CORONAVIRUS : Les gens normaux, les héros et les salauds

Posté le dimanche 29 mars 2020
CORONAVIRUS : Les gens normaux, les héros et les salauds

Toute période dramatique vécue par une nation comme la guerre, une catastrophe naturelle ou industrielle de grande ampleur, des attentats terroristes meurtriers ou encore, comme aujourd’hui, une crise sanitaire d’une intensité jamais connue génère trois types d’individus : les gens normaux, les héros et les salauds.

Les gens normaux sont les plus nombreux. Ce sont ceux qui se contentent, mais c’est déjà beaucoup, de se comporter en citoyens responsables. Aujourd’hui, en pleine crise du Coronavirus, ce sont les Français qui appliquent les consignes gouvernementales relatives au confinement. Dans certains cas, cette normalité peut ressembler à de l’abnégation ou à un grand courage ; pensons, par exemple, aux familles avec de nombreux enfants vivant dans des espaces réduits sans aucun contact avec l’extérieur, ou, à l’inverse, les personnes seules ne pouvant recevoir aucune visite.

Avant de parler des héros, liquidons d’abord les salauds. Leur caractéristique commune, c’est de ne pas manquer d’imagination puisque, dans la liste de leurs abjections, et celle-ci est loin d’être exhaustive, on trouve des appels et des mèls frauduleux de soi-disant représentants du gouvernement, de fausses offres d’achat en ligne de médicaments miracles, de masques ou de gels hydroalcooliques, d’appels à des dons pour de fausses cagnottes caritatives, des offres de décontamination de logements, la vente d’attestations de déplacement pour les personnes démunies d’ordinateur ou d’imprimante et même de faux gendarmes vérifiant ces dernières.

Entre les gens normaux et les salauds, on peut peut-être placer les égoïstes comme les Parisiens qui auraient quitté nombreux la capitale juste avant le confinement et auraient peut-être disséminé le virus aux quatre coins du territoire ? Si tel était le cas, ils risqueraient de s’être puni eux-mêmes en allant tomber malade là où les infrastructures de santé ne sauraient les accueillir. Mais, contradictoirement ils auraient ainsi réduit la surcharge des hôpitaux parisiens saturés et, de ce fait, fait preuve ainsi de civisme.

Mais terminons sur une note positive, celle des héros. Il y a dans ce domaine toute une gamme d’attitudes ou de gestes qui vont de l’héroïsme pur au comportement exemplaire. Cela passe par le premier médecin mort du Covid 19 qui, retraité, avait repris du service, aux éboueurs, policiers, boulangers et caissières du supermarché qui continent à nous permettre de vivre.

Mais on peut citer aussi, parmi une multitude d’exemples, des chefs cuisiniers qui nourrissent gratuitement les soignants et les sans-abri, des religieuses et des couturières à domicile (8 000 dans la seule région des Hauts-de-France) qui confectionnent des masques ou ce pépiniériste qui fleurit toutes les tombes du cimetière de son village avec ses invendus.

Mais que faire me direz-vous quand on ne peut exercer une activité particulière et que l’on est confiné chez soi ? On peut, par exemple, proposer aux voisins d’aller faire leurs courses ou faire du troc avec eux pour s’éviter mutuellement de sortir (je t’échange un paquet de coquillettes contre un litre d’huile). On peut imprimer pour son voisin une attestation de sortie, on peut donner des cours aux enfants des personnels hospitaliers, on peut, on peut…

Mais on peut surtout éviter des comportements lamentables comme d’apposer des affichettes sur la boîte aux lettres ou le pare-brise d’infirmières à qui l’on dit : « Vous êtes au contact de malades, on aimerait que vous vous gariez plus loin ou que vous déménagiez ». Souvenons-nous d’Œdipe coupable de tous les maux et qui avait attiré sur sa famille et sa cité de Thèbes une épidémie de peste. Si Œdipe n’est pas votre cousin, il n’est pas non plus votre voisin.

 

Gilbert ROBINET
Secrétaire général de l’ASAF

 

Diffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

Source : www.asafrance.fr