DIRECTION DU RENSEIGNEMENT MILITAIRE(DRM) : Extrait de l’audition du général Jean-François FERLET

Posté le mercredi 11 avril 2018
DIRECTION DU RENSEIGNEMENT MILITAIRE(DRM) : Extrait de l’audition du général Jean-François FERLET

La Direction du renseignement militaire

Extrait de l’audition du général Jean-François FERLET (DRM)
(8 mars 2018)

 

Positionnement

La direction du renseignement militaire est le service de renseignement des armées.
Je remplis ma mission sous une double tutelle, puisque je sers sous les ordres du chef d’état-major des armées, mais je suis également conseiller de la ministre des Armées en matière de renseignement d’intérêt militaire.

Au niveau interministériel, je fais partie des six directeurs des services de renseignement, dit du « premier cercle », regroupés autour du coordinateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme. Au niveau international, j’entretiens d’importants échanges avec mes homologues étrangers des services de renseignement partenaires.

 

Mission

Ma mission se résume en trois volets. Le premier aspect a trait à l’appui direct en renseignement aux opérations. La DRM déploie des hommes et des capteurs sur les théâtres d’opérations et participe activement à l’analyse du renseignement collecté sur ces zones. Vient ensuite l’anticipation, conçue comme une aide à la prise de décision et à la réorientation des actions ; dans ce domaine, nous travaillons à un horizon de six mois à un an. Enfin, la veille stratégique est une mission permanente, que nous remplissons au quotidien en complément de ces deux premières missions.

Relations

La DRM est en interaction avec de nombreux acteurs ; elle appartient concurremment à trois ensembles.

Le premier constitue la famille interarmées du renseignement
La DRM y travaille en étroite collaboration et concertation avec les armées. La DRM compte un peu moins de 2 000 personnes, tandis que la fonction interarmées du renseignement (FIR), c’est-à-dire les capacités de renseignement mises en œuvre par les armées, représente environ 8 000 personnes supplémentaires, qui disposent de moyens dédiés, variant selon leur milieu d’exercice.

Au sein de cette FIR, j’occupe la fonction de « tête de chaîne ». Sur des sujets aussi divers que le domaine capacitaire, la formation, le recrutement, le pilotage des métiers du renseignement, la doctrine et la coordination des programmes majeurs, la DRM joue un rôle de coordination. Je veille ainsi à ce que toutes les actions lancées dans le domaine du renseignement soient les plus cohérentes possible.

Le deuxième ensemble constitue la communauté nationale du renseignement.
S’y trouvent les six services de renseignement du « premier cercle » :
- direction générale de la sécurité extérieure (DGSE),
- direction générale de la sécurité intérieure (DGSI),
- le service du traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins (TRACFIN),
- la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED) et
- la direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD),
regroupés avec la DRM autour de M. le préfet Pierre Bousquet de Florian, coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme (CNR-LT).

Nous nous réunissons au moins tous les quinze jours pour traiter des sujets qui intéressent l’ensemble de la communauté nationale du renseignement, comme la formation de nos agents par l’Académie du renseignement, la mutualisation des capacités techniques des services de renseignement ou la coordination de nos partenariats internationaux. Au travers d’une structure de coordination rassemblant l’ensemble des services, l’état-major des armées (EMA) et la direction générale de l’armement (DGA), nous suivons les programmes qui ont fait l’objet d’une mutualisation, non seulement pour des raisons d’économie et de coût, mais aussi pour des raisons d’efficacité, de convergence et d’interopérabilité. Le dialogue est donc très fluide entre nos services.

Nous sommes le service référent dans le domaine de l’image et la DGSE l’est dans le domaine du renseignement d’origine électromagnétique. Élaboré sous l’égide du CNR-LT, le plan national d’orientation du renseignement (PNOR) fixe nos orientations. Il détermine, pour chaque service, qui est « menant » et qui est « concourant » sur tel ou tel sujet.

Le troisième ensemble constitue la communauté des services de renseignement au niveau international. La DRM échange des informations avec un peu plus de 70 pays dans des conditions très cadrées et normées. Nous étendons d’ailleurs encore ce réseau.

Le partenariat avec nos homologues étrangers s’inscrit à différents niveaux.
Au premier rang de nos partenaires se trouvent bien sûr les Américains. Nous avons énormément d’échanges avec eux, au niveau central, entre agences de renseignement, et sur le terrain, notamment au Sahel où le soutien américain en moyens aériens de surveillance et de reconnaissance est déterminant pour nos opérations.

Ces échanges de renseignements avec les Américains sont très importants. Ils se sont encore développés davantage depuis l’été dernier, sous l’impulsion du Secrétaire à la Défense, le général James Mattis. Il souhaite en effet que les services de renseignement américains travaillent beaucoup plus avec leurs partenaires étrangers, notamment la France qui est un acteur volontaire, crédible et particulièrement engagé dans la lutte contre le terrorisme. Mais sans aller jusqu’à une formule de Six Eyes, nous avons obtenu des accords bilatéraux de partage du renseignement.

Nous avons d’autres partenaires, à différents niveaux. Notre premier partenaire, au niveau européen, est l’Allemagne. Nos relations et nos échanges sont marqués par un haut niveau de confiance. Cela nous permet d’aller très loin dans les échanges de renseignement, notamment dans le domaine de l’imagerie spatiale. L’Allemagne est aussi notre principal partenaire capacitaire, comme en témoigne sa participation déterminante au programme d’observation CSO (composante spatiale optique).

N’oublions pas d’autres échanges internationaux, qui ont lieu sous l’égide de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ou de l’Europe de la défense.

Dans le cadre de cette dernière, le président de la République a lancé en septembre dernier une nouvelle initiative, l’Initiative européenne d’Intervention (IEI), visant à développer une culture stratégique et opérationnelle commune entre pays désireux de mettre en place une capacité européenne d’intervention renforcée. Un de ses volets consistera à former un équivalent du groupe d’anticipation stratégique (GAS) français, permettant de partager une vision des grands enjeux à un horizon de deux ans – car il ne sert à rien de travailler au-delà de cet horizon dans ce cadre. Nous voulons également œuvrer ensemble sur des sujets d’intérêt commun. Les États approchés pour participer à cette initiative devraient signer fin mai une lettre d’intention qui définira la manière dont nous allons travailler de concert.



Jean-François FERLET
(site www.asafrance.fr)
DRM

 


Source : www.asafrance.fr