ARMÉE DE TERRE : « Représentant la réalité du terrain, la concertation dispose d’une force légitime politique ». Interview du Colonel LEGRAND, Secrétaire général du conseil de la fonction militaire-Terre (CFM -T).

Posté le jeudi 07 juin 2018
ARMÉE DE TERRE : « Représentant la réalité du terrain, la concertation dispose d’une force légitime politique ». Interview du Colonel LEGRAND, Secrétaire général du conseil de la fonction militaire-Terre (CFM -T).

La 59e session nationale du conseil de la fonction militaire-Terre (CFM -T) se tient toute la semaine à Paris. Deux thèmes majeurs font l’objet de discussions poussées : le suivi des blessés et le ressenti du « Plan famille ». Pour chacun, des pistes d’amélioration ou de réflexion sont en cours, présentées ce soir au chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT). En attendant, le secrétaire général du conseil nous explique la nécessité d’une concertation crédible au sein de l’armée de Terre.

 

1 - Mon colonel, en quoi consiste la concertation de l’armée de Terre ?

C’est un dispositif institutionnel de dialogue interne entre des représentants légitimes de la communauté militaire et le commandement. Selon le code de la défense, chaque niveau de la chaîne de commandement est chargé de veiller aux intérêts de ses subordonnés. Dès lors, la concertation vient en appui du commandement dans une démarche déterminée et constructive, concourant à la promotion de la condition militaire. Articulée autour du conseil de la fonction militaire Terre (CFM-T), la concertation dans l’armée de Terre s’ancre localement au niveau du corps avec les commissions participatives (CPC). Elle est relayée au niveau zonal lors de journées zonales semestrielles (les JZT) et au niveau national par les travaux du CFM-T, organe de conseil du chef d’état-major de l’armée de Terre qui nourrit aussi l’instance ministérielle interarmées qu’est le conseil supérieur de la fonction militaire (CSFM). Constitué de 260 membres tirés au sort dans différentes catégories de grade, de statut et de profils d’emploi, le CFM-T représente l’ensemble des Terriens, qu’ils servent ou non au sein de l’armée de Terre. Il se réunit périodiquement en plénière (65 membres) mais œuvre aussi en permanence en réseau, de façon très réactive.

2 - Les travaux sont-ils suivis d’effets ?

La concertation est le haut-parleur de l’armée de Terre qui restitue fidèlement les préoccupations et les attentes des militaires relevant statutairement de l’armée de Terre, quels que soient leur ancienneté, grade ou affectation d’emploi. Qu’il soit militaire du rang, sous-officier, officier affecté dans un régiment des forces, dans un groupement de soutien encore au sein des hôpitaux militaires ou du ministère de l’Intérieur, la concertation permet de dire les choses directement au CEMAT, sans filtre intermédiaire.
Représentant la réalité du terrain, elle dispose d’une forte légitimité politique. Si elle n’obtient rien directement par elle-même, elle constitue pour le commandement un appui souvent déterminant et peut le guider dans certains choix. Elle a ainsi contribué à faire déboucher récemment de multiples dossiers : création de l’indemnité d’absence cumulée (IAC), extension de l'indemnité pour sujétion d'alerte opérationnelle (AOPER), non-fiscalisation des primes Sentinelle, dons de jours de permissions pour enfant malade, entre autres.

3 - Quels sont les points d’attention actuels des membres du CFMT ?

Depuis janvier dernier, le dispositif de concertation Terre a travaillé en particulier trois sujets majeurs :

  • • La perception du plan famille tout d’abord. Il s’agit de faire part du ressenti et des attentes des militaires, en complément des indicateurs de suivi de mise en œuvre de ce plan. Il s’agit par exemple de proposer des adaptations concrètes comme une meilleure prise en compte de la situation familiale, l’éloignement géographique ou encore la création de mesures complémentaires telles le maintien d’un conseil juridique de proximité ou de garde-meubles militaires.
  • • La prise en compte des blessés ensuite, qu’il s’agisse de blessés en opérations extérieures, sur le territoire national, en service ou hors service. Le but est ici d’éviter que des blessés ne soient oubliés au bord du chemin et de pousser à une meilleure reconnaissance des engagements sur le territoire national, mais aussi de faciliter le maintien du lien avec la formation d’origine.
  • • La poursuite de la rénovation de la concertation, entreprise en 2016, enfin. L’objectif est de rendre le dispositif encore plus robuste et légitime en s’appuyant davantage sur le travail en réseau.

Par ailleurs, le CFM-T réfléchit déjà aux questions de la réforme des retraites ou de la nouvelle politique de rémunération des militaires (NPRM), pour faire valoir la juste reconnaissance de la spécificité militaire.  


Auteur : Armée de Terre « au contact »
defense.gouv.fr

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Source : www.asafrance.fr