CORONAVIRUS : Point de l'épidémie COVID-19 au 1er avril 2020 à 0h00 GMT

Posté le mercredi 01 avril 2020
CORONAVIRUS : Point de l'épidémie COVID-19 au 1er avril 2020 à 0h00 GMT

Remarque liminaire :

Certains lecteurs s'étonnent que le nombre de pays soit supérieur à 200 alors que l'ONU en compte moins. Dans les tableaux présentés les départements et territoires d'outre mer de plusieurs grands états, dont la France et les USA, sont comptés séparément et individualisés. Ce mode de décompte permet de mieux saisir les situations particulières de ces DOM-TOM, mais il augmente artificiellement le nombre d'entités considérées qui est de l'ordre de 220-230. En revanche, les entités régionales incluses dans chacun des états (ex: Catalogne ou Pays Basque) sont comptées avec la pays dont elles font partie. En outre, les 2 navires de croisière frappés par le coronavirus sont également considérés comme des entités internationales particulières.

 

Conclusion :

1 - Une vingtaine de pays, dont une majorité de pays africains, ne sont toujours pas touchés par l'épidémie. Mon article portant sur la situation en Afrique, daté d'hier, montre d'ailleurs que le continent africain tout entier (1,216 milliard d'habitants) ne déplore que 162 victimes, nombre à comparer au plus de 42 000 victimes recensées dans le reste du monde, aujourd'hui.

2 - Il est important de savoir que les données présentées sont celles qui sont arrêtées chaque jour à 0h00 GMT. Les comptes rendus des autorités sanitaires de chaque état arrivent donc en continu au fur et a mesure que le soleil éclaire le territoire de chacun d'entre eux. Certains états ne font qu'un seul compte rendu quotidien (France par exemple) d'autres en font plusieurs parce que leur territoire s'étend sur plusieurs fuseaux horaires (USA et Canada entre autres). C'est la raison pour laquelle une heure commune à tous a été définie pour arrêter le bilan d'une journée: 0h00 GMT. Ce sont ces chiffres qui sont repris aux actualités du jour. Les résultats sont généralement «consolidés» le lendemain après vérification.

3 - Ma préoccupation du moment, outre le suivi de la situation en Europe et en Amérique du Nord, consiste à essayer de suivre l'évolution de l'épidémie dans l'hémisphère sud qui vient d'entrer en période automnale. Le rafraîchissement des températures peut-il avoir un impact dans le développement de l'épidémie ? Nul ne le sait vraiment. J'essayerai dans les jours qui viennent de vous proposer un article «spécial - Amérique du Sud» pour faire un point en début d'automne.

C'est à partir de ce point que nous suivrons l'évolution de l'épidémie au cours de l'automne et peut être même de l'hiver austral qui suivra.

 

Situation de l'épidémie COVID-19 au 1er avril 2020 à 0h00 GMT

 

Depuis le début de l’épidémie :

202 pays ou territoires (+2) ou bateaux de croisières (2) ont été affectés par le virus, pour 856 917 (+ 72 179) cas déclarés.
42 107 décès (+ 5 000 hier) ; 177 141 guérisons (+ 12 100 hier) ;
637 669 patients (+ 56 000 hier) en cours de soins, dont 32 297 en état critique (+ 2 700 hier).

A noter que :

42 pays ont eu de 1 à 10 cas détectés depuis le début de l'épidémie (33 d'entre eux ne comptent aucun décès, et les 9 autres ne comptent au total que 10 décès.) ;

  • 47 pays comptent entre 11 et 100 cas détectés depuis le début de l'épidémie pour un total de 40 décès.
  • 4 334 nouveaux décès du coronavirus (+ 619 par rapport à la veille) dans la seule journée du 31 mars. Cela représente plus que les pertes totales de l'Asie de l'Est (Chine+Japon+Corée du Sud+Malaisie) depuis le début de l'épidémie, en une seule journée.
  • 13 pays ont déclaré plus de 200 décès depuis le début de l’épidémie (Italie, Espagne, USA, France, Chine, Iran, Royaume Uni, Pays Bas, Allemagne, Suisse, Belgique, Turquie, Brésil)

Sur les 42 107 décès enregistrés dans le monde depuis le début de l’épidémie, 39 634 l'ont été dans ces 13 pays (94,1 %) et 34 314 (81,5%) dans les pays occidentaux (US, UE, OTAN).

4 130 des 4 334 décès d’hier (95,3%) sont « US, UE, OTAN ». C'est ce camp qui paiera le prix le plus fort tant sur le plan humain que sur le plan économique (récession inévitable, crise économique possible)

 

Au niveau de la planète, la journée d'hier, est, à ce jour, la journée la plus meurtrière de cette épidémie. Tous les records quotidiens ont été battus (Nb de nouveaux cas, de décès et de cas critiques). Tous les indicateurs montrent que ces records devraient être battus et rebattus dans les jours qui viennent, en raison de l'emballement de l'épidémie en Amérique du Nord et, à un moindre degré, du développement de l'épidémie en Espagne, en France et au Royaume Uni. Les indicateurs montrent que l'Italie, malgré un nombre encore très élevé de victimes, arrive au bout du tunnel et devrait, dans les jours prochains entamer «la redescente». L'Afrique, l'Asie, l'Amérique du Sud, l'Europe du Nord et de l'Est semblent «relativement» moins ou beaucoup moins affectés par l'épidémie.

 

Reprenons pays par pays.

Aux USA, l'épidémie commence seulement à s'emballer. Ses records quotidiens de nombre de nouveaux cas (23 559) et de décès (719) sont battus. Le pays, qui a peut être trop tardé à réagir, va battre record sur record au cours des prochains jours, voire des prochaines semaines. C'est ce pays qui payera, in fine, le prix le plus fort à cette épidémie loin devant l'Italie et l'Espagne. Cette épidémie pourrait avoir un impact considérable sur l'issue de la présidentielle américaine.

Trump semble bien, désormais, vouloir enterrer la hache de guerre avec la Chine. Il sait que la Chine contrôle une bonne partie des chaînes d’approvisionnement en médicaments du monde occidental et que les entreprises chinoises peuvent, en partie, combler la pénurie de fournitures et d’équipements des hôpitaux américains. Le monde se trouve aujourd'hui à un moment crucial: celui où l'hégémonie US chancelle, et celui où la Chine prend progressivement la tête d'un nouveau monde multipolaire.

L'Italie voit se stabiliser le nombre des nouveaux cas et celui des cas critiques. Si le nombre des décès est encore très élevé, la situation va désormais s'améliorer. Le pire de l'épidémie est désormais derrière elle. Il devrait lui falloir encore au moins six semaines pour en venir à bout, sans beaucoup d'aide de l'Europe …. Une vingtaine de lits de réanimation offert par la France, au moment ou elle n'était pas encore entrée dans l'épidémie.

L'Espagne et la France poursuivent, ensembles, une période de souffrance maximum qui devrait durer de 7 à 12 jours avec des pertes quotidiennes comprises entre 500 et 1000. La France a dépassé hier les pertes de la Chine. C'est probablement la raison qui pousse nos journalistes à mettre en doute le niveau des pertes chinoises, sans se poser de questions sur la sincérité de nos propres pertes qui excluent les décès du Covid en EHPAD ou à la maison...

Pour aider l'Espagne et la France, la solidarité européenne ne joue vraiment qu'à la marge. L'Allemagne dont les capacités hospitalières ne sont pas saturées, loin s'en faut, n'a proposé que 4 lits de réanimation. L'opération de transfert, fortement médiatisée est une goutte d'eau comparée aux réels besoins. La France (et l'Espagne) comptent toutes les deux près de 5 600 cas critiques. Certains pays membres de l'UE, du Nord et de l'Est de l'Europe, beaucoup moins touchés que nous, ne se bousculent pas pour voler à notre aide …..

Le constat est clair: la solidarité européenne ne fonctionne pas en cas de crise majeure. On s'en doutait, mais on en a désormais la preuve. Cela n'augure rien de bon pour ceux qui rêvent encore d'une défense européenne efficace, et cela montre aussi, les limites d'une réelle solidarité otanienne en cas de crise.

Que les citoyens européens n'aient aucune illusion: si les systèmes de santé européens ont été défaillants parce qu'ils ne disposaient pas des moyens suffisants pour «faire la guerre» au Covid-19, il en est exactement de même pour les forces armées de l'OTAN, ou de l'UE, aujourd'hui sous équipées, sous entraînées, divisées, dispersées sur la planète dans des missions d'ingérence. Le Covid-19 aura tout de même joué un rôle positif en accélérant le retrait de nos forces d'Irak. C'est toujours ça de pris…..

Pour le Royaume Uni, les choses semblent se gâter. Il semble, lui aussi, entrer dans le feu de l'épidémie avec une détérioration de tous les indicateurs et un doublement de ses décès par rapport à la veille. Le Royaume Uni va, lui aussi, beaucoup souffrir dans les deux semaines à venir.

En Allemagne, la situation se détériore également, le nombre de nouveau cas, de décès et de cas critiques est en hausse sensible. La vague continue de monter, mais la situation est encore sous contrôle et l'Allemagne s'est incontestablement mieux préparée que nous.

Ce qui surprend dans l'analyse du tableau ci après, c'est de constater que les pays en développement d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud ont été les moins frappés.

Dans le triste palmarès des 25 pays les plus touchés, 20 sont des pays dits «développés» de la «coalition occidentale» qui cumulent plus de 81,5% des pertes aujourd'hui, et bien davantage demain.

 

Commentaires de Dominique DELAWARDE
Officier général (2s)
Le général (2s) Dominique DELAWARDE est un ancien officier de renseignement, spécialiste des questions internationales et notamment des Etats-Unis.
Reconnu pour la rigueur de ses analyses, il écrit régulièrement dans les publications de l
ASAF.

 

 

 

 

Voir le tableau ci-dessous


stat coro 1 010420

stat coro 2 010420

stat coro 3 010420

 

Diffusé sur le site de l'ASAF : www.asfrance.fr

 

 

 

 

Source : www.asafrance.fr