EQUIPEMENT : il faut tenter de maîtrise le stockage des munitions

Posté le mardi 21 mars 2023
EQUIPEMENT : il faut tenter de maîtrise le stockage des munitions

 Des capteurs de nouvelle génération pour améliorer le stockage des munitions françaises


Acquérir davantage de munitions, c’est bien. Maîtriser les conditions de stockage de ces matériels non réutilisables et périssables, c’est mieux. Un enjeu de surveillance sur lequel va travailler un duo d’entreprises chargé de concevoir des capteurs de nouvelle génération au profit du Service interarmées des munitions (SIMu).

Derrière ces futurs capteurs, la technologie « LoRa ». Loin d’être neuve, celle-ci est née il y a une douzaine d’années au sein de l’entreprise grenobloise Cycleo, rachetée en 2012 par le groupe californien Semtech. LoRa, pour « Long Range », repose sur une modulation des ondes radios longue portée et bas débit idéale pour accompagner la montée en puissance de l’internet des objets.

Succès à la clef, cette brique de communication sans fil est aujourd’hui intégrée sur plus de 200 millions d’objets. Et, bientôt peut-être, dans les arsenaux français via ce marché de 3 M€ décroché en novembre 2022 par E-Business Venture (EBV) et son cotraitant, MBDA. Sélectionnés face à quatre concurrents, ils étudieront et concevront des capteurs dotés de la technologie LoRa qu’il s’agira d’interfacer avec le système d’information du SIMu.

Inutile de présenter MBDA, fournisseur de la majorité des munitions complexes acquises par les armées françaises. Plus discret, EBV est néanmoins bien connu des services de soutien français. L’entreprise du Val-de-Marne a notamment livré cinq conteneurs connectés isolés et/ou climatisés au SIMu pour le stockage de munitions en opérations extérieures. La SIMMT, acteur central du soutien terrestre, a quant à elle fait appel à EBV pour automatiser et améliorer les processus de maintenance de 250 000 matériels terrestres.

Les effets recherchés par ce qui reste pour l’instant une étude sont multiples. Premièrement, superviser l’environnement des magasins de stockage en relevant la température, l’hygrométrie et, plus tard, d’autres paramètres. Décharger le personnel du contrôle et du suivi des capteurs, ensuite. Il s’agit enfin d’assurer une non régression des performances par rapport aux systèmes actuellement déployés et de maintenir la disponibilité des armements vis-à-vis des utilisateurs, les armées. 

À terme, l’enjeu sera de remplacer les « data loggers » actuellement installés dans les dépôts du SIMu par des capteurs reliés à des antennes LoRa « sur les toits des igloos par exemple ». Celles-ci transmettront les données recueillies vers un ordinateur ou un serveur central à des fins d’exploitation et de suivi. En cas de succès, le marché envisage le déploiement potentiel du système sur 14 sites métropolitains.

L’opération, lancée en août 2021, n’est pas corrélée avec les enseignements du conflit russo-ukrainien. Elle n’en reste pas moins des plus pertinente à l’heure où la France annonce vouloir muscler ses stocks, notamment de munitions complexes donc coûteuses. Mieux surveiller l’environnement de stockage, c’est optimiser leur MCO et anticiper le vieillissement prématuré de certaines pièces, avec un meilleure disponibilité et d’éventuels gains financiers à la clef.

Nathan GAIN
Forces Opérations Blog (FOB)
20/03/2023

 🖱 Retour à la page actualité

Source : www.asafrance.fr