CORONAVIRUS : L’Union sacrée d’abord, les règlements de comptes après

Posté le vendredi 27 mars 2020
CORONAVIRUS : L’Union sacrée d’abord, les règlements de comptes après

Le 4 août 1914, devant l’Assemblée nationale, le président de la République, Raymond Poincaré, fit appel à toutes les forces politiques, religieuses, syndicales pour qu’elles réalisent l’union face au péril qui menaçait notre pays. Immédiatement, l’ensemble des organisations politiques et syndicales de gauche, essentiellement la SFIO et la CGT comme les congrégations religieuses se rallièrent au gouvernement. C’est ce mouvement que notre histoire nationale a retenu sous le nom d’Union sacrée.

Qu’en est-il aujourd’hui alors que notre pays est à nouveau en guerre contre un ennemi d’un genre nouveau, mais néanmoins redoutable ? L’opposition politique, toutes tendances confondues, a annoncé son intention de lancer plusieurs commissions d’enquêtes parlementaires tandis qu’en parallèle des médecins et des malades menacent le gouvernement d’éventuelles poursuites pénales.

Quant aux réseaux sociaux, ils sont les vecteurs d’un flux grandissant de menaces de poursuites « Rendez-vous au procès » avertit le président d’un syndicat de médecins tandis que celui d’un autre syndicat dénonce le fait que « L’imprévoyance du gouvernement et de l’administration française a été totale » et déclare que les autorités « auront des comptes à rendre ».

De telles annonces qui sont ressenties par l’exécutif comme des menaces car une commission d’enquête peut déboucher sur des sanctions pénales, même si elles ne manquent pas de fondements, ne sont guère de nature à aider le bon fonctionnement de l’Etat dans sa lutte contre la crise. Elles ne font qu’ajouter une pression supplémentaire aux ministres en charge et, singulièrement, au premier d’entre eux, en plus de celle qu’ils supportent déjà.

Que les choses soient claires ! Il est normal et même nécessaire qu’après la crise des instances compétentes et indépendantes du pouvoir cherchent à identifier les éventuelles défaillances et dysfonctionnements  quelles qu’en soient les origines,  pour les corriger et en tirer des leçons. Mais, tout est dans le tempo. Le moment n’est hélas pas encore venu.

Quant aux responsabilités, il ne faudra pas se contenter de taper sur les gens actuellement en place, certains depuis peu de temps, comme le ministre de la Santé, et les accabler de tous les maux. Le délabrement de l’hôpital, par exemple, est le résultat d’une recherche effrénée d’économies depuis plus de vingt ans. Il faudra donc s’intéresser à l’action (ou l’inaction) des chefs d’Etat ou de gouvernement depuis plusieurs lustres. Ce n’est pas que depuis hier matin que la France ne possède, « en temps normal », que 5 000 lits de réanimation quand l’Allemagne en dispose de 25 000. C’est le résultat d’un choix politique de longue date et tous ceux qui l’on fait ou adopté devront aussi l’assumer.

Alors oui, la transparence devra être faite sur les questions qui se posent, mais par pitié, pas aujourd’hui, mais quand la crise sera passée.

 Gilbert ROBINET
Secrétaire général de l’ASAF

Diffusé sur le site de l'ASAF :www.asafrance.fr

Source : www.asafrance.fr