EXPORTATION de 80 Rafale : L'industrie de Défense ou la France qui gagne

Posté le dimanche 05 décembre 2021
EXPORTATION de 80 Rafale : L'industrie de Défense ou la France qui gagne

L'exportation de matériels militaires

Les énormes contrats de matériels aériens (80 Rafale F4, 12 Caracal...) signé par les EAU la semaine dernière à rouvert un débat récurrent sur la justification et l'intérêt de tels contrats pour la France.

 

Il est utile de rappeler à cette occasion un certain nombre de faits essentiels.

-       La France possède encore la capacité de concevoir et de fabriquer la plupart des matériels nécessaires pour nos armées, ce qui est une garantie d'indépendance nationale.  Seuls quatre pays dans le monde en sont capables (USA, Chine, Russie et France).

-       Les autres pays sont plus ou moins dépendants de fournisseurs extérieurs pour leurs matériels majeurs (avions de combat, navires de guerre, blindés, hélicoptères, missiles etc.). Il est clair que le pays fournisseur a de multiples moyens de peser alors sur l'outil de défense des pays considérés. De ce point de vue, les USA, en direct ou au travers d'organisation comme l'OTAN ne se privent pas de ce moyen d'action. La France peut constituer une alternative crédible pour des pays qui souhaitent garder une certaine autonomie de décision, grâce à la qualité de ses matériels unanimement reconnue. C'est clairement ce qui a permis aux industriels français avec l'accord du gouvernement d'avoir de vastes possibilités de contrats export depuis 60 ans.

-       Le marché intérieur français est de plus en plus étroit. Les dépenses d'étude et de développement de matériels à très hautes performances demandés par les états-majors croissent beaucoup plus vite que les budgets alloués au ministère. Les matériels que la France veut se réserver, pour des raisons stratégiques et pour des respecter des accords internationaux comme la non-prolifération, (essentiellement ce qui touche à la dissuasion nucléaire) représente une part considérable du budget de Défense. Pour le reste, il est très important d'avoir une politique dynamique d'exportation qui permet d'amortir des investissements très lourds, d'assurer des séries industriellement viables en évitant le « stop and go » extrêmement onéreux pour les industriels. Sans export, des pans entiers de notre industrie d'armement risquerait de disparaître.

-       Les gains pour le pays sont multiples : L'industrie d'armement est très souvent duale. Que seraient l'industrie aéronautique et spatiale française sans ses activités à finalité militaire ? C'est évident pour les activités de recherche amont, mais c'est aussi le cas pour des activités concernant des programmes.  Cela maintient des emplois à très haute qualification sur le territoire national. Il y a des bénéfices financiers qui équilibrent nos industriels (des centaines d'entreprises en bénéficient grâce à la cascade des sous-traitants). L’État s'y retrouve également directement par le paiement d’impôts et de taxes multiples, et indirectement par le paiement de charges sociales. De ce point de vue, la Défense paye des investissements qui sont très largement compensés dans le budget général de l’État.  Il est important d'en avoir conscience.

-       Enfin nos armées qui sont sollicitées en accompagnement de ces marchés exports, en bénéficient également par les multiples liens que cela crée avec des armées étrangères par le biais de la formation notamment, ce qui permet, entre autres, de faire plus facilement des opérations communes, avec des matériels similaires.  Il y a là beaucoup d'éléments permettant de favoriser le rayonnement du pays dans le domaine militaire. 

Il faut rappeler encore une fois que tout export est soumis à autorisation gouvernementale (CIEEMG) et qu'en France les industriels du secteur ne peuvent strictement rien faire sans l'aval des autorités politiques par l'intermédiaire des ministères concernés. C'est donc à ce niveau que se situent les responsabilités de la politique d'exportation de matériels militaires, dont les industriels sont ensuite les exécutants. De ce point de vue, il convient de souligner la remarquable continuité politique sur le sujet depuis 60 ans à travers nos différents gouvernements, ce qui contribue à ce que de nombreux pays fassent confiance à la France. 

 

IGA (2s) Louis-Alain ROCHE
Administrateur de l’ASAF
5 décembre 2021
Article ASAF diffusé sur le site de l'ASAF

Source photo : Armée de l'Air et de l'Espace

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Source : www.asafrance.fr