ARMEMENT : Ils ont fait l’industrie en 2014 : Pierre Vivini, l’architecte de la dissuasion nucléaire tricolore

Par Leïla de MATHAREL –« l’Usine Nouvelle » - (Adressé par André Dulou).
Le laser mégajoule (LMJ) de la direction des applications militaires
Qui sont ces personnalités qui ont fait l'industrie en 2014 ? L'Usine Nouvelle leur dédie une série. Quatrième épisode aujourd'hui, avec Pierre Vivini, chef du projet laser mégajoule à la direction des applications militaires du Commissariat à l’énergie atomique, il a été élu ingénieur de l'année 2014 par L'Usine Nouvelle et Industrie & Technologies.
C'est en faisant son service militaire, juste après avoir été diplômé de l’ENS Télécom de Paris, que Pierre Vivini a découvert le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et la dissuasion nucléaire. 30 ans plus tard, il dirige le projet laser mégajoule, au sein de l'organisme de recherche. Après l'arrêt des essais nucléaires, c'est grâce à ce programme que la France assure la pérennité de sa dissuasion nucléaire. Couplé avec un système de simulation numérique, le LMJ est l'instrument qui permet de reproduire à une très petite échelle ce qui se passe dans une arme nucléaire. De longues chaînes de composants optiques et d’amplificateurs font converger les faisceaux vers la cible : une bille de 2 mm, dans laquelle l’énergie apportée par les lasers peut déclencher une réaction de fusion nucléaire.
De véritables expérimentations de fusion nucléaire
Entre 2007 et 2011, Pierre Vivini est à la tête de l'équipe chargée de la conception et de la gestion du laser en lui-même. Puis il prend la direction globale du programme, au moment où les installations commencent à être mises en place à Barp (Gironde). Pourtant, cet ingénieur de formation se destinait plutôt aux télécoms. Mais les technologies de pointes utilisées par le CEA l'ont passionné dès son embauche, juste après son service militaire.
Jusqu'en 1993, il a travaillé sur l'architecture des futures têtes nucléaires. Il se retrouve ensuite sur le terrain, chargé de mener des essais mécaniques et thermiques sur la tenue des têtes nucléaires à leur environnement, avant de devenir adjoint au chef du département des lasers de puissance, où il participe au développement du prototype du LMJ.
En 2007, enfin, il rejoint l’équipe du mégajoule, au moment même où le projet entre en phase de réalisation. Elu ingénieur de l'année 2014 par L'Usine Nouvelle et Industrie & Technologies, Pierre Vivini n'en a pas fini avec ce programme d'envergure : sur les 22 chaînes laser prévues, une seule est complète à l'heure actuelle. Elle permet de commencer l’expérimentation sur la tenue des matériaux aux conditions extrêmes. La montée en puissance progressive débouchera ensuite sur les véritables expérimentations de fusion nucléaire.