CORONAVIRUS : Souvenez-vous du Val-de-Grâce

Posté le vendredi 20 mars 2020
CORONAVIRUS : Souvenez-vous du Val-de-Grâce

Je vous parle d’un temps où il existait au cœur de Paris, boulevard de Port-Royal dans le 5e arrondissement, un hôpital, improprement appelé militaire car, bien que servi, en effet, par du personnel militaire ou civil de la Défense, il était ouvert à tous. Il avait pour nom hôpital d’instruction des armées (HIA) du Val-de-Grâce. Co localisé avec l’école d’application du service de santé des Armées (SSA) où est délivré un enseignement complémentaire pour les médecins, pharmaciens, vétérinaires et les officiers d’administration adapté à leurs missions au profit des différentes armées, cet hôpital était régulièrement fréquenté, en tant que personnes nécessitant des soins de qualité, par les plus hautes autorités politiques de notre pays comme ce fut le cas de monsieur Jacques Chirac, alors président de la République, en septembre 2005.

Cet hôpital qui comptait 350 lits a été fermé progressivement entre 2014 et 2016, au prétexte que de nécessaires travaux de mise aux normes auraient coûté quelques millions d’euros et qu’il y avait déjà deux autres HIA en région parisienne, l’un à Saint-Mandé (HIA Begin), l’autre à Clamart (HIA) Percy. Mais, depuis 2016, rien de nouveau n’a été entrepris sur le site qui sert seulement à loger, dans des chambres de malades, les soldats de l’opération Sentinelle en service à Paris. Quel gâchis ! Ne pensez-vous pas que 350 lits d’hospitalisation supplémentaires dans Paris seraient aujourd’hui les bienvenus ?

 

Et puis voilà que l’on fait précisément appel au SSA dont l’existence est rappelée quand le monde civil a besoin de lui, c'est-à-dire dans les situations d’extrême urgence. C’est lui qui monte un hôpital de campagne à Mulhouse pour soulager les structures civiles saturées et qui accueille dans les HIA de Toulon et de Marseille des malades graves évacués par avion militaire médicalisé depuis Mulhouse. Pourtant, depuis plusieurs années lui-aussi souffre, tout comme le service de santé français en général auquel il est intégré. La réduction de capacité du centre de traitement des grands brûlés de l’hôpital Percy, à peine inauguré après restructuration du précédent, centre d’excellence unique en France, fut un épisode récent des contraintes financières et en matière de personnel qui pèsent sur ce service.

 

Espérons que lui aussi fera partie, après la crise, de la nécessaire reconstruction totale du système de santé français. Dans ce cadre, il ne serait peut-être pas inutile de rouvrir le Val-de-Grâce et de redonner au centre de traitement des grands brûlés sa capacité antérieure.

 

Gilbert ROBINET
Secrétaire général de l’ASAF

Source : www.asafrance.fr