CORONAVIRUS : Réinventons notre ancien monde avec nos outils d’aujourd’hui

Posté le samedi 04 avril 2020
CORONAVIRUS : Réinventons notre ancien monde avec nos outils d’aujourd’hui

« Nous allons entrer dans un monde nouveau. Rien ne sera plus comme avant ». Voici le leitmotiv que des oracles autoproclamés nous ressassent à l’envi à longueur de confinement. Parmi eux, nombreux sont des laudateurs de la mondialisation, du libéralisme effréné, du supranationalisme européen qui, devenus les émules des devins de la mythologie grecque comme Tirésias ou Amphiaraos, n’avaient pourtant jamais envisagé que le monde dans lequel ils se complaisaient puisse un jour disparaître.

Mais, à la vérité, ces pythies, le plus souvent au masculin, se trompent. Nous n’allons pas entrer dans un nouveau monde, mais dans le monde ancien qui, il y a plusieurs décennies, était le nôtre, et qu’il va falloir réinventer à l’aune de nos outils modernes combinant l’informatique et les moyens de communications.

Après avoir subi les effets destructeurs du productivisme et de la marchandisation, nous allons devoir nous réapproprier notre autonomie dans de nombreux domaines à commencer par notre capacité à nous protéger et à nous soigner, mais aussi à nous alimenter, à conserver notre cadre de vie en sortant des lois du marché. Comme l’a promis le président de la République, il faudra effectivement reconstruire un État-providence qui, quel que soit son coût, ne sera pas une « charge » mais un bien mis à la disposition de tous.

Un autre volet du monde ancien à réinventer sera la relocalisation sur notre territoire de toutes les industries concourant à un contrôle national sur les secteurs vitaux pour la vie de la Nation comme les médicaments, l’énergie, la libre utilisation des moyens et infrastructures de transport. Peut-être, d’ailleurs, faudra-t-il renationaliser certains de ces secteurs. N’est-ce pas ce que le général de Gaulle avait fait au sortir d’une autre guerre ?

Ce retour à une souveraineté nationale « à l’ancienne » s’accompagnera, bien évidemment, d’un contrôle aux frontières. Si l’Europe survit, ce ne sera pas dans sa forme actuelle mais sous celle d’une Europe des nations telle que l’a toujours prédit le général de Gaulle. Il faudra aussi reconquérir une indépendance dans les domaines militaire et diplomatique ce qui loin d’affaiblir la France lui permettra, au contraire, de mieux faire entendre sa voix dans le concert des nations.

Ce qui sera différent du monde ancien que nous avons connu sera lié à l’existence des outils télématiques dont nous disposons aujourd’hui. La frénésie des déplacements se ralentira parce que, plus que les personnes, ce sont les données qui émigreront à grande vitesse. La montée en puissance du télétravail pendant le confinement en a été la prémisse. Le temps gagné grâce à ces techniques sera utilisé à des loisirs ou des voyages eux-aussi relocalisés. Comme jadis, pendant ses temps libres, on ira plutôt voir sa grand-mère dans le Limousin que le temple d’Angkor.

Et puis, l’homme qui aura pris conscience de la fragilité des choses, à commencer par celle de sa propre existence, sera plus sensible à son environnement. Pour le protéger, là aussi les moyens informatiques modernes l’y aideront, en particulier dans le domaine de l’agriculture qui ne sera plus intensive mais répondra aux vrais besoins.

Enfin, dans notre société moderne d’aujourd’hui, trop de nos concitoyens souffrent de précarité et d’insécurité. Quand nous aurons éradiqué le Covid-19, il faudra vaincre aussi ces deux fléaux-là.

 

Gilbert ROBINET
Secrétaire général de l’ASAF

 

Diffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

Source : www.asafrance.fr