automatique à 300 mètres d’altitude. Les largueurs cadencent la sortie des paras, tels des métronomes. En moins de trois secondes, les voiles se gonflent.

Au sol, fermiers et enfants assistent à un spectacle de lanternes volantes. Les soldats impactent tour à tour la surface rocailleuse. À peine posés, ils passent en disposition de combat pour rejoindre le point de rassemblement. Comme vu la veille, les sections progressent le long des pistes et s’approchent de l’objectif. Le PC principal a pris position dans un bosquet à 8 km de la zone de mise à terre.

 

« Nous progressons surtout à pied. Pas de place pour le matériel de confort. Nos PC sont allégés au maximum et sont soumis à la rusticité. »

Colonel Baptiste Thomas, chef de corps du 2e REP

 

Autour d’une carte se déroule le premier point de situation : l’assaut devra attendre car des renseignements indiquent la présence de canons d’artillerie adverse.

 

Le nerf de la guerre

 

À Caylus, deux hélicoptères Tigre et une Gazelle du 1er régiment d'hélicoptère de combat rejoignent un plot de ravitaillement avancé en carburant. Ils sont accueillis par les parqueurs du peloton de protection, de reconnaissance et d’aide au déploiement (PRAD). « Notre aide est essentielle surtout lorsque nous devons les faire poser dans un mouchoir de poche », précise le caporal-chef Loïc, parqueur au PRAD.

De jour comme de nuit, ces derniers s’assurent que la zone soit propre pour un poser en toute sécurité. Cette fois, ils les guident par gestes au plus près du camion-citerne. Les opérateurs du service de l’énergie opérationnelle prennent le relais. Les pilotes décollent pour trois heures de vol. Manticore éprouve aussi bien les hommes que les matériels.

 

Repenser nos modes d’action

 

Basée sur la ferme de Pécam du camp de Caylus, l’escadrille de maintenance hélicoptère du 1er RHC assure le suivi de 6 Caïman, 4 Tigre et 4 Gazelle. Le capitaine Kevin commande 38 maintenanciers comptant des mécaniciens cellules et moteurs, avioniques, structure et les documentalistes. Les nombreuses heures de vol imposent des révisions fréquentes afin de garder une disponibilité technique opérationnelle optimale.

 

« La haute intensité n’est pas nouvelle pour nous. Au quartier ou en opérations, nous avons l’habitude de travailler dans des délais très courts. Ici, pas de hangar ni de moyens de levage. Nos conditions de travail sont beaucoup plus sommaires. »

Capitaine Kevin, commandant l’escadrille de maintenance hélicoptère du 1er RHC

 

Un kilomètre plus loin, un Caïman décolle de la ferme de Gabach avec à son bord un réservoir souple de carburant. Accompagnés d’un Tigre et d’une Gazelle, ils partent avitailler d’autres hélicoptères sur une position avancée.

 

« Face à un ennemi doté des mêmes moyens, nous effectuons des patrouilles furtives avec de petites entités. On cherche la fulgurance pour créer l’incertitude chez l’adversaire. »

Capitaine Léo, commandant de bord sur NH 90 et chef de patrouille

 

« Un galop d’essai »

 

En contrebas, une compagnie de Marines s'entraîne au combat en espace clos. Dans la soirée, ils participeront à une opération héliportée à bord des Caïman du 1er RHC. Armes au poing, ils répètent inlassablement chaque mouvement, de l’ouverture d’angle à la reconnaissance des pièces. Les militaires français sont invités à participer à l’exercice. Le ciment semble avoir bien pris entre ces deux détachements.

 

« Le renfort de cette unité d’infanterie américaine confère une capacité interarmes indéniable au GAM. Cela nous permet de tenir sur le terrain mais aussi de contribuer à renforcer notre interopérabilité. »

Colonel Vincent Michon, chef de corps du 1er RHC

 

Le vrombissement des moteurs d’un Tigre résonne. Au centre d’une clairière, ses pales agitent la végétation. Le lieutenant Thomas assiste à la scène. Pilote Tigre opérationnel depuis seulement trois mois, il profite de chaque heure de vol pour parfaire ses techniques de pilotage.

« Les conditions qu’offre cet exercice sont similaires à celles des missions. De la communication radio à la gestion des autres aéronefs en vol. Un galop d’essai avant le grand bain. » D’un bond, le félin des airs atteint les cieux en frôlant la cime des arbres. Direction Rodez pour détruire les pièces d’artillerie ennemies et permettre aux légionnaires d’atteindre leur objectif.

 

 

ADJ Anthony THOMAS-TROPHIME
Ministère des Armées,
Terre Information Magazine
16/11/2022

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Source : www.asafrance.fr