CORONAVIRUS : La 11e brigade parachutiste de Toulouse face au Coronavirus

Posté le samedi 28 mars 2020
CORONAVIRUS : La 11e brigade parachutiste de Toulouse face au Coronavirus

"Préparer l’imprévisible »

La 11e brigade parachutiste de Toulouse face au Coronavirus

 

Lors de son déplacement à Mulhouse à la rencontre les personnels du service de santé des Armées mettant en œuvre « l’hôpital de campagne » (en réalité un élément militaire de réanimation NDLR ASAF) déployé pour soutenir des équipes hospitalières débordées, Emmanuel Macron a annoncé un effort accru des armées.
Cette opération « Résilience » qui pourrait mobiliser plusieurs milliers de militaires sera « entièrement consacrée à l’aide et au soutien aux populations, ainsi qu’à l’appui aux services publics pour faire face à l’épidémie de covid-19, en métropole comme en outre-mer, en particulier dans les domaines sanitaire, logistique et de la protection ».

Dans notre région, le point avec le général Jacques de Montgros, commandant de la 11e brigade parachutiste et de la base de défense de Toulouse.

 

La 11e brigade parachutiste sera-t-elle intégrée à l'opération Résilience et si oui, quand, où, comment et avec quels effectifs ?

Potentiellement, toutes les unités des armées françaises sont intégrées à cette opération qui vient s'ajouter à l'opération Sentinelle, sur le territoire, et non en substitution. Elle est la contribution des armées à la lutte contre le Covid-19 et donc, la 11e brigade parachutiste, comme les autres brigades, a vocation à y participer. Concernant le « quand », « où » et « comment », rien n'est prédéfini a priori : notre engagement sera du « sur-mesure ». Nous allons nous efforcer de répondre du mieux possible aux différentes sollicitations en nous plaçant en soutien des autorités civiles qui pourraient avoir besoin d'un concours des armées. Nous sommes disponibles et les missions seront donc définies au cas par cas en fonction des besoins, en coordination interministérielle.

 

Quelles pourraient alors être ces missions ?

L'opération Résilience couvre trois grands domaines :
le domaine sanitaire dans lequel le Service de santé des armées (SSA) et les trois armées Terre, Air, Mer sont déjà engagées, avec, comme on l'a vu, l'hôpital monté à Mulhouse, le transfert aérien de malades ou l'envoi de bâtiments de la Marine, je n'y reviens pas. Mais à ce stade, le domaine sanitaire n'est pas forcément celui où s'exerceront le mieux les capacités de la brigade parachutiste.
Le deuxième domaine possible est celui de la logistique. À travers la mise à disposition d'emprises pour stocker du fret ou le transport, nous pourrions être amenés à agir, compte tenu des possibilités offertes par le quartier Edmé du 1er régiment du train parachutiste (RTP), à Francazal, ou, comme l'ont déjà fait les unités toulousaines, lundi matin, en acheminant des masques de Blagnac vers un dépôt central de l'agence régionale de santé (ARS). Fret, stockage, convoyage, nous pourrions donc contribuer à la lutte contre le Covid-19.
Et puis le troisième domaine, c'est bien sûr la partie sécuritaire, non pas pour veiller aux mesures de confinement, qui sont du ressort des forces de sécurité intérieures, police et gendarmerie, mais pour contribuer à assurer la protection de sites sensibles ou la surveillance de sites nécessaires à la lutte contre le Covid-19, lieux de stockages, de dépôts de matériel médical.

 

Y compris autour des hôpitaux ?

Les modalités resteront à déterminer et n'ont pas forcément vocation à être diffusées, mais l'objectif d'accroître la surveillance autour des sites de santé publique est envisageable, oui.

Au-delà, la 11e brigade parachutiste étant par définition la « brigade de l'urgence », dans l'urgence actuelle, quel est son rôle aujourd'hui ?

Comme toutes les brigades, elle concilie actuellement trois priorités.
La première est la poursuite de nos missions en opérations extérieures (Opex), en opération intérieure (Opint) – avec Sentinelle qui mobilise 500 parachutistes - tout en assurant les alertes, missions qui, bien évidemment, ne s'arrêtent pas.
La deuxième, c'est de préparer l'imprévisible, c’est-à-dire d'être en mesure de soutenir les Français en fonction de l'évolution de la crise en tant qu'outil de réassurance ultime mais aussi de résilience du pays comme on le voit maintenant. Nul ne peut prévoir la durée ni les développements de la crise, aujourd'hui, ni les désorganisations potentielles qu'elle peut générer. Notre métier est donc de préparer cet imprévisible, et, ce faisant, de disposer d'une capacité opérationnelle prête à remplir tout type de mission qui s'avérerait nécessaire pour apporter et accompagner le soutien aux Français.
Enfin, notre troisième priorité, déjà très présente, est d'anticiper la sortie de crise. À l'image de ce que vivent la France et les Français aujourd'hui, notre armée a dû faire face à un ralentissement qui a pu ponctuellement limiter ses fonctions nominales et cela va nécessiter une remontée en puissance. Tout le défi est de réussir à concilier ces trois priorités.


Comment gère-t-on le risque Covid 19 dans les régiments, par définition lieux de vie collective, alors que votre actualité est aussi la préparation opérationnelle des unités qui repartent sur Barkhane, dans une zone sahélienne où le coronavirus arrive aussi ?

Les régiments de la Brigade respectent les consignes de confinement données à tous les Français en les adaptant aux spécificités de notre métier. Concrètement, on a annulé toutes les missions considérées comme non essentielles. Pour une toute petite partie, ceux qui peuvent travailler en télétravail le font mais vous comprenez bien que dans nos unités, ça ne peut correspondre qu'à une infime minorité de l'effectif total d'un régiment. Enfin, on a modifié les activités de façon à continuer la préparation du déploiement en opérations, en l'adaptant au contexte.
On fait désormais des instructions par petits groupes, de la taille d'une chambrée, d'une famille, bref d'une entité de vie et de travail au sein du régiment. C'est valable pour toutes les activités courantes de tous ceux qui ne sont engagés ni en Opex ni en Opint.
Par ailleurs, on a adapté un certain nombre de principes de fonctionnement, dans chacun des régiments en identifiant, si jamais cela s'avérait nécessaire, des lieux de confinement, et, en adaptant, par exemple, l'usage des restaurants pour éviter la promiscuité. Concernant Barkhane, on essaye de prendre toutes les précautions possibles pour que les militaires qui sont projetés ne soient pas porteurs du coronavirus. Pour l'heure, 300 d'entre eux sont sur place, des Groupements de commandos parachutistes et du 2e régiment étranger de parachutistes (REP).

Par ailleurs, concernant les Opex, avez-vous des personnels concernés par le retrait d'Irak ?

Aucun militaire de la brigade n’est aujourd’hui déployé en Irak. En revanche, plus d’une centaine de personnels du 8e régiment parachutiste d’infanterie de Marine (RPIMa) se préparait à y partir en juin. La mission est donc suspendue pour eux.

Dernier point, concernant le Covid-19, avez-vous été confrontés à des cas suspects ?

Nous avons comme tout le monde été confrontés à des cas suspects qui ont donné lieu à des confinements. À ce stade, aucun ne s'est avéré être un cas de coronavirus. Touchons du bois, les règles de confinement adaptées à notre métier ont porté leurs fruits pour le moment. Le service de santé des Armées a été en ligne dès le départ pour instruire, faire de la pédagogie, dépister et participer, en dialogue avec les autorités militaires, à l'adaptation aux règles de confinement aux conditions d'exercice de notre métier.

 

Propos du général Jacques de MONTGROS
recueillis par Pierre CHALLIER
La Dépêche

 

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Source : www.asafrance.fr