ATTENTATS : L’armée supprime les jours de repos pour fournir les renforts demandés.

Posté le vendredi 25 mars 2016
ATTENTATS : L’armée supprime les jours de repos pour fournir les renforts demandés.

Le gouvernement veut rassurer les Français après les attentats de Bruxelles, mais les forces de sécurité disponibles sont à la peine. Pour fournir les renforts promis mardi 22 mars par le ministère de l’intérieur, l’armée de terre a ainsi supprimé le jour de repos et d’entraînement des soldats de l’opération Sentinelle.

C’est à ce prix que les 6 500 militaires actuellement engagés dans cette mission de protection peuvent, depuis deux jours, couvrir davantage de sites sensibles, notamment les infrastructures de transport.

L’activité des militaires de Sentinelle s’organise habituellement par séquence de trois jours : ils effectuent deux jours de patrouille, suivis d’une journée d’entretien – entretien des matériels, mais aussi des hommes, avec du sport, de la formation et du repos. Puis la séquence se reproduit : deux jours de patrouille, un jour d’entretien. Et ce pendant deux mois, les unités enchaînant plusieurs missions Sentinelle dans l’année. « On a tapé dans les repos », résume-t-on. Le taux d’activité des soldats, toujours fixé à deux tiers de travail pour un tiers de repos, passe à 80 %.

63 jours d’exercice contre 90 prévus.

Cette organisation, disent les chefs militaires, n’est pas durable. Le moral est fragile. Les critiques sont déjà répandues quant à la pertinence de la mission Sentinelle face à la menace terroriste, et à ses conditions d’exercice. Faute d’effectifs suffisants, les missions de sécurité intérieure privent les unités d’entraînement pour les opérations extérieures – le volume est actuellement de 63 jours d’exercice contre 90 prévus, voire 100 si la France voulait respecter les normes de l’OTAN. Pour éviter le désastre, l’état-major pourrait aussi être contraint d’allonger le temps de mission au-delà de deux mois, afin de préserver par alternance des périodes d’entraînement dans les régiments.

La tension actuelle sur les effectifs ne se relâchera pas avant la fin 2016, car les nouveaux recrutements attendus, promis en 2015 par le président de la République, n’arriveront sur le terrain qu’à partir de l’été.

Des aménagements à la marge sont discutés avec les préfets. Ainsi, les gardes périphériques assurées par les militaires autour du site de Roissy ont été allégées pour être prises en charge par la gendarmerie des transports, ce qui permet aux soldats mobilisés par l’opération Sentinelle d’être plus nombreux dans les terminaux de l’aéroport.

Mais au-delà, c’est un problème sensible qu’il convient de résoudre : depuis les attentats de janvier 2015 à Paris, 80 % des missions des militaires demeurent dédiées à des gardes statiques censées protéger les lieux communautaires juifs (écoles et synagogues), cibles prioritaires des terroristes islamistes. Peut-on les alléger sans risquer de nourrir les inquiétudes ? Pour l’heure il n’en est pas question.

 

 

Nathalie GUIBERT

 

 

Source : Le Monde.fr