Espace et Univers

Posté le mercredi 17 juillet 2019
Espace et Univers

Notre président nous a annoncé la veille de notre fête nationale la création prochaine d’une armée de l’Air assortie d’un « commandement de l’Air et de l’Espace ».

Un espace encombré

Vu de son cockpit, l’affaire semble frappée au coin d’un bon sens « Nouveau Monde », qui se veut innovant, comme en témoigne, grâce à nos médias se disant volontiers incorruptibles, l’irruption du homard géant et démissionnaire dans les assiettes des palais de la République laïque, puritaine et écologique.
Il faut dire que l’espace qui nous surplombe de toute son immensité infinie commence à être saturé. Savez-vous combien d’objets de toutes sortes gravitent à en moyenne 15 km/s au-dessus de nos petites têtes insouciantes ? 6 800 satellites dont moins de la moitié sont actifs, 10 000 objets de plus de 10 cm, 300 000 objets dont la taille est comprise entre 1 et 10 cm, et 35 millions d’objets de moins de 1 cm (clous, boulons, tôles, éclats de verre, outils, ferraille…). Qui a balancé tout ça dans l’espace ? Nous, bien sûr ! 94 % sont des déchets. Une réussite totale ! Comprenons-nous bien. Nous sommes tous pour l’écologie terrestre, il y a urgence. Mais il serait temps aussi de promouvoir et développer l’écologie spatiale. Avant de créer une « armée de l’Air et de l’Espace », dont la justification stratégique n’est pas contestable, ne serait-il pas plus pertinent de commencer par créer une « Agence Internationale du Nettoyage de l’Air et de l’Espace » pour nous débarrasser de cette poubelle qui nous tourne autour ? Plutôt que de déposer une sorte de « Star Wars » sur le nombril national, réglons cette affaire-là ! 

Nos espaces menacés

Dans un entretien récent, un journaliste a posé à la ministre des Armées cette question : « Quelles sont les menaces ? » (S’agissant des menaces communes aux pays européens). La réponse a été en bois massif : « La prolifération nucléaire et la menace cyber ». Est-il certain que ces menaces, réelles évidemment, soient celles qui nous empêchent de dormir et nous tiennent en haleine à longueur de journée ?

En revanche, la déferlante migratoire, les manifestations de ressortissants français d’origine algérienne brandissant le drapeau algérien et brûlant le nôtre dans plusieurs grandes villes, pillant et saccageant, l’islam, qui envahit par la terreur des pans entiers du monde civilisé ou non, tue les chrétiens et détruit leurs édifices, impose la charia y compris dans des quartiers de France, des hors-la-loi investissant le Panthéon pour dire qu’ils sont là et voudraient une plus large part du gâteau qui leur est gratuitement offert, tout cela ne semble pas concerner les armées, encore moins la ministre. Pourtant, il faudra bien un jour convenir qu’il ne s’agit pas là uniquement de questions sociales qui se règlent à coups de milliards déversés dans le tonneau des Danaïdes de nos banlieues ou des rues infestées de Paris. C’est aussi une question de Défense et de civilisation. Ces gens, qui perturbent la vie ordinaire des citoyennes et des citoyens, attaquent sciemment nos valeurs, toutes nos valeurs, humanistes, chrétiennes et républicaines. Que la ministre n’y fasse pas référence est une faute. Il ne s’agit pas d’impliquer les militaires dans le maintien de l’ordre public. Avec Sentinelle, elles se sont déjà incrustées dans notre quotidien. Mais il faut aller au-delà. Il s’agit de dire, pour nous rassurer tous, que les Armées sont l’« ultima ratio » garantissant ces valeurs, et qu’elles sauront les défendre si nécessaire face aux dérives mortifères de l’islam politique. Le Français le plus borné est capable de comprendre cela sans y voir du racisme à la pâte gauchiste. Les exégèses infinies jalonnant chaque violence perpétrée par ces gredins qui font peur aux médias et à nos dirigeants, ça suffit !
Mais pour la ministre, l’urgence est de poursuivre le lancement de l’« Initiative Européenne d’Intervention » (IEI) préfigurant une armée européenne susceptible d’intervenir « à condition que les États soient informés et comprennent à l’avance nos intentions » (et réciproquement). Autrement dit, l’IEI est une machinerie dont l’action risque de commencer par des jacasseries de politicaillerie. Faut-il rappeler à madame la ministre qu’il vaut mieux un groupe de combat au bon moment au bon endroit qu’une compagnie un quart d’heure trop tard ? Seuls, les États souverains, puissants et libres sont capables de telles réactions. Arrêtez de nous raconter des fariboles et sortez du déni avec des « ça progresse, c’est en cours, ça va venir, etc » !

Le soldat et le créateur

J’ai entendu un pédant gonflé de suffisance nous raconter, pendant ce magnifique défilé du 14 juillet, que « les légionnaires ne croyaient pas en Dieu ». Ce devant-de-la-scène au commentaire fielleux devrait relire ses fiches. D’abord, la Légion a été créée en 1831 et non en 1841. Ensuite, quelques paroles de nos chants de tradition parlent de Dieu, et lui apportent un clair démenti. 

« Mais ça n’est pas admis chez nous,

Un copain dit au bord du trou,

Quèque bouts d’prière,

Deux morceaux d’bois, une croix, un nom, 

Qu’importe si c’nom là, c’est pas l’bon, 

C’t’un légionnaire. » 

Ou encore 

« Et s’il ne pleure personne, que le Dieu nous pardonne »…
Sans oublier :
« Sur sa tombe, une simple croix s’élève… »
J’en passe, d’autant que « le diable marche avec nous »

Le soldat, et pas seulement le légionnaire, ne croit pas aux bondieuseries. Sa foi est ailleurs, dans les replis secrets de son être, tourné tout entier vers ce qu’il estime droit, juste et beau. Pour lui, rien n’est plus indigne que de ne croire en rien, et rien ne lui est plus étranger que de confier ce qu’il a de plus intime aux frivolités des vents qui passent. C’est dans son humble conscience, mise quotidiennement à l’épreuve des réalités qui l’assaillent et l’éprouvent, que se cachent ses convictions intenses, silencieuses et implorantes.
Il chante « Mais le diable marche avec nous » aussi bien que « Mon Dieu, mon Dieu, donne-moi…. » Telle est la complexe et originale mystique du soldat.

La réflexion de cet insignifiant bateleur d’estrade est d’autant plus navrante et inadmissible qu’elle a été entendue par des millions de téléspectateurs sans avoir été démentie, ou au moins nuancée. S’il vient à lire cet article, qu’il sache qu’il se trompe en prêtant aux soldats des préjugés agnostiques. Il faut être un goujat de gros calibre pour gloser en public sur la mystique des soldats que manifestement il ne connait pas.

Nous avons tous connu des aumôniers qui nous accompagnaient dans nos sorties, manœuvres ou opérations. Ils étaient magnifiques, et nous les aimions, les écoutions, sans forcément les croire. Tous savaient cela, et leur sourire était leur façon de nous montrer qu’ils n’étaient pas dupes.
Le soldat, comme chaque être humain, quand vient son tour, quitte son enveloppe charnelle.

« Tu mangeras le pain à la sueur de ton visage, jusqu'à ce que tu retournes en la terre, car tu en as été pris, parce que tu es poussière et tu retourneras aussi en poussière. » Genèse 3-19. 
Quand la belle mécanique s’arrête pour X raisons, et que sans vie elle retourne d’où elle est venue par le feu ou autrement, l’âme inquiète et désemparée s’en échappe avant d’être embringuée dans cette sinistre et sépulcrale spirale de l’anéantissement du corps, et part pour un voyage, dans les immensités de l’espace, vers un lieu inconnu où l’attend le juge suprême, créateur de l’Univers et Dépendances. En somme, vers cette divinité redoutée et pleine de mystères. 

C’est à cela que toujours, dans sa parfois confuse et anxieuse spiritualité, consciemment ou non, le soldat, dans ses songes, s’en remet.  


Jean-Jacques NOIROT
Colonel (er)

Membre de l’ASAF

Diffusé sur le site de l'ASAF :  www.asafrance.fr

Source : www.asafrance.fr