ARMEMENT : Berlin voit ses exportations d’armes s’envoler.

Posté le dimanche 30 octobre 2016
ARMEMENT : Berlin voit ses exportations d’armes s’envoler.

Le montant des exportations a bondi de 15 % au premier semestre. Un succès encombrant pour le gouvernement allemand. Les crises internationales profitent aux industriels allemands de l'armement. Selon les chiffres publiés mercredi par le ministère de l'Economie, les autorisations d'exportation d'armes se sont élevées à 4,03 milliards d'euros au premier semestre, soit une hausse de 15 % par rapport à la même période l'année dernière. Ce qui serait un motif de réjouissance en France est toutefois un succès encombrant pour le ministre Sigmar Gabriel, qui a fait de la restriction des exportations un cheval de bataille. Soucieux de préserver son aile gauche, le vice-chancelier social-démocrate (SPD) avait durci les règles d'exportations d'armes de petit calibre, dont les ventes ont de fait reculé.

Le secteur s'estime pénalisé

Les chiffres incluent la livraison pour près de 1 milliard d'euros d'une frégate à l'Algérie, qui avait été autorisée en 2012, ou celle d'hélicoptères à l'Arabie saoudite. Les ventes vers ce pays, qui mène une guerre controversée au Yémen, ont atteint 483 millions d'euros.

« Si vous regardez par exemple d'autres Etats de l'Union européenne, comme la France, les autorisations se chiffrent en milliards, s'est défendue une porte-parole du ministère de l'Economie. Nous nous sommes dotés de règles particulièrement restrictives, ce n'est pas le cas d'autres pays », a-t-elle ajouté.

L'industrie allemande, qui regrette l'échec de récents appels d'offres, remportés par des entreprises françaises (DCNS en Australie, Dassault en Inde), se sent pénalisée et plaide pour un assouplissement des règles d'exportations et une harmonisation européenne. Le ministère n'y semble pas favorable.

Niveaux historiques

Il semble cependant s'attendre à ce que le niveau déjà historique d'exportations d'armements atteint l'an dernier, de 7,86 milliards d'euros, soit dépassé sur l'ensemble de 2016, sur fond de tensions internationales croissantes. Témoin, les exportations de munitions sont passées de 27 à 284 millions d'euros au premier semestre. Premiers clients : la France et l'Irak (combattants Peshmergas). Le gouvernement, qui se prépare à renforcer son propre engagement militaire au Mali, estime ainsi soutenir la lutte contre l'Etat islamique. « Compte tenu des annonces de certains pays alliés pour renforcer leurs activités d'armement dans un contexte de crises internationales sérieuses et de menaces terroristes, nous attendons également des niveaux élevés d'autorisations vers ces pays » au deuxième semestre, indique le ministère.

 

Thibaut MADELIN

Source : Les Echos