DÉCÈS du lieutenant-colonel Arnaud BELTRAME : Message personnel du général d'armée Richard LIZUREY, Directeur général de la gendarmerie nationale.

Posté le dimanche 25 mars 2018
DÉCÈS du lieutenant-colonel Arnaud BELTRAME : Message personnel du général d'armée Richard LIZUREY, Directeur général de la gendarmerie nationale.

Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame nous a quitté à l'aube, ce matin.

Mes pensées vont, en cet instant, à son épouse, Marielle, ses parents et sa famille. Elles vont aussi à ses camarades du groupement de l'Aude, de la région Languedoc-Roussillon et tous ceux qui avaient eu l'honneur de servir à ses côtés au cours de sa riche et brillante carrière. Elles vont enfin aux militaires engagés dans cette opération et à leur famille. Je leur adresse mon soutien tout particulier, en ces heures douloureuses.

Né le 18 avril 1973 à Etampes (91), le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame a servi la France pendant plus de 22 ans.

Appelé à l'activité le 1er novembre 1995 en qualité d'officier de réserve au sein de l'école d'application de l'artillerie à Draguignan (83), il se classe parmi les meilleurs de sa promotion à sa sortie, en mars 1996. Nommé aspirant, il commande d'abord une section d'artilleurs parachutistes au 35e régiment d'artillerie parachutiste de Tarbes (65), avant de rejoindre le 8e régiment d'artillerie, à Commercy (55) où il prend la tête d'une section d'observation dans la profondeur en qualité d'officier de réserve en situation d'activité.
Résolument engagé dans l'action, apprécié de ses chefs et de ses subordonnés, il est admis sur concours à l'école militaire interarmes de Coëtquidan (56) en 1999 et sort major de la promotion « Campagne d'Italie » en 2001. Il fait preuve d'appréciations particulièrement élogieuses au terme d'une scolarité brillante : « Courageux, il se bat jusqu'au bout et n'abandonne jamais ». Ses cadres soulignent son « esprit résolument offensif face à l'adversité ». Il choisit alors de servir en Gendarmerie, où il termine, une fois de plus, major de la promotion « capitaine Gauvenet », en 2002.

Constant dans son goût de l'effort, il rejoint le Groupement blindé de gendarmerie mobile à Versailles (78) où il commande un peloton de VBRG à l'escadron 16/1 et prépare activement les tests d'entrée du GSIGN (GIGN actuel). Energique et doté d'un important potentiel physique et mental, il réussit en 2003 les difficiles tests d'entrée de l'escadron parachutiste d'intervention de la gendarmerie nationale. Il fait ainsi partie des quelques militaires retenus parmi les 80 candidats de la session.
Chuteur opérationnel, il assume les responsabilités d'adjoint au commandant de l'escadron parachutiste d'intervention de la Gendarmerie nationale. Il participe à de nombreuses missions sur le territoire national et à l'étranger. Il est notamment engagé en Irak comme chef du détachement gendarmerie en 2005, dans des conditions particulièrement dégradées en termes de sécurité. Il conduit ainsi, au péril de sa vie, une mission complexe de récupération d'un ressortissant français menacé par un groupe terroriste, qui lui vaut d'être décoré de la croix de la valeur militaire avec citation à l'ordre de la brigade.

En 2006, il rejoint la Garde républicaine en qualité de commandant de la compagnie de sécurité et d'honneur du 1er régiment d'infanterie à Nanterre (92). Il met au service de la sécurité du Palais de l'Elysée ses grandes compétences en matière de sécurité-protection et veille, par un engagement soutenu, à maintenir son unité à un haut niveau d'excellence. Il se distingue à de nombreuses reprises qui lui valent d'être récompensé par le commandant du régiment et le directeur général de la gendarmerie.

Le 1er août 2010, il est nommé à la tête de la compagnie de gendarmerie départementale d'Avranches (50). Il y réussit de manière remarquable. A la tête de 155 gendarmes, il commande efficacement le service de ses unités et s'engage personnellement pour combattre les phénomènes de délinquance ou organiser la préparation de grands événements, tel que le 100e  tour de France. Homme de terrain, il manifeste une grande disponibilité et se distingue par son autorité naturelle et son implication sans faille. Il reçoit à ce titre un témoignage de satisfaction du commandant de région.

Son excellente manière de servir, l'impression très favorable qu'il inspire et son MBA en Intelligence économique de l'ISC Paris lui valent d’être retenu, en 2014, pour servir au ministère de l'Ecologie, du développement durable et de l'énergie comme conseiller auprès du secrétaire général. Référent en matière d'intelligence économique, il évolue avec beaucoup d'aisance dans un environnement interministériel de haut niveau, mettant en évidence ses belles qualités relationnelles et intellectuelles.

Nommé à l'été 2017 en qualité d'officier adjoint au commandant du groupement de gendarmerie départementale de l'Aude à Carcassonne (11), Il s'impose très rapidement comme un collaborateur précieux de son commandant de groupement, s'impliquant spécialement dans le développement de la capacité de contre-terrorisme des unités de gendarmerie de l'Aude, dans une excellente synergie inter-services.

Le 23 mars 2018, parmi les premiers engagés sur une prise d'otage dans le Super U de Trèbes (11), n'écoutant que son courage, il n'hésite pas à se livrer au terroriste en échange de la vie d'une jeune femme. Il est abattu quelques heures après, avant que ses camarades ne donnent l'assaut pour neutraliser le terroriste. Il décède des suites de ses blessures le 24 mars 2018.
 
Décoré de la médaille d'or de la Défense nationale en 2009, il était par ailleurs titulaire de la médaille d'Honneur des Affaires étrangères – Argent depuis 2006. Le lieutenant-colonel Beltrame s'était vu decerner en 2007 une citation à l'ordre de la brigade comportant l'attribution de la croix de la valeur militaire suite à son engagement en Irak. Il était chevalier de l'Ordre National du Mérite depuis 2012.

Agé de 44 ans, le lieutenant-colonel Beltrame était marié, sans enfant. Il est mort en service commandé, dans l'accomplissement de sa mission au service de la France.
Par son geste héroïque et son sacrifice, en toute connaissance du danger auquel il s'exposait, il est allé au bout de son engagement de soldat et de gendarme. Au nom de la Gendarmerie et mon nom personnel, je lui exprime toute notre reconnaissance et notre admiration. Son sacrifice nous rappelle la valeur de l'engagement qui est le nôtre au quotidien, pour protéger la population.

 

Message rediffusé par le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

Source : www.asafrance.fr