CYBER. La Chine et la Russie utiliseront le cyberespace pour semer le chaos si la guerre éclate, selon le Pentagone
WASHINGTON — La Chine et la Russie sont prêtes à déclencher une série de cyberattaques contre les infrastructures critiques et les réseaux de défense américains si la guerre éclatait, selon une stratégie du Pentagone dévoilée cette semaine.
De telles tactiques, destinées à semer le chaos, détourner des ressources précieuses et paralyser la mobilisation militaire, ont été observées en Europe de l’Est lors de l’invasion de l’Ukraine voisine par la Russie, un conflit qui colore la nouvelle cyber-stratégie 2023 du Pentagone. Un résumé non classifié du document a été rendu public le 12 septembre.
« Les États-Unis sont confrontés à des cyber-acteurs malveillants qui cherchent à exploiter nos vulnérabilités technologiques et à saper l’avantage concurrentiel de notre armée », peut-on lire dans l’introduction. « Ils ciblent nos infrastructures critiques et mettent le peuple américain en danger. Se défendre et vaincre ces cybermenaces est un impératif du ministère de la Défense.
Les responsables de la défense considèrent depuis longtemps les risques pour la sécurité nationale de la Chine et de la Russie. Alors que la Chine représente la menace la plus sérieuse et à long terme, disent-ils, la Russie présente des préoccupations plus immédiates. Les deux pays disposent d’importants cyberarsenaux. Un rapport de l’Institut international d’études stratégiques publié en 2021 a placé la Chine et la Russie au deuxième rang de son classement des cyber puissances. Les États-Unis ont été les premiers à intervenir.
La stratégie, qui remplace une version de 2018, décrit la Chine comme une menace de cyber espionnage « vaste et omniprésente », capable de s’enfuir avec des secrets commerciaux de défense et de surveiller les citoyens américains. Il qualifie en outre la Russie de manipulateur en ligne et d’harceleur d’infrastructures critiques telles que les pipelines, les hôpitaux et les transports.
"Les problèmes de cybersécurité partout dans le monde - dans les infrastructures critiques, au pays et à l'étranger - sont au premier plan des préoccupations de nos principaux dirigeants", a déclaré Gregory Touhill, général de brigade à la retraite de l'armée de l'air et ancien chef fédéral de la sécurité de l'information, le 11 septembre lors d'une conférence à National Harbor dans le Maryland. Ses commentaires sont intervenus avant la publication du résumé de la stratégie.
« Nous continuons de considérer les infrastructures critiques comme une cible de cyberattaques, notamment par déni de service, logiciels malveillants, ransomwares et vols de propriété intellectuelle », a-t-il ajouté. "Nous sommes très inquiets à ce sujet."
La stratégie du Pentagone est en rupture avec les plans de défense numérique de la Maison Blanche, déployés en mars. Dans ces documents, l’administration Biden s’est engagée à utiliser « tous les instruments du pouvoir national » pour perturber et démanteler les cyber acteurs malveillants, de près ou de loin.
Cela nécessitera une collaboration importante avec les gouvernements étrangers, les leaders de l’industrie et bien d’autres encore.
« La constellation de relations diplomatiques et de défense du pays représente un avantage stratégique fondamental », peut-on lire dans la stratégie du Pentagone. « Dans le cyberespace, les capacités des alliés et des partenaires se combinent à celles des États-Unis pour permettre le partage d’informations et l’interopérabilité en temps opportun, ainsi que pour contribuer à notre sécurité collective. »
Colin Demarest est reporter chez C4ISRNET, où il couvre les réseaux militaires, le cyber et l'informatique. Colin a déjà couvert le ministère de l'Énergie et sa National Nuclear Security Administration – à savoir le nettoyage de la guerre froide et le développement d'armes nucléaires – pour un quotidien de Caroline du Sud. Colin est également un photographe primé.
Colin DEMAREST
12/09/2023
Defence News