EQUIPEMENT : Le F-35A (américain) pourrait remplacer les chasseurs-bombardiers Tornado allemands ?

Posté le mardi 11 janvier 2022
EQUIPEMENT : Le F-35A (américain) pourrait remplacer les chasseurs-bombardiers Tornado allemands ?

Dans le cadre du « partage nucléaire » de l’Otan, et comme la Belgique, l’Italie, les Pays-Bas et la Turquie, l’Allemagne dispose d’une vingtaine de bombes nucléaires B-61 mise à sa disposition par les États-Unis. Et, à ce titre, il lui faut un chasseur-bombardier capable de les mettre en œuvre, le cas échéant.

Actuellement, cette mission « nucléaire » est assurée par des PANAVIA Tornado, dont la carrière opérationnelle arrive à son terme. Leur remplacement a donné matière à débat.

En effet, la Luftwaffe [force aérienne allemande] n’ayant pas caché sa préférence pour le F-35A de Lockheed-Martin, Airbus Defence & Space poussa alors la candidature de la dernière version de l’Eurofighter EF-2000, estimant qu’un achat de l’avion américain porterait un coup dur à l’industrie aéronautique européenne. En outre, côté français, on fit valoir qu’il serait susceptible de porter atteinte au Système de combat aérien du futur [SCAF], un programme franco-allemand rejoint depuis par l’Espagne.

Seulement, si une solution européenne avait effectivement la préférence du gouvernement emmené par la chancelière Angela Merkel, elle dut être écartée… étant donné que la certification de l’Eurofighter EF-2000 pour emporter la B-61 n’aurait pas été obtenue d’ici le retrait des Tornado. Un tel processus étant long et coûteux, les États-Unis firent en effet comprendre qu’ils privilégient les avions… de facture américaine.

Aussi, en 2020, Berlin annonça son intention de se procurer auprès de Boeing 30 F/A-18 Super Hornet [block III] et 15 E/A-18 Growler pour les missions de guerre électronique. Mais, depuis, aucune commande n’a été passée, faute d’accord au Bundestag, où des membres éminents du Parti social-démocrate [SPD] prirent position contre la présence de bombes nucléaires sur le territoire allemand. Aussi, fut-il décidé de renvoyer le dossier après les élections fédérales de septembre 2021, malgré « l’urgence », maintes fois soulignée, de remplacer au plus tôt les Tornado.

De leur côté, l’administration américaine retira le F/A-18 Super Hornet de la liste des avions devant être certifiés pour emporter la B-61. Et cela pour deux raisons : l’US Navy n’embarque plus d’armes nucléaires à bord de ses porte-avions et la commande allemande n'est pas encore signée.

Les élections allemandes ayant relégué les chrétiens-démocrates de la CDU [le parti de Mme Merkel, ndlr] dans l’opposition, une coalition « tricolore », associant le SPD, les Verts et les libéraux-démocrates du FDP, est désormais aux manettes. Et l’accord de gouvernement que ces trois formations ont signé indique clairement que l’Allemagne maintiendra sa participation au concept de dissuasion nucléaire de l’Otan. Ce qui, au départ, n’était pas forcément une évidence, au regard des déclarations passées de certains de leurs responsables. En conséquence, ce document a également souligné la nécessité de remplacer les Tornado par de nouveaux appareils, tout en se gardant d’en préciser le type…

Or, il apparaît que le F-35A est désormais de nouveau dans la course. C’est en effet ce qu’a suggéré l’agence de presse allemande DPA, dans une dépêche concernant le dernier entretien qu’a eu Christine Lambrecht, la ministre de la Défense, avec Olaf Scholz, le successeur de Mme Merkel.

L’ordre du jour de cet entretien était de « préciser si l’achat d’avions F-35, plus modernes, est susceptible d’être une alternative et si l’Eurofighter peut être envisagé pour reprendre les missions de guerre électronique des Tornado », a ainsi avancé DPA.

S’agissant de la seconde question, l’Eurofighter peut effectivement faire l’affaire, Airbus a dévoilé, en 2019, une version « ECR SEAD » de cet appareil, grâce à l’intégration d’une charge de guerre électronique pouvant brouiller les systèmes de détection ennemis et du missile air-sol SPEAR de MBDA. Quant au F-35A, se poser la question à son sujet est sans doute déjà une réponse en soi…

Auteur : Laurent LAGNEAU
Source : Opex 360
Date : 9 janvier 2022

 

Légende photo :  Les Émirats arabes unis exploitent une flotte d'avions de transport multirôle A330
Source :  Airbus Défense

 


Evaluation de l’ASAF :

Il n'y a pas de décision allemande en faveur du F-35 à ce stade mais le rappel que c'est une des options. Sachant que l'information intéressante n'est pas tant celle-là que celle des Verts allemands de consentir à la mission nucléaire dans l'Otan et d'accepter pour ça le remplacement des Tornado qui seront vite obsolètes.
Il y avait 3 options, le F-18 qui était la décision prise avant les élections mais ça ne fait pas sens d'investir pour intégrer la nouvelle arme sur cet avion de conception trop ancienne. Les Américains ont dit y être défavorables, d'où la réouverture de l'option F-35 fermée par AKK (ancienne ministre de la Défense d’Angela Merkel) en son temps. 
Reste donc en théorie les deux autres options: un avion européen modifié pour cette mission (donc l'Eurofighter mais questions sur un accord US et sur le coût) ou quelques F-35.

Ça n'est pas tranché et les discussions ne font que commencer.

Il va de soi qu'un achat de F-35 par les Allemands pourrait aussi faciliter la décision espagnole qui en a besoin pour remplacer ses AV-8B sur son porte-aéronefs. Cette décision rendrait plus difficile la coopération SCAF (système de combat aérien du futur – FCAS), qui n'a toujours pas démarré.


 

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Source : www.asafrance.fr