ARMEMENT : L’impitoyable guerre commerciale entre Paris et Berlin pour la vente de sous-marins

Posté le vendredi 01 juin 2018
ARMEMENT :  L’impitoyable guerre commerciale entre Paris et Berlin pour la vente de sous-marins

Alliés dans l’aviation ou les chars de combat, Paris et Berlin se livrent une bataille commerciale impitoyable dans les submersibles conventionnels.

 

C’est le grand amour, version kaki.

Après des années de méfiance réciproque, Paris et Berlin ont décidé de relancer résolument les coopérations franco-allemandes dans la défense. La ministre des Armées Florence Parly et son homologue Ursula von der Leyen ont officialisé, le 26 avril au salon aéronautique ILA de Berlin, le lancement du futur avion de combat franco- allemand prévu pour 2035-2040 et développé par Dassault et Airbus. Un futur char de combat franco-allemand, successeur des Leclerc et Leopard, devrait aussi voir le jour, de même qu’un avion de patrouille maritime commun, ainsi qu’un drone de surveillance associant aussi l’Italie et l’Espagne.

Front polonais

Pourtant, il y a bien quelque chose qui cloche dans cette idylle savamment mise en scène. Plus qu’un accroc, une guerre sanglante entre le français Naval Group (ex-DCNS) et son rival allemand TKMS dans le segment des sous-marins conventionnels, c’est-à-dire à propulsion non nucléaire. Après avoir croisé le fer à Singapour (victoire allemande), en Australie (victoire française) et en Norvège (victoire allemande), les deux frères ennemis poursuivent leur duel à mort de la Pologne à l’Italie et des Pays-Bas à l’Inde. « Une lutte fratricide qui risque, à terme, de tuer tout le monde », craint Jean- Pierre Maulny, directeur adjoint du think tank Iris. La bataille la plus âpre se déroule en Pologne.
Dans cette compétition à 2,4 milliards d’euros pour trois à quatre sous-marins, à laquelle participe également le suédois Saab Kockums, les coups volent aussi bas que les mouettes sur la mer Baltique. TKMS assure que le Scorpène français est inutilement sophistiqué, souligne les retards de livraisons de Naval Group en Inde et au Brésil et met en doute l’efficacité de son système de propulsion « anaérobie », qui permet d’éviter de remonter à la surface pour évacuer les gaz d’échappement. « Ils ont également essayé d’exploiter la fuite de données sur le Scorpène indien, sans trop de succès », assure-t-on côté français.
Naval Group dézingue aussi à tout va. Le français rappelle à Varsovie qu’aucun des sous-marins TKMS de la marine allemande n’est opérationnel, du fait de problèmes de maintenance et de batteries. L’ex-DCNS avance aussi que les réservoirs d’hydrogène des submersibles allemands font peser un risque d’explosion sur l’équipage. Tout en martelant que les sous-marins allemands sont bien plus bruyants que le Scorpène, un défaut fâcheux pour des engins destinés à faire face aux sous-marins russes.
Paris réserve ses missiles.

Vincent LAMIGEON
Source: Challenges

 

Source : www.asafrance.fr