CYBER : Le général d’armée (2S) Marc WATIN-AUGOUARD revient sur l’accord européenne MICNET

Posté le dimanche 20 novembre 2022
CYBER : Le général d’armée (2S) Marc WATIN-AUGOUARD revient sur l’accord européenne MICNET

 

Marc Watin-Augouard : « L’UE a un rôle important à jouer en matière de cyberdéfense »

 

 

Dix-huit pays membres de l’UE ont signé mardi 15 novembre à Bruxelles l’accord MICNET consacré à la cyberdéfense. Son but : renforcer la coordination et la réactivité de nos armées face aux attaques informatiques. Le général d’armée (2S) Marc Watin-Augouard, chef de la majeure « souveraineté numérique et cybersécurité » à l’Institut des hautes études de défense nationale, dresse le panorama de ces menaces hybrides.

 

En quoi l’accord MICNET signé mardi 15 novembre à Bruxelles va-t-il améliorer les capacités européennes, et notamment françaises, à répondre aux cyberattaques ?

 

Je pense que l'Union européenne a un rôle important à jouer en matière de cyberdéfense, un peu à l'image de la « tortue romaine ». Cette formation défensive consiste en un groupe de légionnaires qui se protègent les uns les autres. Le tout forme un bloc, mais chacun est responsable de lui-même. L'Europe doit donc apporter une plus-value dans ce domaine, sans se substituer au devoir des Etats au niveau national. Finalement, elle est là pour cimenter l'action des nations et permettre à chacune de monter en compétence. Aucun pays ne doit rester à la traîne. Il appartient cependant à chaque Etat de mettre en œuvre les moyens civils et militaires nécessaires qui concourent à une cyberdéfense efficace.

 

Plus globalement, quelles sont les origines et les cibles des cybermenaces qui pèsent sur l’Europe et sur la France ?

 

Relier une cyberattaque à un organisme étatique précis ou à un groupe de cybercriminels est très compliqué. Pour justement se prévenir d’être pointés du doigt, les Etats qui utilisent ces moyens ont tendance à sous-traiter auprès des cybercriminels. En agissant ainsi, le pays concerné évite de laisser des traces et provoque une certaine confusion. C’est donc un vrai mélange des genres. Le choix des cibles est surtout une question d’opportunité. Si vous êtes faible et si vous laissez la porte ouverte, l’adversaire en profite. C'est parfois difficile pour les petites et moyennes entreprises qui n'ont pas toujours les moyens de se protéger. Il existe là un trou dans la raquette. Mais il est en train de se combler progressivement.

 

 

« Le cyber n’est pas suffisamment déterminant pour faire basculer un conflit. »

Général d’armée (2S) Marc Watin-Augouard
Chef de la majeure « souveraineté numérique et cybersécurité » à l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale.

 

La Russie est l’un des acteurs majeurs de la cyberguerre. Depuis le début de la guerre en Ukraine, constate-t-on une recrudescence de la cyberinsécurité ?

 

On s’attendait en effet à une explosion des cyberattaques. Mais elles n’ont pas atteint le degré massif que beaucoup craignaient. Plusieurs raisons peuvent l’expliquer. Les cyberattaques demandent du temps, des moyens et beaucoup de préparation. Moscou pensait vraisemblablement gagner la guerre en trois jours sans avoir besoin de les utiliser. Les Russes n’avaient donc rien planifié. L’autre hypothèse concerne les compétences disponibles. De nombreuses personnes ont pu quitter la Russie, emportant leur savoir hors du territoire. Celles qui restent sont sûrement mobilisées sur la protection du système russe face à l’ « IT Army of Ukraine ». Celle-ci a été levée dès le 26 février. Elle compte entre 200 000 et 300 000 membres qui font du hacking en permanence contre les systèmes russes.

 

L’extension de la guerre dans le domaine du cyber va-t-elle changer la structure même des forces armées ? A l’avenir, pourraient-elles agir autant dans le cyberespace que dans le monde réel ?

 

C’est une grosse erreur de penser que le cybernétique va remplacer le cinétique. Il y aura toujours une armée conventionnelle. En Ukraine par exemple, le canon joue un rôle primordial. Le cyber n’est pas suffisamment déterminant pour faire basculer un conflit dans un sens comme dans l’autre. En revanche, la capacité cyber doit se développer en complément. Il est fondamental de posséder les deux facettes. Un pays doit être capable de descendre en gamme dès lors que le fonctionnement de ses systèmes numériques est perturbé. Si un soldat perd son fusil, il doit pouvoir utiliser son couteau malgré tout.

 

Pour accéder à la vidéo complète : https://youtu.be/v52DJNpLy3Y

 

Ministère des Armées
17/11/2022

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Source : www.asafrance.fr