ARMEMENT - SCALP : Arme de choix pour Chammal.

Depuis Décembre 2015, le missile De croisière SCALP a été utilisé à plusieurs reprises par les chasseurs français dans le cadre de l'opération Chammal. Les équipages français se sont habitués peu à peu à la mise en œuvre complexe du SCALP.
Le 2 avril 2017, un site de production d'engins explosifs de Daech se trouvant à la frontière irako-syrienne est touché par dix missiles Scalp français tirés depuis des Rafale. Quelques instants plus tard l'objectif est de nouveau frappé, cette fois-ci par des bombes guidées tirées par des chasseurs F-16 et F-18 de la coalition. L'ensemble de l'attaque est filmé depuis un ATL2. Deux Rafale Marine viendront compléter l'évaluation des dégâts. Résultat : le site a été totalement détruit.
Des dizaines de tirs.
Il ne s'agit là que de l'une des nombreuses missions effectuée par les forces françaises en employant le missile Scalp depuis le début de l'opération Chammal. Ce missile de croisière, baptisé Storm Shadow au Royaume-Uni et à l'export, a été développé par MBDA. Sa masse est de 1 300 kg et il bénéficie d'un guidage GPS, inertiel ou par suivi de terrain. Officiellement la portée du Scalp est supérieure à 400 km. L'arme est particulièrement efficace contre les objectifs durcis, d'autant que sa trajectoire et son angle de pénétration sont entièrement programmables.
Le Scalp a été employé pour la première fois en Libye au cours de l'opération Harmattan. Le premier raid avait alors été conduit le 23 mars 2011 par des Rafale Air et Marine et des Mirage 2000D contre l'aérodrome d'Al-Jufra situé à 250 km de la côte méditerranéenne. Au final, durant cette opération, seuls trois raids seront conduits avec le missile de croisière de MBDA.
L'opération Chammal correspond à une certaine banalisation de l'emploi du Scalp. Plusieurs dizaines de missiles ont été tirés depuis le premier raid annoncé le 15 décembre 2015. Les Rafale basés aux Emirats arabes unis ont tiré à eux seuls plus d'une trentaine de Scalp, mais des missions ont aussi été conduites depuis la Jordanie et le porte-avions Charles de Gaulle . Cette opération a permis à l'armée de l'Air et à la Marine nationale de gagner fortement en expérience dans l'emploi de cette arme stratégique. Dans un conflit de haute intensité, le Scalp permettrait aux chasseurs le mettant en œuvre de rester à distance de leur cible et de ne pas entrer dans le volume des défenses sol-air ennemies. Au Levant, c'est surtout la capacité de pénétration du Scalp qui est un atout pour détruire des cibles durcies, c'est-à-dire enterrées ou blindées. La précision et la trajectoire de l'arme permettent également de frapper les cibles en limitant les dégâts collatéraux.
Une seule fois, le 1er février 2106, l'état-major des Armées a annoncé qu'un de ces missiles n'avait pas atteint sa cible. L'engin s'était écrasé dans un espace apparemment vierge d'habitations.
Préparation.
Si les équipages de l'armée de l'Air et de la Marine nationale commencent à être habitués aux missions impliquant le missile de croisière, la préparation de ces raids reste longue et complexe. Les missions démarrent avec la réception d'un dossier d'objectif transmis par le Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO/DRM). Celui-ci contient des informations sur la cible et notamment une modélisation en trois dimensions de l'édifice visé. Celle-ci sera introduite dans le système de guidage du missile afin que l'imageur puisse reconnaître l'objectif.
A partir de ce dossier, les équipes des escadrons et des flottilles peuvent débuter la préparation de leur mission. Il faut d'abord réserver des espaces aériens auprès de la coalition comprenant un volume d'attente correspondant à la zone de tir, le couloir de vol du missile et le volume d'arrivée. Un avis peut aussi être adressé aux appareils civils pour leur interdire ces zones. Le but est d'éviter que les missiles ne rencontrent des obstacles durant leur vol. Il faut aussi consulter la météo qui peut influer sur le vol du missile. Les raids sont parfois conduits en coordination avec des appareils alliés ou des chasseurs français venant d'une autre base. Typiquement, des appareils décollant des Emirats arabes unis et de Jordanie dans le cadre de l'opération Chammal. Il faut donc se coordonner précisément avec des timing bien précis. La préparation de la trajectoire du missile est aussi longue, d'autant que pour un même objectif, chaque missile reçoit habituellement un plan de vol différent afin d'optimiser les effets du raid. Un édifice peut par exemple être attaqué depuis des angles différents.
Pour autant les impacts devront être très rapprochés, là aussi pour plus d'efficacité. La préparation d'une mission Scalp est donc complexe et longue, c'est pourquoi elle est en général confiée aux équipages qui ne participeront pas à la mission. Ceux qui mettront en œuvre l'arme peuvent ainsi se reposer avant de décoller. La préparation est un travail d'équipe.
Raid
Pendant ce temps, les mécaniciens chargent les missiles sous les points d'emport des chasseurs. Les Rafale décollant depuis la terre peuvent emporter deux Scalp, les Rafale décollant du porte-avions et les Mirage 2000D emportent une seule arme en point central. Tous les avions sont testés avant le vol pour éviter toute panne ou incident durant la mission. Dernière étape avant le décollage, le briefing du commandant de mission rappelant le séquençage de la mission et le rôle de chacun.
Les appareils décollent ensuite pour des missions qui peuvent durer plusieurs heures, cinq par exemple dans le cas du raid du 2 avril pour les Rafale ayant décollé depuis les Emirats arabes unis. Après le vol de transit, les chasseurs rejoignent la zone de tir. La séquence de tir demande là aussi une grande préparation. A l'heure définie, l'arme est lâchée. 1 300 kg quittent l'aile d'un coup. Les images montrent que l'appareil est bousculé, c'est pourquoi cette séquence se fait sous pilote automatique.
Pendant le raid, un appareil de surveillance tel que l'ATL2 peut observer en permanence l'objectif avec ses moyens optroniques. Il peut ainsi prévenir les chasseurs en cas d'évolution du contexte au sol et filme la frappe. Ces images pourront être employées pour évaluer les dégâts causés à la cible. D'autres vols seront nécessaires dans les heures suivantes afin d'affiner cette évaluation. Pour les équipages ayant participé à la mission, il n'est pas encore l'heure de passer à autre chose. Ces missions complexes sont en effet suivies d'un important processus de retour d'expérience.
La Rédaction de la revue Air & Cosmos.