CHINE : Prétentions globales du Parti communiste chinois.

Posté le mercredi 25 mars 2020
CHINE : Prétentions globales du Parti communiste chinois.

Entre propagande et réalités

La meilleure image qui me vient à l’esprit pour représenter la présente attitude globale du Parti Communiste chinois, est celle d’un magicien ayant la subtilité d’un pachyderme.

Par le lent mouvement d’une de ses grosses pattes, détourner l’attention de l’auditoire, afin de lui cacher les meubles bousculés par son invasion massive. Son principal artifice : la propagande que les médias en mal de scoop et de tirage, prennent au pied de la lettre.

Quelques exemples concrets :

1. - Les terres rares.

Lancée il y a 30 ans, l’exploitation intensive, à faible coût de revient et sans souci de l’environnement, des gisements situés en Mongolie Intérieure (Bayan Obo - 700 km au Nord-ouest de Pékin -) et au Sichuan (Mianning - 300 km au Sud-ouest de Chengdu -), qui représentent plus de la moitié des réserves globales connues, a permis à la Chine de se placer en situation de monopole sur le marché mondial.

Mais le processus d’extraction des terres rares est compliqué, long et polluant. Les techniques traditionnelles de raffinage utilisent des produits chimiques à base d’acides et d’ammonium toxiques, dont la décharge par les mines dans les rivières n’avait d’abord pas été règlementée en Chine.

Plus encore, selon une note datée de 2005 signée, Xu Guangxian - Docteur en chimie de l’université de Columbia (1951), revenu en Chine après le déclenchement de la guerre de Corée - également connu pour ses recherches sur le nucléaire militaire chinois, « l’extraction du thorium dans la région de Baotou a entraîné la contamination radiologique du Fleuve Jaune. » (…)

C'est un savant chinois qui le dit : « A Baotou, où près de 150 millions de personnes dépendent du fleuve pour leur approvisionnement en eau, tous les poissons sont morts (...) ; Des personnes âgées de 30 ans qui travaillaient près des mines sont mortes d’un cancer, probablement provoqué par une contamination radiologique ».

 

2. - L’écologie :

Subjuguant les pieds nickelés français de la Cop 21, l’Inde et la Chine ont certes consenti à des promesses écologiques et promis d’introduire plus de renouvelables (solaire, hydraulique, éoliennes) dans leurs sources d’énergies, mais leur empreinte charbon reste encore massive. Tout le monde le sait. Les thuriféraires font semblant de l'oublier.

New-Delhi par exemple, avait, avant la Conférence de Paris, déjà envisagé de doubler sa production de charbon d’ici 2020. Son but : augmenter la puissance de ses centrales thermiques de près de 200 GW équivalant à ses efforts d’énergie verte eux-mêmes affichés à 175 GW.

Quant à la Chine où le poids rémanent de l’industrie du charbon et de ses lobbies reste très envahissant, en dépit de la nouvelle vague industrielle des fabricants de panneaux solaires et d’éoliennes dont une part importante est destinée à l’export, elle s’est, sous les applaudissements attendris de Laurent Fabius, elle-même accordée jusqu’à 2030 !!! pour commencer à réduire ses émissions.

Trois semaines avant la conférence de Paris, la publication par les statistiques nationales chinoises du chiffre corrigé de la consommation de charbon plus importante de 17% que celle annoncée dans les documents antérieurs, avait déjà jeté une ombre sur la capacité de la Chine à tenir ses promesses.

 Mais il y a pire. L’empreinte carbone de la Chine, fortement amplifiée par ses stratégies de recherche d’influence et d’expansion économique et commerciale, dépasse très largement ses frontières.

 En Afrique notamment, la mentalité qui associe le décollage économique aux énergies fossiles est encore bien vivace, attisée par la puissance rémanente des lobbies chinois du charbon qui, par le truchement de la variante africaine des « nouvelles routes de la soie » pousse à la construction de centrales thermiques.

Pendant ce temps en France, les Ayatollah de l'anti-nucléaire installent une ambiance à ce point paralysante qu'elle détruit notre savoir-faire.

Conséquence : l'EPR de Flamanville n'entrera au mieux en service qu'en 2023. En Chine où les ingénieurs ont bien compris que le nucléaire est, en attendant mieux, le parachute de secours de l'énergie écologique propre de la planète, ont, depuis l'automne 2019, mis en service à Taïshan à 150 km à l'ouest de Hong-Kong, 2 réacteurs EPR, construits grâce à la coopération française, lancée il y a 40 ans.
Cherchez l'erreur.

3. - Pandémie Covid-19.

 Ayant été à l’origine de la pandémie au moins par une coupable absence de réaction initiale de sa bureaucratie figée restée inerte pendant au moins 3 semaines, le Parti communiste qui dit avoir jugulé les contagions au Hubei, distribue des masques, se répand en bonnes paroles sur la planète et propose son aide médicale tous azimuts, y compris des kits de tests.

 Se sentant quelque peu responsable, il se dit probablement que c’est le moins qu’il puisse faire pour détourner l'attention de ses bévues. Tournant la page – comment faire autrement sans passer pour un ingrat ? -, les récipiendaires se confondent en remerciements. Avec le Président français, Xi Jinping, enfonçant une porte ouverte,  évoque « une communauté de santé pour l’humanité »  Quant au Président Serbe, Aleksandar Vucic, n’y tenant plus, il a, pour prouver sa gratitude, embrassé le drapeau rouge à 5 étoiles.

 Ce n’est pas tout. Alors que la puissance chinoise augmente considérablement, il faut bien mesurer les effets pervers de l’empreinte scabreuse du système politique léniniste vertical au pouvoir en Chine depuis 70 ans qui prétend mettre la planète à ses normes, avec la bénédiction des Sinolâtres.

 Version sinisée des « politiquement corrects » ou de la pensée unique, tombant en pâmoison dès qu’on avance la moindre vérité gênante, ces derniers manquent l’essentiel de l’image jusqu’à ce qu’elle leur saute à la figure.

Sur Asialyst, Jean-Yves Heurtebise, Docteur en philosophie de l'Université d'Aix-Marseille, remarquait récemment la prudence initiale du Directeur général de l’OMS Tedros A. Ghebreyesus, originaire d’Éthiopie « porte d’entrée des Nouvelles routes de la soie chinoises en Afrique », qui le 3 février -  tout de même 10 jours après le durcissement radical des mesures de confinement chinoises - estimait que « les restrictions de vols étaient inutiles ».
De même, 8 jours plus tard, la Chinoise Fang Liu, Directrice de l’OACI recommandait d’assouplir les mesures fermant les vols vers la Chine alors que les compagnies américaines venaient logiquement de les suspendre suite au confinement de toute la province du Hubei. 

A Taïwan, le gouvernement instruit par sa proximité culturelle avec la Chine et informé de la situation réelle à Wuhan par ses propres expatriés, ignorait les apaisements à contretemps des 2 grandes organisations mondiales. Lui aussi fermait les relations avec le Continent.

Au même moment, la France, au diapason de l’O.M.S et de l’O.A.C.I attendait jusqu’à la mi-mars, soit 7 semaines après le confinement chinois du Hubei (60 millions d’habitants) pour prendre des mesures de contrôle plus strictes. Encore le poison intellectuel français continue t-il à s’interroger sur « le respect de nos valeurs d’ouverture ». Ce qui, me dit un ami, revient à se demander au chevet d’un homme qui s’étouffe du Covid-19, si « MOURANT » s’écrit avec un ou deux « R ».

Quant à moi, je répète que j’essaye – ce n’est pas simple - d’éviter les essentialisations : « La Chine », « les Chinois » assimilant en un seul amalgame, la longue histoire du pays, la puissance de sa culture, la richesse de sa pensée politique, la population chinoise et l'actuel régime en place depuis 70 ans.

Paul Claudel qui fut 3 fois consul en Chine à qui on demandait « Que pensent les Chinois ? », répondait en substance : « Je ne sais pas, je ne les ai pas tous interrogés ».

Il a aussi écrit, au milieu de nombreuses contradictions, que « La Chine était un pays ancien, vertigineux, inextricable. Elle pullule, touffue, naïve, désordonnée des profondes ressources de l’instinct et de la tradition. ».

Bref, le Parti unique au pouvoir n'est pas la Chine et le pays résiste à la synthèse. Il faut s'en garder.

François TORRES
Officier général (2s)

Diffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

Source : www.asafrance.fr