EDITION 2015 : Une mission Jeanne d’Arc sans groupe tactique embarqué

Pour la première fois depuis le lancement de la mission annuelle Jeanne d’Arc, en 2010, le groupe amphibie de la Marine nationale, qui appareillera demain de Toulon, va être déployé sans un groupe tactique embarqué (GTE) de l’armée de Terre. Cette décision, que l’on confirme à l’état-major des armées, est liée aux priorités du moment. Les forces terrestres françaises sont, en effet, engagées sur de nombreux fronts, y compris sur le territoire national, où l’opération Sentinelle mobilise depuis les attentats de janvier quelques 10.000 hommes de l’armée de Terre. Dans ces conditions, il a été jugé préférable de ne pas mobiliser, cette année, plusieurs centaines de militaires et des dizaines de véhicules dans le cadre de Jeanne d’Arc. Seul un détachement de l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT), qui armera deux hélicoptères de manœuvre Puma et deux hélicoptères de combat Gazelle, embarquera sur le bâtiment de projection et de commandement Dixmude.
Pour mémoire, le GTE mis en œuvre en 2014 pour la précédente mission Jeanne d’Arc, avec le BPC Mistral et la frégate La Fayette, était constitué d’environ 200 soldats de la 9ème Brigade d’infanterie de marine (9ème BIMA), avec des éléments issus du 3èmerégiment d’infanterie de marine (3ème RIMa) de Vannes, du Régiment d’infanterie chars de marine (RICM) de Poitiers, du 11ème Régiment d’artillerie de marine (11ème RAMa) de Rennes et du 6ème régiment du génie (6ème RG) d’Angers. Des hommes qui avaient embarqué avec leur matériel, dont plusieurs dizaines de véhicules, y compris des blindés. Des moyens mis en oeuvre par la batellerie du BPC, avec des engins de débarquement de types EDAR et CTM.
Pour cette édition 2015, la mission Jeanne d’Arc sera donc réalisée par le BPC Dixmude, accompagné de la frégate Aconit. Les deux bâtiments seront déployés pendant plus de quatre mois vers l’océan Indien et l’Asie, jusqu’en mer de Chine méridionale et en mer du Japon. Au cours de ce périple, le groupe amphibie effectuera de nombreuses missions. Il interviendra notamment en soutien aux opérations dans les zones traversées, par exemple en matière de lutte contre la piraterie et le terrorisme. Le Dixmude et l’Aconit contribueront également aux fonctions de connaissance et d’anticipation par le recueil de renseignements et des actions de coopération, au soutien à l’exportation et, le cas échéant, à des opérations d’aide humanitaire et d’évacuation de ressortissants.
Comme à son habitude depuis sa création il y a cinq ans pour prendre la relève des campagnes de l’ex-porte-hélicoptères Jeanne d’Arc, le groupe a, de plus, une fonction d’école embarquée. A ce titre, 95 officiers-élèves (dont 13 officiers-élèves étrangers et 7 commissaires-élèves) ainsi que 8 stagiaires médecins ont embarqué sur le Dixmude. « Pendant près de 5 mois, "loin, longtemps, en équipage et en mission", à bord du Dixmude et de sa conserve, l’Aconit, les jeunes officiers vont pouvoir, au cours de patrouilles opérationnelles, s’adapter à la vie embarquée, s’exercer au quart et mettre en application les enseignements techniques et opérationnelles qu’ils ont reçus. Profitant d'un intense déploiement opérationnel, ils parachèveront ainsi leur formation de trois ans à l'Ecole navale avant de rejoindre leur première affectation », explique la Marine nationale.
Les « OE », comme on les appelle, sont à bord depuis le 15 février dans le cadre d’une phase d’intégration à quai leur ayant permis de découvrir leur environnement de travail et se préparer avant le grand départ. Ils ont ainsi reçu des enseignements dans les domaines maritimes, humains, militaires et scientifiques et découvriront les arcanes du bâtiment afin d'assumer des fonctions de quart dès l'appareillage.
Par ailleurs, précise la marine, au cours de cette période toulonnaise, des stages, des visites (ESNA, Salon de Provence…) ainsi que des échanges avec des représentants des industries maritimes (CMA CGM, Technip, Armateurs de France, etc.) et de jeunes cadres du ministère des Affaires étrangères ont également eu lieu afin de permettre aux élèves d'appréhender les enjeux du monde maritime et des zones de leur déploiement.
On notera enfin que cette mission ne passera pas par Brest cette année, le Dixmude (qui a réalisé sa première mission Jeanne d'Arc en 2012, année de sa mise en service) et l’Aconit ne passant pas par l’Atlantique et revenant directement à Toulon, où ils sont basés, au mois de juillet.
Source : Mer et Marine